Roadtrip avec Steinbeck

Comment ne pas fondre devant un tel projet ? Steinbeck entreprenant un voyage à travers les Etats-Unis à bord d'une caravane avec son chien, Charley. Pour un amateur de Steinbeck, c'est du pain béni.

Et effectivement, on retrouve Steinbeck tel qu'on se l'imaginerait volontiers : entreprenant mais inquiet, plein d'espoirs mais déçu, sensible mais ferme. On retrouve également son écrit élégant ainsi que sa verve et l'on ne peut être déçu.

On ne peut être déçu, certes, mais on peut, nous aussi, être critique. Car si l'ouvrage est magnifique, on aurait été en droit d'attendre autre chose par moment.

Par exemple, la relation de Steinbeck à Charley est peu exploitée, lors même que le titre pourrait laisser présager quelques réflexions saisissantes provenant de Steinbeck sur sa relation - ou celle de l'homme en général - à l'animal. Et c'est très exactement ce fond "Steinbeckien" qui finit par manquer. Beaucoup de descriptions de paysages mais peu d'aventures ; beaucoup de descriptions de préparatifs mais peu de réflexions intéressantes ; quelques dialogues savoureux, mais peu de compte-rendu sur l'état du pays dans les années soixante. Or, de l'aventure, des réflexions et des compte-rendu, c'est ce qu'on pouvait espérer lire d'une traversée des Etats-Unis par Steinbeck.

Pour le dire autrement, on pouvait espérer un tête à tête de huit mois avec Steinbeck. On finit avec un petit carnet de voyage. C'est toujours exaltant, mais on sent que l'on passe à côté de quelque chose d'énorme.

Reste heureusement, ces deux magnifiques passages anti-racistes qui magnifient le tout et auréolent plus encore un auteur qui ne semblait pas en avoir besoin.