Women
7.6
Women

livre de Charles Bukowski (1978)

Au début, on a le récit assez simple de la vie d'Henry "Hank" Chinaski, qui après avoir galéré toute sa vie dans des jobs pourris pour une misère, finit par percer dans la littérature. Il est désormais payer pour rester assis devant sa machine à écrire et écrire, justement, des nouvelles, des poèmes et autres romans, et avec sa célébrité nouvellement acquise il peut non seulement se permettre de se bourrer la gueule tous les jours, de se lever à midi et d'écrire tant qu'il veut, clope au bec et musique classique en fond sonore, mais aussi voguer de femmes en femmes en explorant chacune d'elle mentalement et physiquement.

C'est clairement inspiré de la vie de Bukowski. C'est, comme beaucoup de son oeuvre, cru, presque sale, et profondément prosaïque. La poésie qu'on trouve dans ses recueils ou ses nouvelles est moins présente, et on reste dans le compte rendu très terre-à-terre du quotidien de rock-star littéraire de Hank. Pendant longtemps, il n'y a que ça. C'est divertissant, amusant, et il y a vraiment quelques phrases qui font mouche ça et là, mais loin de la virtuosité qu'atteint habituellement l'auteur.
Et puis...

Et puis, au fil des aventures enchaînées sans réflexion, au fil des femmes qu'il rencontre, baise, parfois aime un peu, Hank évolue, se questionne, change presque. Il finit par comprendre, peut-être, ou tout du moins par essayer, et c'est grâce à cet indicible changement, à cette course à la femme apparemment sans but qui finit par s'affirmer comme un voyage initiatique, que le roman prend forme et s'élève du rang de divertissement à celui d'oeuvre.

Bukowski signe donc une oeuvre qui saura charmer pour peu qu'on apprécie le genre de livre qui prend son temps et qui ne donne pas tout d'un coup, qui s'apprécie sur la longueur, sur la fin, sur le chemin indiciblement parcouru. Il séduira surtout ceux qui se reconnaîtront dans cet amour de femme et cette inéluctable tristesse quant à l'existence, à ce spleen qui persiste jusqu'ici. Moi ça me touche et me parle beaucoup, je ne sais pas si c'est le cas de tout le monde. Tant pis.

Et vous vous en doutez vu mon titre, ce livre a mon sens est clairement la source d'inspiration première de Californication, la série, qui reprend le personnage de Hank en plus jeune et plus glamour pour au final arriver à la même chose.
Stavroguiness
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le 11 avr. 2012

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