Les Sucettes
6.6
Les Sucettes

Morceau de France Gall (1992)

Qu'importe le double-sens, la chanson est très bonne.

En 1966, France Gall était au sommet. La jeune chanteuse de 18 ans enchaînait les succès à chaque 45 tours et sa relation avec Serge Gainsbourg était à son sommet, après le succès de l'Eurovision l'année précédente, France Gall voyage au Japon, en Allemagne et en Italie pour chanter et arrive à se hisser sans peine dans le top 100 de ces pays respectifs.
Bien qu'elle n'appréciait pas la moitié des chansons qu'on lui faisait chanter (ma future critique de "Ne sois pas si bête" et "Le temps de la rentrée" me permettra de me défouler un peu sur le sujet), le succès et l'amour de ses fans compensaient, du moins pour le moment.
Ecopant d'une gifle de son producteur pour avoir déclaré plus tôt dans l'année qu'elle ne se voyait pas continuer dans la chanson plus de 5 ans, et soupçonnant de plus en plus le fait d'être une marionnette au service des producteurs, les premières pierres de sa descente artistique étaient posées.


La deuxième pierre, la voici. Mon but dans cette critique n'est pas de vous refaire la chanson, nous ne sommes plus en 1966, tout le monde connaît le double-sens désormais. Mais ce qui m'intéresse, c'est que ce scandale a totalement éclipsé la performance vocale de la chanteuse et la mélodie géniale que Gainsbourg a trouvé, à mon plus grand regret, je me concentrerai donc sur ça.
France Gall a eu l'occasion de parler à plusieurs reprises de cette période controversée de sa carrière (bien que la préférée de ces fans les plus fervents) et à tenu, notamment sur les Sucettes des discours contradictoires.


Plus les années passaient, plus elle affirmait ne pas connaître le sens de la chanson et que c'était une trahison de Gainsbourg. La "trahison" a certes été établi, Gainsbourg officiellement s'inspira des vacances d'été de France Gall où elle allait chaque jour au drugstore pour acheter une sucette, mais le fait qu'elle ne sache pas est plus étonnant. En 1968, elle est interviewée par Philippe Constantin à ce propos et elle dira : "Je l'ai enregistrée très, très, très innocemment. Contrairement à ce qu'on a pu dire. Je suis partie au Japon pendant que le disque sortait à Paris. Les programmateurs de radio ont hurlés : ""elle est complètement folle, elle va se ridiculiser"". Moi je n'en savais rien. Et quand je suis revenue, je n'osais plus sortir de chez moi. Je n'osais plus faire de radio, plus de télé". Alors que dans une interview au Parisien en 2015, elle déclarait : "Je n'en comprenais pas le double-sens et je peux vous certifier qu'à l'époque personne ne comprenait le double-sens". Un peu contradictoire ou c'est juste moi ?


Si on peut mettre cela sur le compte des années qui passent et des souvenirs pas toujours claire, il est sûr que France Gall n'a jamais aimée cette période des années 60, que ça fasse partie de son présent ou de son futur. Et après les années dorées 64 et 65, le début d'année 66 s'annonçait de la même augure. Cette chanson comme France Gall le racontera plus tard a été une des raisons de la rupture avec Gainsbourg, même si là encore une fois ces déclarations sont discutables, France Gall déclarant des années plus tard que c'était la vague de Mai 68 rendant ringard les yéyés qui l'a achevée, le succès avec.


Néanmoins, j'aimerai qu'on retienne de cette chanson, au delà de tout ce que j'ai écrit, la très jolie mélodie de Serge Gainsbourg, dont on ne se lasse pas et qui est du pain bénie pour n'importe quelle chanson slow-tempo. La voix de France Gall, à part le deuxième couplet où la volonté de toujours lui faire monter haut dans les aigus n'a jamais été le meilleur choix artistique, est très mignonne et s'accorde parfaitement à la chanson (il y a eu quelques reprises et elle ne m'ont jamais satisfaites, donc c'est un crédit à accorder à la chanteuse). La chanson s'écoute encore aujourd'hui (une des rares chansons de France Gall avec "Laisse tomber les filles" dont c'est le cas, allez voir ma critique sur la chanson d'ailleurs !), et si on met de côté le fameux "double-sens" et son sois-disant scandale (c'est même pas le plus gros scandale de France Gall, j'y reviendrai dans une autre critique), la musique est très appréciable.

LinusVanPelt
8
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le 16 juin 2021

Critique lue 97 fois

LinusVanPelt

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