Valéry : crépuscule d'une idole
Valéry, "gymnasiarque de l'esprit" comme l'assassinait gentiment Julien Gracq. Ici Cioran, dans un de ses "exercices d'admiration" se montre d'une lucidité décapante et délicieusement cruelle envers celui qui "a érigé en théorie et proposé comme modèle son inaptitude à être poète naturellement."
On se laisse emporter par la critique que fait Cioran, de cette intelligence qui se mord la queue.
On regrettera cependant après une lecture plus distanciée les facilités de l'attaque : Valéry, un Mallarmé raté ? Valéry = Monsieur Teste ? poétique vs poésie ? formalisme creux ? etc. Ce sont des perles que l'on enfile depuis un moment et qui ne résiste guère à la lecture sérieuse de l'œuvre.
De façon plus intéressante on peut y lire un rapport de Cioran à un monstre sacré (on a tendance à l'oublier, mais il fut une des figures centrales du début du XXe siècle) et à celui qui apparaît comme l'archétype de l'esprit français tel qu'il se fantasme : cartésien, grammairien, délié et impertinent.
A lire donc.