Du haut de mes 4 ou 5 ans, semble-t-il que je me la pètais assez intensément. Je me trouvais assez beau et mon attitude le laissait allègrement paraître. Ça n'a pas duré. Prise de poids, début d'anxiété généralisée donnant pour résultat des crises d'eczéma assez forte pour avoir parfois de la difficulté à marcher ( ouvert derrière les genoux). Malgré tout, je demeurais extrêmement critique face à mes amis, copains , camarades de classe. L'imbécilité m'a toujours pué au nez. Dans mon livre à moi, tu peux être très con mais si tu es gentil, a eu une enfance difficile, que ta bêtise est " innocente", ça ira pour moi. Ce sont les trous du cul notoires qui croient être brillants et ce, sans argument valable, qui plus est, qui ne le réalisent pas... Eux, je pourrais aisément leur foutre mon pied au cul et une pelle directement dans le front.


Toujours est il que plus tard, aux alentours de 28 ans, quelque chose s'est produit et m'a transformé. Universitaire assidu, en psychologie de surcroît, un déclic s'est produit. Les cons, à travers le temps, se reproduisaient à un rythme de lapin et ils y avait une chiée, une légion d'abrutis au pied carré. Plus je m'instruisais, plus le décalage entre eux et moi prenait une proportion démesurée. Un monde semblait nous séparer. Lentement mais sûrement, je devenais comme Zarathoustra ( Nietzsche) et m' éloignais de la plèbe. Un souper entre amis qui pouvait durer quelques heures dans la vingtaine devenait insupportable après environ 1 heure dans la trentaine. Je faisais l'effort pour ma compagne du moment mais tranquillement, cet effort me coûtait trop cher en énergie pour continuer à fréquenter les cloches qu'on me présentait. Petit à petit, je me renfermais et évitais l'interaction sociale. Dans mon esprit, on n'était pas de la même catégorie et visiblement, à voir le bonheur des autres ( les abrutis), je réalisais que j'étais seul dans ma tour d'ivoire. L'antisocial sera toujours considéré comme étant le problème puisqu'il ne veut pas s'adapter. On dit d'ailleurs que c'est la capacité d'adaptation qui constitue l'intelligence. Même si le groupe déblatère un ramassis de conneries impensables à digérer, à intégrer. Aussitôt un mouton noir, aussitôt un diagnostic. C'est la norme. Interlude...


Megadeth fait , par le truchement de Dave Mustaine, parti des atypiques juste en regardant sa réaction face au renvoi de Metallica. Sitôt renvoyé, il crée un groupe concurrent qui, sans l'égaler, lui ravira quelques fans qui voient Metallica devenir plus accessible. Il se glissera aussi dans le big four, quatuor select des grands bands thrash métal. Dans une entrevue, il ira même jusqu'à pousser la note en s'auto proclamant une légende. Toutefois, avec cette pièce, il semble avoir touché quelque chose d'inusité chez lui. L'humilité. Le simple titre suggère que le chanteur croyait tout savoir, ce qui, évidemment, replace l'égo dans une perspective beaucoup plus terre à terre. Il réalise qu'on ne peut pas tout contrôler, que la vie peut être une pute, qu'il n'a, en définitive, pas tout compris de la vie. D'ailleurs, ce sera avec ce titre qu'on remarquera un changement d'attitude et de texte. Auparavant porté sur la guerre, la corruption, la cybernétique bref, tout le système à saveur rebelle, on le verra prendre une tendance plus sensible ( trust, Time, Its hard letting you go...). Sans pour autant travestir son art, sa voix aura mûri, son discours prendra de la maturité, son groupe deviendra plus stable ( quoique...). En somme, la chanson marque un tournant chez Megadeth. Moins rapide, plus lourd mais surtout, plus vrai...


Retour. Honnêtement, lorsque quelqu'un fait quelque chose de très con, il pourrait m'arriver de ressentir une envie de pleurer. Pas de tristesse. D'incompréhension. Ma tête refuse de croire à l'absurdité gargantuesque visible de mon œil mais passant inaperçue pour les autres. Un peu comme quand vous signalez une faute à l'aide du klaxon et que l'autre clown semble ne pas comprendre l'énormité de son geste souvent dangereux, l'ampleur de sa bêtise. Cette incompréhension flirte souvent avec la colère et une retenue s'avère nécessaire pour éviter la rage au volant. Tout ça pour dire que l'insignifiance environnante m'a toujours inspiré le retrait du monde extérieur. On ne parle même plus de choix mais bien d'une obligation et ce, au plus vite. Sinon, je me sens comme un junkie en sevrage de sa drogue, fumeur sans nicotine dans le genre...


Puis, en quelques mois, à l'aube de la cinquantaine, un autre changement s'est opéré naturellement. Non, je ne suis pas devenu plus sociable. Non, je n'aime toujours pas les gens. Plutôt, j'ai rencontré le miroir. Je vois ma vie actuelle de manière neutre, objective, logique. Et force est d'admettre que je me suis planté. Pas face à cette intolérance vis-à-vis les raclures imbéciles. Face à moi-même. Je regarde le portrait et réalise que je me suis élevé mentalement au dessus des gens. Pas supérieur. Mais plus rapide pour réfléchir, plus de contenu dans mes réflexions , plus loin dans mes déductions. Tout ce bordel a cependant eu des répercussions. À force de ne pas avoir la capacité de m'intégrer , j'ai tout laissé tomber ( sauf les proches on s'entend). Ma tête à fait fi de toutes ressemblances avec les pairs et a opté pour une vie à la Zarathoustra. Petite grotte miteuse, seul, loin de tout, à proximité de mes chimères. Parfois, on se dit haut, plus élevé. Par contre, il faut assumer qu'il fait beaucoup plus froid en hauteur. Quand je regarde autour, les imbéciles sont toujours aussi heureux, les raclures libres et fier, les abrutis regroupés autour d'un verre à se la péter social.


Puis, il y a moi. Qui observe la scène de loin en me disant que j'aimerais bien goûter à l'imbécilité quelques temps afin de frôler un peu le bonheur. Le destin en a décidé autrement. Alors, je retourne dans ma grotte en me disant :


Je croyais tout savoir. J'étais dans l'erreur et je le pense humblement. Ce sont les cons qui ont raison finalement. Ils vivent une belle vie. Même s'ils peuvent s'entretuer, courent à leurs pertes et vont probablement éteindre la race. Au moins, lors de leurs séjours ici, ils auront été heureux...

Jean-francoisBohémie
8

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le 17 oct. 2025

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Johnny B

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