Again
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Rares sont les chansons qui peuvent illustrer une émotion de manière aussi précise à mon avis. Possible que ce ne soit pas le cas pour chaque auditeur, toutefois, personne selon moi, ne peut nier qu'une ambiance de la sorte ne provoque pas un pincement au cœur. On se retrouve alors avec une piste qui met en lumière la perte et du sentiment d'éternité qui demeurera indéfiniment concernant cette tristesse. Autrement dit, ça risque de faire mal longtemps et il n'y aura pas grand chose pour changer cela...


Automatiquement, j'ai une pensée pour mon père. Sa moitié étant partie depuis un certain temps, lors de nos discussions quotidiennes, je peux lire entre les lignes qu'il ne fera jamais complètement son deuil d'un amour qui a été, fort probablement, le plus constant dans le temps. Certes, ses enfants font partis de l'équation,par contre, les enfants viennent et repartent dans une vie de parents. Sa femme, elle, aura toujours été dans le paysage et aura aussi été la petite lumière qui éclairait sa vie. J'admire d'autant plus sa force de continuer malgré un sentiment de vide.


Cependant... Il y a moi. Lorsque elle est partie sans prévenir, j'ai réellement du essayer de ne pas sombrer. Pour ce faire, je me rappelle avoir du jouer la comédie afin de ne pas montrer une trop grande faiblesse autour de moi. Mes enfants ne comprenant pas très bien ce qui se passait, ma copine qui me soutenait mais pour qui je voulais ( c'était con mais bon...) être un vrai dur et mon père, bien entendu, que je voulais remonter pour éviter de devenir orphelin trop rapidement. Résultat des courses? Un deuil incomplet. Je suis devenu plus agressif, plus anxieux, les yeux plus brumeux, je ne comprenais pas tellement bien ce que je devais faire d'une perte aussi grande ( une mère quand même...). Je me suis drogué a maintes reprises pour éteindre la douleur en demeurant dans les vapeurs des herbes. J'ai bu pour noyer le caractère incongru de la situation. Toutefois, je n'ai jamais laissé aller les larmes une bonne fois pour toute. Même que je me faisais chier moi même intérieurement afin de feindre ma tristesse. En refoulant, en m'éteignant, parfois en m'adressant au ciel pour envoyer chier celui qui avait décidé de prendre mon premier amour d'enfance un peu trop tôt dans mon existence. Logiquement, une dizaine d'années supplémentaires auraient été la norme. Bah, non, partie en une semaine sans même avoir le temps de dire au revoir.


La musique. Canal par lequel j'ai ouvert une valve. Si petite la fissure pouvait laisser passer la douleur tel un robinet et son filet d'eau, du moins, il existait une sortie de secours pour faire ventiler un coeur qui, j'avoue, ne savait pas du tout comment faire pour faire face à ce départ. A la longue, on en vient à se demander si on passera réellement au travers. Pas toujours douloureux a la même intensité, le vide,lui, s'accrochait a ma tête complètement paumé. Le masque, toujours le masque afin de poursuivre la route.


Des pièces comme celle-ci, un peu a la manière d'un Pink Floyd dépressif et au cœur brisé, replonge l'auditeur dans ce vide, oublié, ressenti il y a des années. Une triste mais belle nostalgie qui s'insère dans la tête et le cœur le temps d'une chanson. Effectivement, on se demande si ça passera un jour. Si on oubliera ce moment afin de grandir de l'épreuve. Si en tout et partout, il s'agit d'un passage obligé,du moins, aussi tôt dans la vie d'un fils.


La réponse est d'ailleurs plus complexe qu'un oui ou un non. Y a de la rancune, de l'incompréhension, un vide partiel, mais, finalement, une acceptation. Non, une résignation accompagnée de résilience plutôt. Pas le choix de continuer même si ça fait encore mal occasionnellement. Pas autant. Mais sporadiquement, un soubresaut qui laisse échapper une larme sincère. Sincère parce que cette fois, je lui laisse la place, sans masque, surtout parce qu'avec le temps, j'ai appris a me foutre de ce que l'autre pense.


En effet, on passe au travers. La logique des années fait du sens. Tôt ou tard, on perd ses parents. C'est dans l'ordre des choses. Par contre, s'il fallait réécouter ce morceau lors de la perte de son enfant...


Pas un enfant. Je ne crois pas qu'on puisse survivre. Biologiquement, oui, possible. Humainement, jamais. On devient probablement un mort vivant errant pour comprendre, tombant, pour le rejoindre. Et je ne pense pas que l'on s'adressera a Dieu a ce moment. Rendu a ce niveau, même le diable ne pourra plus nous faire peur.


Car il aurait trouvé son remplaçant...

Jean-francoisBohémie
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Créée

le 7 avr. 2024

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Johnny B

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