Une forme de vie par Mindfulista
Le nouveau Amélie Nothomb est bien différent des derniers par sa forme (justement) : pratiquement entièrement épistolier, il est l'étalage de la correspondance supposée de la romancière et un soldat américain basé en Irak. L'homme, un trentenaire obèse, lui fait part de son rapport à la nourriture et de sa souffrance terrible. On retrouve les ingrédients habituels de la formule Nothomb qui marche bien, les considérations sur le langage, le rapport à la nourriture qu'on ne cesse d'interroger, les questionnements aussi sur l'écriture et le fait d'être écrivain ; plus que dans tous les autres, on a l'impression qu'Amélie Nothomb l'écrivain s'adresse à son lecteur sans prendre la peine de se déguiser. Pour peu qu'on ait déjà eu l'occasion d'échanger avec elle, il en ressort une impression de malaise quand on repense à l'impression qu'on a pu lui donner. Il y a une légère tendance au règlement de compte, peut-être, ou peut-être est-ce la lectrice qui écrit qui est paranoïaque. C'est un livre étrange et différent des précédents, encore plus que chaque nouveau livre ne l'est des différents, s'entend.
Il laisse par contre toujours un peu sur sa faim, les idées sont lancées sans être toujours très creusées mais elles existent. L'écriture est remplie d'humour et la perplexité de l'auteure face à ses lettres et le rôle qu'on lui attribue est bien palpable.