66-5
6.3
66-5

Série Canal+ (2023)

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Il est très difficile de ne pas repenser à Engrenages, l'ex navire amiral du Studio Canal en matière de série policièro-judiciaire (voire série tout court avant Le Bureau des Légendes) en regardant 66-5. La même "modernité" d'il y a 30 ans des banlieues (pour leur défense elles ne changent pas vraiment). Le même souci (d'une apparence) de réalisme quant aux procédures, mentalités des différents milieux évoqués, etc.

Et surtout un même personnage d'avocate à la fois rebelle et ambitieuse, reliée aux beaux quartiers mais intervenant dans des affaires crapuleuses (ici plutôt que d'être issue de la bourgeoisie elle commence la série comme avocate d'affaire avant de bifurquer vers le pénal et un retour à son milieu populaire d'origine), reliée à une histoire de viol (ici au lieu d'en être victime c'est son mari qui est accusé d'un viol sur une autre), et un passé difficile compliquant ses relations avec l'autorité (ici elle s'est retrouvée dans sa jeunesse forcée de moucharder sur son amant dealer, au lieu d'avoir eu un père abusif profitant de sa fonction). Si les autres rôles principaux en sont absents (ou se retrouvent seconds rôles dans une série bien moins chorale). Il y a une juge qui peut vaguement évoquer celui d'Engrenages dans son alternance d'exemplarité éthique (elle ira jusqu'à sacrifier sa relation amoureuse avec un policier pour le bien d'un dossier) et de distributions de coups de main inespérables à la gueule du client (enfin ici de l'avocate dont elle finira presque toujours par accepter les demandes même très informelles ou frisant le vice de procédure, prenant juste notre temps en la faisant insister un peu).

Enfin en gros l'impression que donne 66-5 c'est que l'idée de base devait être de ressembler autant que possible à ce qu'aurait pu être un spinoff d'Engrenages centré sur le personnage de maître Karlsson (celui joué par Audrey Fleurot).

Le problème c'est que ce qui faisait une grande partie de l'intérêt d'Engrenages était précisément d'être une série très chorale (et menant plusieurs intrigues en parallèles), là où celle ci se retrouve étroitement centrée sur une protagoniste. Et qui donne d'énormes impressions de déjà vu sans vraiment s'avérer aussi attachante que maître Jocelyne Karlsson (manquant peut être du petit coté cynique qui faisait son charme, pour s'avérer bien plus une claire gentille fille, frisant souvent une naïveté peu compatible avec le milieu où elle évolue).

S'ajoute à ça que faute d'autres personnages assez majeurs et d'intrigues secondaires* qui fassent plus que boucher le trou d'un épisode, le temps devient vite très long à suivre les moindres pas de l'avocate et ses progrès dans une affaire plutôt prévisible.

Dès son premier dialogue avec son client on se dit que cette petite frappe n'a pu qu'être manipulé, et dès qu'on voit l'ex-amant de l'avocate et l'alchimie qui se redéveloppe vite entre eux, qu'il ne finira pas non plus avec le mauvais rôle, et à partir de là et de quelques indices vite donnés sur le rôle de la police et sur qui doivent être les vrais méchants (carrément présentés dès la première scène de la série) il est facile de prévoir où l'intrigue va mener.

* (enfin il y en a vaguement une, l'accusation de viol du mari, mais elle passe complètement à la trappe quand l'héroïne abandonne complètement sa cause au bout de quelques épisodes, en réalisant qu'il a au minimum été infidèle, au profit du dossier de stups dont elle part s'occuper ; par ailleurs il est évident dans le contexte actuel que Canal ne va pas oser montrer un riche avocat s'étant tapé une stagiaire et accusé de viol s'avérant être innocent, ce qui rend cette intrigue encore plus prévisible que l'autre).

Le seul truc qui soit (relativement) soudain dans cette série c'est l'évolution initiale de l'héroïne qui saute en l'espace de 4 ou 5 scènes de "je crois absolument à l'innocence de mon mari et serai toujours à ses cotés", à "je pars du domicile conjugal et abandonne la carrière de fiscaliste que je partageais avec lui pour aller faire du pénal dans mon milieu d'origine". Mais c'est quasiment établi dès la fin du premier épisode (même si elle mettra un peu plus de temps à confirmer que c'est définitif), et il faut se taper le reste de lenteurs (dont en prime certaines tournant autour de cette décision déjà prise qu'elle devra expliquer à divers personnages).

A l'arrivée une série pas horrible à regarder (ça reste correctement réalisé, interprété, et arrive bien à jouer des contrastes entre l'ambiance cité et celles plus feutrée du monde judiciaire ou des beaux quartiers entre lesquelles navigue la protagoniste) mais décevante, surtout si on la compare à celle qui devait être sa source d'inspiration principale.

Antonio-Palumbof
5

Créée

le 26 oct. 2023

Critique lue 37 fois

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