impressions contradictoires

Il m'est assez compliqué de donné mon avis sur ce roman qui n'est pas vraiment un roman. Compliqué parce que la lecture, sans être pénible, était loin d'être passionnante. A qui la faute ? Peut être à une traduction un peu lourde et indigeste ? Renforcée par le format du bouquin géant façon annabac. J'ai eu du mal à suivre parfois. Peut être que c'est l’œuvre originale et non la traduction qui m'a perdu la plupart du temps.

Pourtant le thème de la communauté utopique me passionne. Un tel roman, écrit après la seconde guerre mondiale puis revu dans les années 70, est très novateur sur de nombreux sujets : féminisme, la croissance qui oblige à produire toujours plus. Ces sujets sont très modernes puisque l'on s'aperçoit aujourd'hui que de nombreux gadgets et consommations ne nous permettent plus d'assurer l'avenir pour les générations futures.

C'est peut être pour ça que je n'ai pas trouvé cette lecture fantastique : tout ce qui y est dit, même si pertinent, surtout pour l'époque (incroyable !) a déjà été vu et lu. Mes précédentes lectures (romans, essais et journaux) ont, il me semble, gâché cette lecture. Je serais curieux de savoir ce qu'en pense quelqu'un d'autre.

Même le sujet des sciences est très moderne tant elles sont reléguées au point que l'esprit critique et la démarche scientifique ne sont que l'apanage de quelques uns. Mais encore une fois, je venais de lire beaucoup sur ces sujets. On a vite relégué la science à des savants qui veulent tout contrôler alors qu'il y a beaucoup à en tirer. Peut être que la vision de la science de ce roman renforce le côté savant fou plutôt qu'il montre tout ce qui est possible. Encore une fois, j'aimerais avoir des avis.

Les réflexions ne m'ont pas paru très pertinentes. Par exemple la réflexion sur le fait qu'une société sans maître avait quand même un maître qui était celui qui avait fondé la société sans maître. C'est une réflexion métaphysique un peu idiote à mon sens.

L'ingénierie comportementale, c'est à dire les études psychologiques sont un autre sujet très riche abordé par Skinner. On a très peu avancé sur ces sujets depuis l'écriture du livre. Peut être parce que cela prend du temps. Peut être parce que l'on n'a pas misé assez sur la recherche. Peut être parce qu'on a du mal (du moins en France) à sortir de la vision psychanalytique et désuète de la psychologie.

Malgré son avance sur temps de sujets (psychologie, féminisme, sobriété de consommation, organisation des espaces, du travail ...), je n'ai pas apprécié ce livre outre mesure car les réflexions sont plutôt mal amenées et pénibles à lire. Ce qui est dommage dans un livre où ce sont les réflexions qui priment sur la forme (roman).

Un très joli passage à la fin :

Le conducteur est bavard, il t'a pris parce qu'il s'ennuyait. Tu le trouves intéressant. Il est pittoresque. Tu commences à te demander s'il y aura jamais des gens autant pittoresques à Walden Deux. Tu as toujours apprécié les grandes villes pour la chance d'y rencontrer tant de gens différents.
C'est peut-être ce que tu désires au fond... les mendiants roublards, les alcooliques, les paumés qui échouent à la Mission, les musiciens ambulants, les prostituées trop fardées. tout un monde haut en couleur. Le peuple des « Marionnettes humaines » de Saroyan.
Est ce que dans notre monde utopique, tout sera ne nous manquera pas ?
Je pense pas, on aura des fissures et des failles qui auront plus de sens et qu'on aura vraiment envie de réparer !