18 Again
7.6
18 Again

Drama jTBC (2020)

Parents à 18 ans : le meilleur choix, c'est celui que l'on ne regrette pas

À l’aube de la quarantaine, Hong Dae Young, est en pleine tourmente : son mariage bat de l’aile, il perd son emploi. Parents de jumeaux (à 18 ans), ce couple a dû abandonner les études, vivote de petits boulots pour élever leur progéniture. Nourri de regrets, le mari souhaite retourner dans le passé afin de revivre sa jeunesse comme joueur de basket.
Un vœu exaucé : Son corps se métamorphose miraculeusement en son "moi" de ses 18 ans, tout en gardant sa mentalité de 37 ans. Il commence alors une nouvelle vie sous le nom de "Go Woo-Young" et étudie au lycée de ses jumeaux.
Fera-il des choix différents? Auront-ils un impact sur son futur? Quelles leçons en tirera-t-il?


Cette histoire de body swaping est basée sur le film américain 17 again


Ayant vu un drama similaire Familiar Wife (que j'ai trouvé un cran au-dessus, mention spéciale pour l'humour et le jeu/charisme de Ji-Sung), c’est la prestation de Lee Do-Hyn qui attisait ma curiosité. Pour ce triple personnage, il s'est vu décerné le prix du Meilleur Espoir Masculin au Baeksang Arts Awards 2021 (équivalent coréen des Oscars).
Une récompense méritée, où il endosse moult casquettes avec une aisance déconcertante: un père de famille, un adolescent, un joueur de basket.


Un rôle taillé sur mesure. Il dit à ce sujet :



Je passais beaucoup de temps à pratiquer le basket à l'école. J'étais un meneur de jeu. Si mon père n'avait pas été contre, je pense que j'aurais continué dans le sport.



Parent est un "métier impossible", selon Sigmund Freud. La construction de la parentalité, processus complexe, l’est d’autant plus quand le parent n’est encore qu’un adolescent. Une période charnière de notre vie, où l’éducation, les relations amicales et amoureuses forgent notre avenir.


C’est le point central de cette série, qui pose une réflexion profonde sur la parentalité juvénile et ces obstacles. Être un couple et de jeunes parents ne riment pas toujours avec bonheur. Pourtant, un être en devenir est là qui attend soins et attention.
Quand le parent est adolescent, la complexité est démultipliée, car il est lui-même aux prises avec de profonds remaniements identitaires et conflits psychiques. Elle va ainsi mobiliser l’entourage, faire exploser le cercle familial à travers des conflits générationnels, puis réinterroger la place de chacun.
Comment prendre en compte, à la fois, la dépendance affective et matérielle de ces jeunes, leur désir de liberté et d’émancipation et leur toute nouvelle responsabilité de parent?
Devenir parents à l'âge où l'on est soit même encore enfants ou tout le moins adolescent.


C’est autour de ces problématiques que l’histoire va nous sensibiliser. Un regard parallèle "grands-parents/parents/enfants" est présenté avec plus ou moins d'exactitude. Non dit et mauvaise interprétation sont au cœur de fâcheux malentendus.


L’apprentissage de cette précarité est passée au crible à travers une société codifiée où les traditions tiennent encore une place importante. Les apparences sont un facteur d’intégration ou d'exclusion sociale :



  • Les non diplômés sont stigmatisés et discriminés

  • Le divorce pâtit (toujours) d'une mauvaise l'image, c'est d'ailleurs la mère qui en subira les conséquences sur fond de misogynie (ex : difficulté de décrocher un emploi, regard méprisant de la société)


La monoparentalité et l'abandon sont abordés avec un personnage sensible et affectueux. Certes extrêmement "idéalisé", loin des standards du patriarcat coréen. Il nous envoie des paillettes dans les yeux tellement c’est le gendre idéal, si vous mettez la main dessus, faites moi signe (humour). J'ai bien aimé cette approche via une "star sportive" qui en découle (même si cela reste très édulcoré). Malgré sa “célébrité”, il garde les pieds sur terre. Les travers du star système sont d’ailleurs légèrement montrés du doigt. Wi Ja-Hoon, que je ne connaissais pas, affiche un naturel avec justesse et émotion.


(Nb: celles qui rêvent de rencontrer leur “oppa” ceci est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement fortuite (impossible).


On jongle entre deux mondes : adultes vs adolescents, leurs amours, amitiés et déconvenues. Du réchauffé, avec des situations très naïves, tirées par les cheveux.
La relation père/fils autour du basket est un fil conducteur intéressant. La remise en question du père


prend une tournure positive : une cohésion naissante avec son fils grâce à cette passion commune.


La corruption semble être “un sport national", elle est d'ailleurs évoquée


avec les pots de vins des parents au coach.


La première partie démarre sur un rythme tranquille, puis tombe dans un train train monotone. Le temps s'éternise, les situations s’enlisent dans la redite. L'accumulation de situations cocasses a eu raison de ma patience


(ex : le père aux abonnés absents se retrouve dans son jeune moi, mais personne de son entourage ne tilte sur sa disparition persistante et ce sosie)


Ajouté à cela, TOUS les K-clichés sont passés en revue :


-Triangle amoureux (je note une variante surprenante et rarissime)


un jeune a le béguin pour cette mère de famille plus âgée et divorcée


-Le coup du parapluie, quintessence du romantisme coréen fictif, ici on nous l'arrose à toutes les sauces. Le beau gosse qui dégaine son arme fatale tel un chevalier servant (je ne comprends pas d’où vient ce délire)


-Au milieu d'une conversation cruciale, une personne est cachée derrière : faites votre choix (porte, poteau, buisson, pot de fleur)


-Le cadeau incontournable offert au béguin, devinez :


une paire de chaussures


Liste non exhaustive à compléter


La naïveté de la mère est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Rien ne l'étonne, elle avale tout ce qu’on lui dit dans la plus grande crédulité. Cette petite interjection qu'elle minaude sans cesse, telle une adolescente, frise une exagération agaçante.


Un sujet profond, qui alterne longueur et répétition, saupoudré d'un romantisme exagéré, de passages prévisibles autour de bons sentiments. Le tout me laisse sur ma faim. Si vous êtes fleur bleue, ou en quête d'escapade mièvre, cette série remplie d’affection comblera vos attentes et saura vous réconforter. Un brin de douceur aseptisé dans ce monde de bruts.

Julhee
5
Écrit par

Créée

le 5 juil. 2021

Critique lue 890 fois

1 j'aime

Julhee

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