Alias
6
Alias

Série ABC (2001)

Pour Sydney (critique de "Alias" saison par saison)

Saison 1 :
"Alias" est un improbable mélange entre du mauvais James Bond (une production Disney, c'est dire !) et un psychodrame particulièrement pervers. On passe donc d'une série de missions abracadabrantes et parfaitement inoffensives, avec maintes cascades plus grotesques que spectaculaires, à la chronique torturée de rapports familiaux aberrants, suite de trahisons "enchassées" en débit de toute crédibilité, mais avec une efficacité émotionnelle redoutable. "Alias" finit - à la longue - par nous emballer, au moment même où son univers paranoïaque se referme totalement sur Sydney Bristow, et que, à peine concernée par la prophétie apocalyptique de Rambaldi, celle-ci fait simplement son deuil de toute relation humaine !!


Saison 2 :
Comme toute bonne série TV récente, la deuxième saison de "Alias" propose grosso-modo le même cocktail que la première, mais en plus corsé : la dose de James Bonderie féminine - la grande faiblesse de la série - n'est plus qu'un soupçon de sucre dans un grand verre de tourments amers. Puisque tout le monde trahit tout le monde et poursuit inlassablement des objectifs personnels ou professionnels secrets et contradictoires, puisque rien n'est ce qu'il semble être (cette fois, on peut même être remplacé par son clone...), le monde de "Alias" est un univers de terreur et de chagrin sans fin, dans lequel on n'a pour se rassurer que les transformations spectaculaires de Sydney Bristow, toujours plus sexy, toujours différente mais pourtant toujours inchangée. La seule en fait... Pour le moment ?


Saison 3 :
On prend les mêmes et on recommence... Oui, mais, en se concentrant sur un seul fil narratif - le mystère Rambaldi - et en focalisant les conflits intérieurs (toujours la partie la plus intéressante de la série) sur les rapports entre Sydney Bristow et Vaughn, "Alias 3" gagne en cohérence et perd de la richesse émotionnelle. On se navrera donc surtout de ne plus avoir l'occasion de voir Jennifer Garner "vivre" à l'écran, la fascinante vitalité de l'actrice étant quand même la principale raison d'aimer cette série du reste plutôt infantilisante. Reste l'efficacité des "cliffhangers", qui régissent le rythme de la série, et se révèlent ici particulièrement éprouvants.


Saison 4 :
A bout de souffle, "Alias" entre avec sa quatrième saison dans le purgatoire des séries qui n'ont plus rien à dire, essayent de nouvelles formules (la première partie qui se concentre sur des missions indépendantes de l'équipe), avant de revenir multiplier les coups de théâtre absurdes sur le thème désormais ridiculisé des artefacts de Rambaldi. On échappe néanmoins au naufrage total grâce à un épisode quasi-Cronenbergien où l'on voit Sidney Bristow remplacer sa mère dans une scène de la vie conjugale avec son père (!), puis un rafraichissant épisode final qui a volontairement basculé dans l'horreur et la SF, et un dernier cliffhanger absurde mais d'une efficacité redoutable...


Saison 5 :
Il sera donc dit qu'une série épuisée ne peut pas se régénérer aussi facilement, et cette dernière - et globalement lamentable - saison de "Alias" laissera tous les fans de Sydney Bristow et ses imbroglios familiaux consternés : se pensant contraints à multiplier les personnages, les intrigues et les coups de théâtre pour maintenir l'attention d'un public évanescent, les scénaristes ont littéralement perdu le peu de contrôle qu'ils avaient encore de leur intrigue, comme de l'univers déjà peu crédible de la série. Il est cette fois impossible d'accorder le moindre crédit, voire même, et c'est plus ennuyeux, intérêt à cet enchainement de péripéties aussi grotesques que téléphonées : entre l'éternel retour de personnages que l'on croyait morts, la résurrection pitoyable du mystère Rambaldi, par ailleurs abandonné au fil du récit lors des deux derniers épisodes particulièrement faibles, et l'absence dramatique de conviction de la plupart des acteurs, visiblement au bout du rouleau, on a touché le fond. Dommage !

EricDebarnot
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2001

Créée

le 18 mai 2015

Critique lue 1.8K fois

3 j'aime

4 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

3
4

D'autres avis sur Alias

Alias
LaurèneBancale
2

Reluquage capillaire et indignation neuronale

Salut mon gars, tu me reconnais ? Je suis une série américaine avec une héroïne super badass qui se bat pour l'Axe du Bien. Comment on sait que l'Axe du Bien est vraiment Bien ? Bah c'est les...

le 10 déc. 2012

16 j'aime

7

Alias
Bouquinages
6

Le premier casse-tête de JJ Abrams

Alias, Alias, voilà une série très particulière... J'ai mis énormément de temps avant de me lancer, en parti à cause des clichés autour de cette série (diffusée sur M6, etc...). Une fois le pilote...

le 15 oct. 2010

10 j'aime

4

Alias
lessthantod
7

La série où les personnages ne meurent jamais vraiment !

C'est automatique dans l'univers Alias, personne ne meurt jamais vraiment ! Tous les personnages à un moment donné, voir même à plusieurs reprises, sont sacrifiés … avant de ressusciter un ou deux...

le 18 sept. 2021

7 j'aime

3

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

185 j'aime

25