J'en ai lu des romans du maître Murakami, bien plus encore que ce que je m'aurai cru capable de lire en à peine deux ans. En passant par son chef-d’œuvre d'onirisme et de poésie qu'est Kafka Sur Le Rivage, ses bombes (comme je les nomme personnellement) fantastico-réalistes telles que La Ballade de l'Impossible ou Écoute le Chant du Vent, ses fables contemporaines que sont Au Sud de La Frontière à l'Ouest du Soleil et l'Incolore Tsukuru Tazaki ou enfin son pétard mouillé qu'est 1Q84, j'ai eu le temps de découvrir les plus grandes et précises facettes du plus grand auteur nippon de notre temps. C'est ainsi qu'il s'est inscrit légitimement à mes yeux comme l'un de mes auteurs préférés aux côtés des dieux Stephen King et Marcel Proust (oui, en effet, vous remarquerez mon éclectisme littéraire).


Et je dois dire que je fus une fois de plus exceptionnellement surpris.
Moi qui attendais énormément de l'ultra-vendu 1Q84 un génie indépassable de sa part, et j'avoue qu'il fallait casser la baraque face à mon amour indicible pour Kafka sur le Rivage, et qui fus très logiquement déçu face à cette oeuvre correspondant totalement au proverbe bien connu "La quantité ne fait pas la qualité", Le Meurtre du Commandeur - Une idée apparaît remplaça en tout point les attentes que j'avais pour 1Q84. Que vous soyez un fervent admirateur des œuvres antérieurs du maître Murakami ou non, cette oeuvre vous laissera sans voix au travers de son étrangeté frôlant l'inquiétant, son romantisme contemplatif aux accents Proustien (la place du souvenir étant bien plus importante que dans ses autres romans), et sa grandiloquence discrète. Car oui, comment peut-on crier, littéralement, la grandeur artistique lorsque l'on conte l'histoire d'un homme un peu bizarre, un peu à côté de ses pompes, au lendemain d'un divorce et décidant de s'exiler, seul, dans la vieille demeure d'un ancien grand peintre japonais ? La réponse est d'ores et déjà toute trouvée. La solitude.


Et je me dois de vous le dire, jamais la solitude n'avait tant de choses à dire.


Le principe même du roman repose sur cette idée, son concept même. Avant l'art de la peinture, l'art de la littérature, ou même l'art d'aimer, il y a l'art de la création. Si vous voulez réellement découvrir de quoi il fait, il vous suffit de vous engager dans ce récit fait de mystères, d'émotions, d'idées, aux côtés de personnages plus intriguant les uns que les autres. Et je vous promets que vous vivrez une expérience de lecture différente de toutes celles dans lesquelles vous vous êtes auparavant plongés.


Car c'est du vide que vienne les choses, c'est du rien que nait le tout, c'est de la solitude que naît l'ensemble, c'est de la toile vierge que nait la peinture.


Et Murakami nous époustoufle une fois de plus devant le réalisme de ses descriptions, leur précision (en venir à entendre le bruit d'une portière de Jaguar se fermer est assez gratifiant), et son talent pour suggérer au lecteur tout ce qu'il ne pourrait percevoir à l'extérieur des récits de cet auteur hors-du-commun. Le génie de Murakami réside en tout point en sa capacité à vous emporter dans un tourbillon d'émotions à l'orée du fantastique, sur la frontière même entre le réel et l'irréel.


A vrai dire, je crois bien que Murakami est l'un de mes écrivains favoris car lui seul me permet de ressentir les affres de l'amour passé et présent, le surnaturel dans le réel, le fantastique dans ce qu'il y a de plus commun... Lui seul sait faire vivre au travers de nous ses personnages et ses histoires si fascinantes d'onirisme. Car oui, évidemment, ce que vous apprendrez avant tout en vous aventurant dans les contrées tortueuses et poétiques du Meurtre du Commandeur, c'est que toutes les inventions artistiques nous entourent, font partis de nous autant que de notre quotidien... N'oubliez pas de temps en temps d'observer autour de vous, peut-être apercevrez vous l'ombre de l'une de ces inventions justement...


Une Idée Apparaît est une oeuvre à la fois profondément humaine, se questionnant sur la solitude, les relations humaines, l'amour, les procédés artistiques et créatifs, et avant tout sur comment être quequ'un de bien meilleur dans un monde qui semble totalement s'écrouler.


Je vous laisse à présent vous procurez ce roman d'envergure qui ne vous laissera sans aucun doute pas indifférent, et quant à moi je me presse de lire Une Métaphore se déplace, deuxième tome de ce voyage qu'est Le Meurtre du Commandeur. Je vous en laisse une petite citation, en espérant qu'elle égaye votre journée !


"Quand on plonge au plus profond d'un être, et c'est valable pour n'importe qui, on trouve forcément une lumière qui brille."

Lafonthug
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le 31 oct. 2018

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