L’Orage
8.4
L’Orage

Morceau de Georges Brassens (1991)

Le beau temps me dégoute et m'fait grincer les dents

Georges BRASSENS : "L'Orage" (1991) :


"Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps,
Le beau temps me dégoûte et m'fait grincer les dents,
Le bel azur me met en rage,
Car le plus grand amour qui me fut donné sur terre,
Je le dois au mauvais temps, je le dois à Jupiter,
Il me tomba d'un ciel d'orage.


Par un soir de novembre, à cheval sur les toits,
Un vrai tonnerre de Brest, avec des cris de putois,
Allumait ses feux d'artifice,
Bondissant de sa couche en costume de nuit,
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis,
En réclamant mes bons offices :


"Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié,
Mon époux vient de partir faire son dur métier,
Pauvre malheureux mercenaire,
Contraint de coucher dehors quand il fait mauvais temps,
Pour la bonne raison qu'il est représentant,
D'une maison de paratonnerres".


En bénissant le nom de Benjamin Franklin,
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins,
Et puis l'amour a fait le reste,
Toi qui sèmes des paratonnerres à foison,
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison,
Erreur on ne peut plus funeste.


Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs,
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur,
Et recouvré tout son courage,
Rentra dans ses foyers faire sécher son mari,
En m'donnant rendez-vous les jours d'intempérie,
Rendez-vous au prochain orage.


A partir de ce jour je n'ai plus baissé les yeux,
J'ai consacré mon temps à contempler les cieux,
A regarder passer les nues,
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus,
A faire les yeux doux aux moindres cumulus,
Mais elle n'est pas revenue.


Son bonhomme de mari avait tant fait d'affaires,
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer,
Qu'il était devenu millionnaire,
Et l'avait emmenée vers des cieux toujours bleus,
Des pays imbécil's où jamais il ne pleut,
Où l'on ne sait rien du tonnerre.


Dieu fasse que ma complainte aille, tambour battant,
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps,
Auxquels on a tenu tête ensemble,
Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin,
Dans le mille de mon cœur a laissé le dessin,
D'une petite fleur qui lui ressemble."

lionelbonhouvrier
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes ChAnSoN FrAnçAiSe & PoéSiE et Chanson & humour

Créée

le 11 juin 2016

Critique lue 560 fois

3 j'aime

2 commentaires

Critique lue 560 fois

3
2

D'autres avis sur L’Orage

L’Orage
Kusinaga
9

Amours Pluvieux ...

Brassens n'a pas été avare en magnifique chanson. Celle-ci fait partie de ce qu'il a fait de plus beau. Un ballade entre les gouttes vers un amour aussi passionné qu'éphémère.

le 22 déc. 2011

Du même critique

Pensées
lionelbonhouvrier
10

En une langue limpide, un esprit tourmenté pousse Dieu et l'homme dans leurs retranchements

Lire BLAISE PASCAL, c'est goûter une pensée fulgurante, une pureté de langue, l'incandescence d'un style. La langue française, menée à des hauteurs incomparables, devient jouissive. "Quand on voit le...

le 10 nov. 2014

30 j'aime

3

Le Cantique des Cantiques
lionelbonhouvrier
9

Quand l'amour enchante le monde (IVe siècle av. J.-C. ?)

Sur ma couche, pendant la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime ; je l’ai cherché et je ne l’ai point trouvé. Levons-nous, me suis-je dit, parcourons la ville ; les rues et les places, cherchons...

le 9 nov. 2014

23 j'aime

7