Prélude à l'extension qui m'a fait quitter World of Warcraft pour de bon, ce livre nous raconte ce qui se passe entre la victoire contre le roi-liche et le retour de Neltharion, aka Aile-de-mort.


Nous arrivons donc dans un Azeroth débarrassé, officiellement, du roi-liche. Les deux factions pansent leurs plaies du mieux qu'elles peuvent et assistent impuissantes à une suite d'événements climatiques aussi catastrophiques qu'inexplicables.
Thrall, bon chaman de son état, sent la douleur des éléments et décide de chercher une solution. Il nomme le brutal Garrosh pour le remplacer en tant que chef de guerre par intérim durant son absence, malgré la désapprobation de son vieil ami Cairne Sabot-de-Sang.
De l'autre côté de la Grande Mer, le roi aux multiples facettes Varian Wrynn envoie son mollasson de fils, Anduin, faire ses armes chez les nains espérant que cela réveille le guerrier qui est en lui.


Ces deux situations posées, les deux trames principales de ce roman peuvent démarrer.


D'une part, nous suivons le jeune Anduin Wrynn, plus vraiment enfant, pas encore adolescent, cherchant à se faire une place dans la vie et aux yeux de son père. Le développement du prince se construit dans la bonhomie des nains et la cruauté d'événements douloureux. Il y assume son aversion pour la violence et son avidité à trouver la paix.
De l'autre, la Horde souffre et peine à survivre. Les tentatives de paix avec les elfes sont constamment détruites et la faute est renvoyée sur un Garrosh buté et dont la haine envers l'Alliance n'est un secret pour personne. Le coupable parfait, peut-être trop. Un chaos fertile pour fomenter quelques méfaits, m'est avis.


La quête de ces deux protagonistes est similairement opposée, comme dans un miroir. Tous deux cherchent à trouver leur place dans un monde qu'il n'accepte pas pour l'un, ne comprend pas pour l'autre.


Garrosh veut rendre honneur à son père et à la Horde. Par sa renommée, sa force et son sens de l'honneur, il cherche à redorer le blason de sa faction et la porter vers les cimes de la gloire. Hélas, son désir le rend aveugle aux manigances politiques et le pauvre orc un peu naïf se fait mener par le bout du nez. Au point qu'il saute pieds joints dans un piège qui met en péril le destin des taurens. De plus, le Marteau-du-Crépuscule, secte fanatique de la fin du monde, se sert de son animosité pour l'Alliance pour ourdir son retour et lui faire porter le chapeau.


De son côté, Anduin vit dans l'ombre de son père. Loin d'être un guerrier habile et solide, le jeune prince préfère la quiétude du temple de la Lumière aux salles d'entraînement. Son altruisme et sa générosité s'exacerbent au fil des pages et l'on y découvre le futur roi, nullement guerrier et conquérant, mais juste et bon qu'il pourrait devenir. Le poids de cette royauté futur lui pèse et il réalise l'importance du type de roi qu'il souhaite être.


La structure du roman s'articule très bien en opposition. L'un veut marcher dans les traces honorables et guerrières de son père, tandis que l'autre veut se distinguer et montrer une voix alternative à celle prise par le sien. Dans ce cheminement, chacun doit faire l'effort de se remettre en question et d'apprendre de ses erreurs. Garrosh apprend qu'il est parfois judicieux d'écouter un conseil plutôt que de foncer tête baissée. Anduin voit la nécessité de savoir aussi se fier à lui-même, malgré ce que l'on attend de lui.


Je me concentre sur eux, car ils sont, selon moi, la clef du roman. On peut noter cependant un développement passionnant des personnages de Cairne et Baine Sabot-de-Sang, qui sont l'exemple de l'équilibre auxquels devraient tendre les deux autres protagonistes. Justes, honorables, intègres et généreux, mais capables de passer à l'action et de prendre de lourdes décisions.


Ce prélude est un équilibre bâti autour de ces héros de légende pour quiconque n'a ne serait-ce qu'effleuré l'univers de Warcraft. Il apporte des éclaircissements nécessaires et bienvenus à l'extension qui le suit, tant à propos de la mort de Cairne, la création du conseil des trois marteaux ou le départ de Thrall en tant que chef de guerre.


Extrêmement intéressant en ce qui concerne l'Histoire d'Azeroth, hélas, il pâlit d'une traduction correcte sans être folle et d'un nombre dérangeant de coquilles que l'on ne peut que remarquer. Rien ne peut être parfait, mais ces deux points sont, malgré tout, trop visibles pour être oubliés.


J'en retiens donc une très bonne histoire à la structure complexe et stimulante, même si de temps en temps tracée aux gros crayons. Passable sur sa forme, mais tellement intéressante, voire indispensable, sur son fond.



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Adribert
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le 27 nov. 2016

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