Le meilleur....
J'ai du respect pour Megadeth et Dave Mustaine. Tête dure, il décide de former un groupe après son éviction de Metallica et réussit à perdurer à travers le temps en s'incluant ,avec raison, dans le...
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le 14 mars 2016
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Ces derniers temps, ça tombe comme des mouches un peu partout. On entend parler des célébrités certes mais plusieurs rendent les armes aussi dans les familles dites " normales". Récemment, c'était mon oncle, juste avant lui Ozzy. Or, une génération commence à s'éteindre lentement et logiquement, ce n'est pas fini. J'observe l'échiquier du haut de ma presque cinquantaine et je réalise quelque chose d'assez effrayant pour mon petit cœur fragile probablement conçu à la manière d'un bonhomme allumette ( lire ici facilement meurtri...). Je n'aime pas du tout y penser mais, mon père fait parti de la cohorte qui va s'en aller. Je relativise, je me convainc, parfois je m'adresse en haut, je repousse l'idée de ce moment. Bien qu'on les pense éternels, nos proches finissent par y passer. Puis, je m'asseois sur le rebord du monde ( Cabrel) et j'anticipe avec tristesse ce jour qui viendra...
Comme ça ne se bouscule pas aux portes pour lire ce que j'écris, je peux me permettre aisément de décrire mon émotion à la manière québécoise vulgaire. Intérieurement, j'ai la grosse calisse de chienne ( traduction : cette pensée me hante énormément). Ça va faire mal en sacraman ( ce sera souffrant) . Ça va fesser en tabarnac ( le coup sera difficile à encaisser). On dit que l'humour est un des mécanismes de défense les plus efficaces. Je m'en suis servi pour cette introduction. Trêve de plaisanterie donc et entrons dans le vif du sujet...
On évoque parfois le terme âme sœur pour décrire une belle relation amoureuse. Je crois pertinemment que deux âmes peuvent être sœur sans qu'il y ait obligatoirement relation conjugale. Je perçois plutôt une connexion particulièrement forte, une compréhension sans mot, un monde mental similaire. C'est ce que représente mon père. Je l'ai découvert autour de vingt ans lorsque j'ai réussi à percer le mur qui nous séparait engendré par une masculinité relativement archaïque. De vieux préjugés suggéraient que l'homme doit fuir la sentimentalité face à un autre homme. Sinon, l'homosexualité planait au dessus de la relation. Comme je suis une tête de roche, je n'en ai jamais rien eu à foutre et j'ai vu notre relation grandir et devenir sensible. Malheureusement, on a perdu une personne chère en commun en la personne de ma mère donc sa femme. Partie de façon précoce, elle a abîmé nos cœurs de manière différente à chacun mais probablement aussi violemment. De mon côté, j'ai dû composer avec ma vie familiale et faire le deuil plutôt silencieusement. Lui, de son côté, à affronté la perte en solitaire. Je crois que je commence à peine à m'en remettre. Dans son cas, il ne se sera jamais totalement remit de ce départ. Lorsqu'on perd sa moitié, on perd probablement la moitié de soi-même...
Là où le bas blesse, c'est le temps. En perdant ma mère, il me restait heureusement mon père. Lorsque lui s'en ira, il n'y aura plus cette connexion particulière à laquelle je tiens. Effectivement, il y aura mes propres enfants qui, un jour, vivront mon départ et desquels je ne voudrais jamais me séparer. Le problème avec le fait que mon père quitte ce monde est multifactoriel. Pour l'instant, je ne suis pas orphelin. Je perds mon meilleur ami. Je ne retrouverai plus jamais cette connexion. Et surtout, tant qu'il demeure présent, je peux rester un enfant, celui qui est pratiquement mort à l'intérieur. Quand il partira, le peu de gamin qui subsistait disparaîtra avec lui.
Pause/pont. À la base, on interprète que cette piste fait état d'un homme et d'une femme. Je l'ai travesti à ma sauce afin de la diriger à mon gré vers le paternel. De toute façon, je fais bien ce qui me chante, après tout, personne ne lit ou presque. Voyez ( je vous emmerde)? Pourtant le message lancé peut se traduire universellement et peu importe avec qui tant qu'il y a perte. Je ressens de manière anticipatoire le manque qui fera rage lorsque le moment sera venu. Un fils emprunte, à travers des schémas répétés, une panoplie de comportements de ses parents. Il s'identifie à lui et reproduit les agissements consciemment ou inconsciemment. Par exemple, j'ai la même moue que lui, son aversion social à la limite de l'Asperger, sa sensibilité, beaucoup du même caractère anticonformiste logique. Or, une fois disparu, qu'adviendra t il de ces schémas? Vais-je toujours reproduire ces agissements de manière automatique comme pour honorer sa mémoire? Y aura t-il un changement drastique laissant la place à ma personnalité propre mais sans repère? C'est ici que le mot titre prend tout son sens. Peu importe ce que je ferai ou ce que ça changera, je deviendrai incomplet. Comme un casse-tête où il manque un morceau, comme un automne sans ses feuilles colorées, comme un enfant sans parent. Voilà pourquoi la chanson reflète bien la crainte anticipée de perdre un des morceaux principal de ma vie...
Tout ce cirque mental se fait silencieusement pour 2 raisons particulières. La première se reflète comme le principe de l'autruche. Si j'évite d'y penser, si j'évite de parler, ça ne se produira jamais. Cependant, la deuxième me ramène à l'ordre. La logique des choses. Dû à un âge relativement avancé, on ne pense plus en terme de décennies ( si possible oui). Je dois envisager le coup dans une perspective cartésienne et froide. Ça peut logiquement arriver à partir de zéro ( aujourd'hui) à je ne sais trop quand ( entre 5 et dix ans si on suit la génétique de son côté). Il est justement là le putain de problème. Si on se réfère au début de la critique, ça tombe comme des mouches présentement et depuis environ 6 mois. Le doute ( cet ennemi sournois qui gruge le mental) s'installe insidieusement et ne fera que croître à chaque jour qui passe. Traduction : cet état de suspicion me fera chier jusqu'à la fin et cette finalité ne peut être prévue avec précision. Bien que je n'y pense pas h24, il demeure que ça reste coincé dans ma tête et mon cœur sans que je ne puisse y changer quoi que ce soit. Et c'est de la merde...
La loi au niveau du travail prévoit 3 jours dont 2 payés pour le décès d'un proche. Ma tête prévoit un meurtre si j'y retourne après 3 jours et qu'un imbécile croise mon chemin. Il m'apparaît impossible de composer avec une si grande perte et , à la manière d'un robot, reprendre mes occupations qui n'auront vraisemblablement plus aucun sens à mes yeux. Je ne peux pas planifier à l'avance ma réaction. Possible que d'être occupé soulage un peu une telle douleur. Possible aussi que j'emmerde la planète entière à cet instant et que je veule aller vivre dans un bunker armé jusqu'aux dents.
L'anxiété a pour effet de prévoir un danger qui souvent n'existe pas ou n'a pas l'incidence anticipée. Ici, il n'est pas question d'anxiété. Il s'agit d'une prévision d'un événement certain, qui arrivera à plus ou moins long terme. Le danger n'est pas immédiat néanmoins, ma tête active aléatoirement un ersatz d'adrénaline ( force soudaine obtenue face à un danger, mise en place d'une réaction de fuite, combat...) qui me prévient de cet événement a venir. Comme si une voix disait sporadiquement que ça s'en vient, de me préparer. Ensuite, je reviens à la normale puis, par secousses, le message revient. Plus le temps passe, plus le malaise est grand. La seule chose possible à faire est d'en profiter et d'analyser la situation. Je communique avec lui et tente de remarquer des différences notables dans le discours. Lors de visite, je photographie mentalement la situation, j'essaie d'interpréter les changements. Jusqu'ici, rien d'alarmant. Ah, ça par contre...
Bref, j'éprouve présentement le retour du balancier de la vie. Nos parents se sont inquiétés de nos heures de retour et maintenant, moi, je m'en fais avec l'heure de son départ. Possible même que j'aie inconsciemment fait preuve de lâcheté en me négligeant moi-même afin de partir en même temps que lui. Je sais toutefois que je dois rester pour mes propres enfants. Je devrai être fort pour traverser l'épreuve . Quoiqu'il en soit, peu importe ce qui adviendra, je peux être certain d'une chose. Même si ma tête et mon corps continueront, mon cœur, lui, sera a jamais...
Incomplet.
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le 30 sept. 2025
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Mastodon ! Nom de groupe imposant et annonçant quelque chose de lourd me semblait-il. Et pourtant ça n'a rien de particulièrement agressif comme je m'y attendais. Au contraire, on se trouve dans un...
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Powerwolf est différent. Il n'est pas un heavy symphonique comme les autre. Il réussit à entrer. Dans la psyché. S'y faire une place et s'intégrer dans le voyage. Il devient le copain accompagnateur...
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