C’est un heureux hasard de calendrier qui fit décéder Jack London quelques décennies avant l’avènement d’Hitler. A la lecture de ce roman, nul doute qu’il aurait été un fervent défenseur du national socialisme. Ce livre regorge de petites phrases nauséabondes où la notion de suprématie raciale revient de façon extrêmement inconfortable.


L'auteur par la voix de Frona, l'héroïne du roman, évoque Spencer, le philosophe contemporain de London et partisan de ce qu'on appellera plus tard le "Darwinisme social". Il met en valeur la sélection naturelle et met en opposition les peuples dominants et dominés. On évoque le surhomme de Nietzsche, ou plutôt ce que l'auteur pense en avoir compris, et en découle une multitude de comportements et de sentences odieuses en lien avec l'esclavagisme et l'approbation qu'en donne London.


A ce stade de la lecture, deux excuses poindront en votre raisonnement courroucé. Soit London a sérieusement disjoncté sur ses vieux jours, soit l'idée que cette mentalité raisonnait malheureusement parfois encore dans l'esprit de nombreux auteurs à cette époque.


Malheureusement, aucun de ces prétextes ne correspondent à la situation de Jack London.
Une fille des neiges est paru en 1902 soit un an avant son premier vrai succès avec l'Appel de la Forêt (1903) et tout juste après la parution de ses premières nouvelles suite à son aventure dans le Kondike (1899/1900). Jack London lorsqu'il place ces ignominies dans la bouche de plusieurs de ses personnages principaux est donc dans la force de l'âge.
Cette date exclue donc aussi la deuxième excuse, celle de l'époque. Je rappelle ici que l'abolition de l'esclavage dans tous les Etats-Unis a été prononcé en 1865. On en est loin.


Avis aux amateur de London : passez votre chemin. Après cette lecture il est fort à parier que vous n’apprécierez plus de la même façon vous plonger dans les lignes de cet auteur. Pour ceux qui veulent affûter leur esprit critique et démolir leur conception d'un monde manichéen : allez-y sans tarder.

Margaux_Palvi
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le 7 févr. 2019

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Margaux Palvi

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