Le périple de cette française de 56 ans qui part à pied en 1924 à travers les montagnes du Tibet, voyageant de nuit, déguisée en mendiante pour échapper à l'armée qui a interdit la région aux étrangers, accompagnée de son fils adoptif (un lama tibetain), pour rejoindre Lhassa, la cité interdite est ... passionnant.


Sa détermination, son courage, sa résistance physique, parfois son inconscience, sa soif de découverte, sa connaissance de la culture Tibetaine, en font un des personnages les plus marquants du début du 20e siècle.


Ne supportant pas l'idée que le Tibet soit fermé aux étrangers, elle décide de partir malgré l'interdiction et plusieurs tentatives vouées à l'échec... Elle fait face au froid avec une totale abnégation (elle dort souvent dehors avec une mince tente de coton), connait une technique ancestrale tibetaine pour réchauffer son corps (les moines qui la pratiquent peuvent rester une nuit nu dans la neige ou encore sécher un drap gelé sur leurs épaules...). Elle se nourrit chaque jour d'un maigre bol de soupe et d'un thé après avoir marché toute la nuit dans la montagne (pour ne pas être repérée). Lorsqu'elle a le choix entre emprunter un chemin balisé et passer par une vallée méconnue bloquée par la neige et infestée de voleurs, elle choisit la deuxième option (au nom de la science bien-sur, et au péril de sa vie).


Accompagnée de son fils, elle relate les demandes incessantes des pèlerins qu'ils croisent auprès du lama sensé connaître l'avenir et l'humeur des dieux. La réthorique du lama qui respecte les traditions mais moque parfois la superstition de ses contemporains est assez savoureuse. Il calme souvent les inquiétudes de ses protégés en leur prodiguant de simples conseils de bon sens prenant la forme de cérémonies mystérieuses à respecter à la lettre.


Le parcours d'Alexandra David-Néel laisse songeur sur les ressources mentales et physiques de l'être humain, d'autant plus que son goût pour l'aventure n'est qu'une facette de sa personnalité éclairée et assoiffée de connaissance. Ethnologue, géographe, elle connait parfaitement la culture tibetaine, en maîtrise la langue dans toute ses subtilités, en connait les textes fondateurs, les différences culturelles régionales etc.


Je recommande donc vivement ce bouquin, et si le récit est parfois trop répétitif c'est pour mieux se graver dans notre mémoire.

Jesuisdaccord
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le 21 août 2015

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