Bistouflex
4.4
Bistouflex

Morceau de Seth Gueko (2009)

C'est une très belle apologie de l'onanisme que nous présente là Seth Gueko, jeune artiste plein de talent.
"Bistouflex", ce terme laisse songeur. Ce mot nous semble si familier à prime abord. "Bistou" comme "bistouri" et "flex" comme "flexible". C'est nous rappeler que le phallus est un instrument à nettoyer avant et après usage et que son utilisation correcte nécessite une précision chirurgicale. "Flex" renvoie aux propriétés du phallus dont la taille varie selon l'humeur, et qui donc présente une certaine élasticité. Mais remarquons aussi qu'au milieu de ce néologisme brillant, ce cache "touf" qui nous renvoie à la "touffe" et qui nous évoque les poils pubiens dont le port se voit beaucoup plus fréquent dans la réalité que lors de représentations pornographiques, et dont le contact est inévitable lorsque l'on aborde l'onanisme. Seth Gueko aborde déjà là, sans en dire de trop, une sensation dont on parle peu, un point de vue original sur la chose. On pourrait encore rajouter que ce "bis" renvoie directement à la deuxième syllabe du mot "pubis", c'est dire la richesse du mot auquel on ne finira jamais d'apporter des interprétations.
Quant aux paroles, elles sont pleines de sens et nous proposent une série de conseils plutôt intelligents destinés aux amateurs de la pratique. Car oui, Seth Gueko est conscient qu'un athlète de l'onanisme heureux est quelqu'un qui ne laisse pas de traces et qui ne se fait pas repérer. C'est ainsi que sont conseillés les lingettes, le gant de toilette et les toilettes pour se cacher. Content d'avoir trouvé l'inspiration, Seth Gueko invite l'auditeur à pratiquer cette saine activité afin d'y trouver aussi son compte. C'est une invitation au bonheur, une invitation à la création artistique. "Bistouflex" bénéficie d'un certain vitalisme qui dépasse le cadre de son écoute.
Seth Gueko est aussi touchant. Il nous présente une vraie tranche de vie, de ses premiers acharnements sous la douche, à ses séances de masturbation en cachette. Sa vie intime est dévoilée avec la plus grande transparence. On fait fi des masques sociaux et on avance en profondeur. Seth Gueko est en quête de vérité, d'un point de vue plus humain. La chanson prend les traits d'une confession, digne des Confessions de Rousseau (cette influence semble évidente). Mais en jonglant entre autobiographie et conseils fraternels, en appelant constamment à l'éveil des sens et à l'amour de la vie, on comprend aussi que l'ouvrage de référence pour notre artiste est davantage Les Nourritures terrestres de Gide.
Seth Gueko nous pose ensuite ses pensées, dévoilées avec la plus grande sincérité. Les femmes aussi se masturberaient apparemment. C'est écarter des préjugés et abandonner ce monopole du plaisir phallocrate. Oui Seth Gueko est féministe et nous dévoile ici un véritable hommage à la femme. Il ajoute aussi que se masturber serait un acte incluant le massacre de millions de spermatozoïdes. Partant de là, il propose ainsi une vision critique de ce qui constituait au départ un Eldorado pour les sens. C'est une vraie leçon de vie, Seth Gueko se remet en question pour mieux continuer le débat.
Bref, un véritable chef-d'œuvre d'authenticité, un vrai régal ! A conseiller à tous et toutes
King-Jo
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le 28 mars 2012

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King-Jo

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