Tony (Ricky Gervais) a perdu sa femme (Kerry Godliman), morte d’un cancer. Il en était amoureux, c’était sa meilleure amie, sa raison de vivre. Sans elle, il ne lui reste plus rien. Dès lors, pourquoi rester en vie ? Que faire de sa vie, quand la personne avec qui vous avez construit une relation forte, essentielle, sur qui vous reposez littéralement, disparait à jamais ? Pourquoi ne pas se suicider ?
Tony y pense, mais n’y parvient pas. Son chien l’en empêche. Il faut le nourrir et le promener. Il faut se nourrir soi-même aussi, continuer à travailler, à avancer, même si la personne aimée occupe tout notre temps libre. Une fois revenu à la maison, elle seule existe, à travers les images filmées via un téléphone portable sur lesquelles la narration repose (un peu de trop, d’ailleurs, en tournant en rond).
Tony va tenter de vivre. Avec ses collègues journalistes, dans son bureau d’un journal local, coincé à l'intérieur d'une petite ville anglaise, se contentant de scoops qui n'en sont pas, n'ayant rien de mieux à raconter. Avec son père (David Bradley), aussi, en maison de repos, qui ne parle quasiment plus et qui a Alzheimer. Avec une veuve (Penelope Wilton) rencontrée au cimetière, avec qui il se sent libre de parler. Tony va chercher une raison de se lever tous les jours matins.
Dans cette série, Ricky Gervais se révèle très émouvant, à travers ce personnage caustique, irritable, parfois méchant mais toujours avec un bon fond, qui ne croit plus en rien, remettant à leur place les cons qui l’entourent. La sensation feel-good de la série provient de la relation se tissant entre les nombreux seconds-rôles et l'absence de joie intérieure du personnage principal, leur façon de vivre ricochant avec la sienne. Gardant son cap scénaristique jusqu'au bout, jouant la carte de l'humour pince-sans rire, le show ne fait pas de compromis : les pensées sont noires, brutalement réalistes, sans espoir. Le salut ne viendra pas. Cupidon est passé et s’est brulé les ailes.
En attendant la mort, l’humain est au cœur de ces épisodes, où on cherche du sens à sa vie à travers la relation qu’on vit avec l’autre, les autres, en s’accrochant à tous ceux et toutes celles qui nous tendent la main, parce qu’il n’y a que cela qui compte au final.