Laissons le Capitaine Haddock à la Bande-Dessinée

Avant même de tenter toute approche d'une note de ce livre unique en son genre, posons-nous la question: qu'est-ce qui fait un bon livre ?
La première réponse venant à l'esprit est qu'il soit agréable à lire - mais cela ne suffit pas. Un livre peut apprendre des choses, et s'il y parvient il peut même se passer d'être agréable; mais restons dans l'enceinte romanesque: ici, il s'agit d'un livre que l'on a bien trop médaillé de la pseudo-gloire qu'a été celle de "maîtriser la grammaire d'une nouvelle manière" comme diront certains; comprenez: "faire de la merde".

Certes tout le livre n'est pas à jeter.
Cependant il n'en reste pas moins insupportable à la lecture. INSUPPORTABLE.
Il est une qualité qui dans le champ des arts s'élève au-dessus des autres; c'est la subtilité. Un artiste subtil sait exprimer les choses les plus précises et raffinées à travers les expressions les plus fines et délicates, et quand bien même un chamboulement des codes sait parfois être extrêmement pertinent et intéressant; force est de constater qu'à travers sa dégueulasserie Céline se rapproche plus du porc que de l'artiste.
Oubliez toute subtilité donc, Louis-Ferdinand fait partie de ceux qui ouvrent du caviar à la tronçonneuse. Tout est textuellement exagéré: le vulgaire, la ponctuation majoritairement, d'autres figures aussi - si bien que le texte est tout bonnement imbuvable; un condensé de zouaveries de bas-étage qui feraient pâlir de honte le plus imbibé des Capitaines Haddock. Mais les paragraphes où s'enchaînent les points de suspension à rallonge ne sont pas le réel problème de ce livre.

Ce qui m'a vraiment fait détester ce livre, c'est son aspect déréalisé.
C'est en cela que mon avis et ma note sont purement personnels, je ne pense pas être le grand détenteur du savoir, aussi, je note tel que je perçois: ce que je perçois c'est plus que de l'ennui; de la frustration.
Son aspect déréalisé donc, car Bardamu passe de péripétie en péripétie sans jamais rien ressentir. Quel roman donc relate l'expérience d'un être humain sans en expliquer le ressenti ni même permettre au lecteur son interprétation ? Le ton figé, distant, atonal du livre le classe dans la lignée du Procès ou de la Peste. Certains aiment ce genre d'ouvrages, ce que je peux ne pas comprendre.
De mon côté, je me demandais pourquoi je continuais de subir cette lecture, page après page: un antihéros qui semble aussi sensible que la grande muraille de Chine; un auteur bachi-bouzouk, une lourdeur abominable, aucune envolée lyrique dans ce bourbier de lourdeur narrative...
Je m'y suis accroché car ce texte est un classique. Je me suis fait mon avis.

Devriez-vous vous faire le vôtre ?
Sûrement, mais je vous conseillerais de prioriser sur des livres réellement plus intéressants et plaisants. - Si vous en voulez un aperçu, relisez les tirades de ce cher capitaine...