Issaka la machine

Sur le couplet d'Issaka :

Le couplet d'Issaka est monstrueux et on retrouve tous les éléments de la recette Lunatic :
L'illicite, le passé colonial, le travail qui ne paye pas et qui mène donc au "biz", le racisme "ses fafs", la bourgeoisie impure "paradis fiscaux" à laquelle on oppose un illégalisme révolutionnaire "zone de non droits".
Issaka rajoute quelques éléments, une petite référence anticolonialiste à la palestine : "92 intifada", et une critique de la prison qu'on peut lier à la lettre "on ne change pas un homme en cellule".

On remarque que les textes de Lunatic accorde une place à la religion, Ali surtout mais aussi Booba. Le rapport à celle-ci est compliquée, à la fois les artistes paraissent croyants, surtout Ali, mais à la fois la vie est malsaine, il y a des tonnes de vices et de péchés.
Cela mène à des paradoxes et des dilemmes qui construisent des phrases de raps fortes comme dans Pas l'temps pour les regrets : "suicide à la hiya trop fwaya pour allez prier, j'ai peur de crier quand j'vais griller".

La phrase finale d'Issaka par rapport à la religion parait répondre à cela, Issaka rappe : "On fera tout ce qu'il y a à faire et devant Dieu faudra s'expliquer"
Il reconnait comme Booba que sa vie de péché parait en désaccord avec sa foie mais il rappelle qu'il ne fait pas ça par plaisir, il fait "ce qu'il y a a faire", c'est une sorte de devoir.
On comprend cela, il ne peut pas se contenter de travailler, ça rapporte rien, le système néocolonial ne l'évalue pas à sa juste valeur, pour s'en sorti il est obligé d'user d'autres moyens : l'illicite.
Cella rappelle le hiatus exprimé par Booba dans la lettre : "je veux devenir ce que j'aurais du être" > l'injustice fait de lui un pécheur mais ce n'est pas ça qu'il devrait être, il se verrait peut être plus pieux ou croyant mais avec Issaka face à la pauvreté, aux porcs et aux fafs, il a le brolic dans le vide ordure, fait du biz et oublie avec la hiya. En ce sens, il n'est pas complétement en tort moralement mais il devra s'expliquer. S'expliquer parait être le compromis entre la vie de péché et la foie.