Voyage au bout de la Nuit est un de ces petits chef d'oeuvres qui se dégustent lentement. Il m'aura fallu deux mois pour en venir à bout (tout un été) alors que mes lectures se finissent généralement en une semaine. Pourquoi tout ce temps?
Et bien tout d'abord parce que l'on peut en quelque sorte désigner cet ouvrage de "pavé" et que les caractères de ma vieille édition sont petits, très petits.
Ensuite, et c'est là le plus intéressant, parce que l'auteur est bien évidemment Céline.
Je ne vais certainement pas m'étendre sur le personnage (collabo de la Seconde Guerre mondiale) pour privilégier ce qui nous intéresse ici: son écriture. L'ouvrage est juste un délice, de par la tournure de ses phrases et le vocabulaire utilisé. Céline use avec talent de différents registres, les mélange, invente des expressions et impressionne par sa virtuosité. Capable de nous parler de la guerre, cette "boucherie héroïque", de l'amour (beau mais surtout cynique et hyprocrite), il présente surtout la vie au travers de son implacable cruauté.
Bardamu est un anti-héros réussi, personnage lâche et parfois détestable, Robinson son alter-ego et chaque personnage est, à sa manière, antipathique. En cela, Voyage au bout de la Nuit est dur à lire, violent, même parfois déprimant.
Je ne pense pas qu'il soit accessible à tous, mais je le conseille vivement aux passionnés qui, comme moi, ne pourront résister de relire certains passages à voix haute, rien que pour le plaisir des oreilles.