Where Is My Mind?
6.5
Where Is My Mind?

Morceau de Yoav et Emily Browning (2011)

On croyait que Brian Molko avait offert la pire version de ce chef d'oeuvre pop-rock avec son interprétation geignarde mais on avait tort. On peut souligner l'effort que n'a pas fait Placebo, ni James Blunt d'ailleurs, ni personne (ou presque) en fait, mais qui a été fait ici : proposer une interprétation complètement différente. Au placard donc le petit riff entêtant de guitare sèche par Frank Black qui t'imprimait la chanson directement dans le crâne, une bonne idée pour justement se démarquer du monument original des Pixies. Malheureusement à la place on te sert la soupe, pas la soupe de ta grand-mère, non, on te sert la soupe lyophilisée de supermarché, allongé à la flotte et qui a le même goût que tous les autres sachets du rayon, peu importe leur couleur ou leur nom.

Cette version est un duo de frêles voix chuchotées sur une nappe musicale éthérée mais sans la moindre originalité. Les voix s'accordent bien entre elles et Emily Browning a un timbre intéressant mais tout sonne tellement surfait qu'on peine à déceler la moindre trace d'émotion réelle. Petit synthé qui va bien, deux trois notes de guitare sèche discrète, leger beat électro, brèves intervention de violons... tout les artifices sont de sortie pour être sûr que la bouillie touche la corde sensible du plus large public possible. On ratisse large et on surproduit à mort car c'est à la mode et que de toute façon il y a plus d'ingénieur son que de musiciens qui ont bossé sur cette version. "Where is my Mind ?" version 2011 ce sont donc 3 minutes putassières mais inoffensive quand soudain, les auteurs décident d'aller plus loin. De la mutilation on bascule dans le massacre avec viol post-mortem de la victime par tous les orifices.

Après une monté de synthé qui aurait été ringarde même en pleine variété des années 80 la chanson embraye sur une partie plus "Rock". Notez bien l'utilisation des guillemets, ils sont plus important encore que le mot au milieu. On sort donc la guitare électrique, la basse et la batterie pour une orchestration simplement honteuse. Les pires sonorités de la mélasse pré-mâchée labellisée NRJ se bousculent pour te détruire définitivement la cochlée. Pèle-mêle on pense à du sous-Avril Lavigne ou à du Superbus, du "rock" de marketing sans âme, sans riff, sans mélodie, sans idée, sans rien... juste 3 notes dansantes en boucle sur une ligne de basse puante et une batterie qui fait "poum tchack poum tchack" avec l'élégance d'une casserole. D'agaçant le morceau devient abominable.

Une version écoeurante, boursouflure surchargée de sons mais jamais de musique, où les pires clichés de la musique industrielle et désincarnée se succèdent avec l'aplomb d'un témoin de Jehovah frappant à ta porte en croyant te faire plaisir. "Where is my Mind ?" est massacré mais les principales victimes restent les oreilles, qui n'avaient pourtant fait de mal à personne, de l'auditoire. Une horreur, tout simplement.
Vnr-Herzog
1
Écrit par

Créée

le 10 avr. 2013

Critique lue 860 fois

37 j'aime

6 commentaires

Critique lue 860 fois

37
6

D'autres avis sur Where Is My Mind?

Where Is My Mind?
Bunzer
8

Where is your mind ?

Magnifique réinterprétation de cette chanson pourtant déjà bien exploitée, et sublimée par deux voix formidables, sincèrement. Le passage de la partie mélancolique à la moitié plus "rock" est...

le 10 janv. 2013

3 j'aime

Du même critique

Le Bon, la Brute et le Truand
Vnr-Herzog
10

Citizen Kane ? Mon Cul !

Pourquoi ce titre provocateur ? Tout simplement parce que le film de Welles arrive systématiquement en tête de n'importe quel classement des meilleurs films de l'histoire du Cinéma lorsqu'ils sont...

le 12 déc. 2010

503 j'aime

86

Cowboy Bebop
Vnr-Herzog
10

Doux, dur et dingue

Oubliez tout ce que vous savez sur la japanimation (surtout si vous vous appelez Éric Zemmour), oubliez tout ce que vous savez des dessins-animés en général car "Cowboy Bebop" est une série tout à...

le 9 janv. 2011

407 j'aime

37