Elles ont vu en moi l’homme, le papa qui ne sera jamais une maman
Antoine Leiris relate la nuit de barbarie et les événements qui ont suivis l’attentat du Bataclan où sa compagne était présente.
Je suis celui qui aime Hélène, et non celui qui l’a aimée
Parce que ces derniers temps quand il me faisait un sourire, c’est comme s’il pleurait
Il faudrait que de toute urgence, tout le monde se penche avec une gravité respectueuse sur ce témoignage littéraire d'une intensité émotionnelle rarement égalée. Le terme "poignant", que je manie avec une parcimonie des plus rigoureuses tant il recèle une puissance évocatrice considérable, s'avère ici d'une justesse implacable. Nul doute que la lecture de ces pages, d'une densité émotionnelle prégnante, provoquera un afflux lacrymal chez toute âme pourvue d'une sensibilité humaine élémentaire.
Le sommeil d’un bébé ne s’encombre pas des horreurs du monde
L'exiguïté de l'ouvrage, une cinquantaine de pages aisément parcourues en une unique après-midi contemplative, ne saurait en rien amoindrir la profondeur abyssale du propos. Dépourvu de toute afféterie stylistique superflue, ce récit se révèle dans sa nudité une expression brute et foncièrement sincère d'une expérience douloureuse. La missive filiale, d'une tendresse infinie et d'une charge émotionnelle considérable, irradie d'une lumière douce-amère.
« … Faut pas que toutes ces morts soient inutiles… » Parce qu’il y a des morts utiles ?
Ce chagrin, on l’imagine pur et détaché de toute contingence matérielle, la réalité d’un enterrement reprend très vite ses droits. Même pas le temps de prendre conscience de ce qui vous est arrivé que le défilé des « désolés » en costume noir a déjà commencé
Ma présente exégèse, je le reconnais humblement, demeure indigne de la grandeur intrinsèque de ce récit. L'absence totale de ressentiment ou d'acrimonie chez l'auteur, sentiments pourtant ô combien légitimes au regard de l'adversité subie, confine à une forme de noblesse d'âme et de grandeur spirituelle proprement admirables. L'auteur s'engage dans un combat existentiel armé des plus nobles armes, c’est-à-dire les mots, érigeant ce texte en une touchante et pérenne déclaration d'amour posthume.
D’instinct je me retourne. La cherche du regard. Elle n’est pas là pour me rassurer. Pas là pour me guider. Pas là pour me relayer
Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a faits à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur