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On le sait, les oiseaux sont de plus en plus menacés, de leur disparition silencieuse causée par la réduction de leurs habitats et la raréfaction des insectes dont ils se nourrissent (documentée depuis plus de 60 ans avec le Printemps silencieux de Rachel Carson) aux événements spectaculaires qui voient des pluies d’oiseaux morts s’abattre suite à de brutales perturbations. Est-ce pour cette raison que les oiseaux semblent faire un retour dans nos vies et nos aspirations, qu’ils peuplent à nouveau notre imaginaire et la production littéraire et artistique ?


C’est le postulat de Marielle Macé, qui explore notre relation aux oiseaux, hier et aujourd’hui, en s’appuyant au fil de ce copieux essai sur plusieurs centaines de citations, notamment de poètes d’hier et d’aujourd’hui (Apollinaire, Michaux, Ted Hughes. Fabienne Raphoz, Pierre Vinclair, Valérie Rouzeau…), de spécialistes de l’éthologie ou de penseurs du lien homme-animal (les désormais incontournables Baptiste Morizot et Vinciane Despret).En résulte une forme peu structurée, qui procède plutôt par juxtapositions et par additions que par cascades logiques (à l’image de l’écriture parfois un peu accidentée de Marielle Macé, qui ajoute ici une parenthèse pour faire un bon mot, là une citation dans une citation, là un commentaire sur la version originale d’un texte traduit…).


Il y a pourtant bien de la suite dans les idées d’Une pluie d’oiseaux : il y est question, et intelligemment, de ce que les oiseaux produisent en nous - philosophiquement : ce que le vol, le chant, les parures des oiseaux produisent dans notre rapport à la beauté du monde, ce qu’ils peuvent modifier dans notre attention au vivant -, de la symbolique variée qu’on projette sur eux, et de ce que notre activité fait, malheureusement, aux oiseaux - parmi les nombreux développements à ce sujet, les détails édifiants sur l’exploitation du guano au XIXe en Amérique du Sud sont ceux qui m’ont le plus marqué. Mais je reconnais que si la richesse de la réflexion et ses sources très diverses m’ont séduit, la forme m’a souvent laissé sur ma faim, faute à mon sens d’un travail de resserrement nécessaire, jusqu’à la troisième et dernière partie, qui se fait enfin plus ordonnée, plus affûtée. Marielle Macé y parle de la langue des oiseaux (réelle ou fantasmée par les traditions populaires et la poésie), et de ce que notre propre langue pourrait faire pour inventer un parler-oiseau ou un parler aux oiseaux. On est là dans le dur de l’analyse linguistique et littéraire, le terrain de prédilection de Marielle Macé, et le propos est bien évidemment exigeant (vous étiez-vous déjà interrogé sur ce que les prépositions pouvaient tisser de notre lien au vivant ?) mais surtout passionnant, jetant de nouveaux éclairages sur toutes les citations engrangées au fil des pages. 

Cyril-spoile
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le 5 nov. 2022

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Cyril T

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