Eh bien voilà. Après m'avoir laissé fantasmer cette série confidentielle (jamais sortie nulle part en DVD) plusieurs années durant, ma bonne vieille télé vient de me livrer, sous la contrainte, le treizième et dernier épisode d'Awake. Pour le meilleur comme pour le pire.
Car passé son pitch de génie (suite à un accident de la route, un policier tente de surmonter son deuil en faisant coexister dans son esprit deux réalités parallèles : dans l'une, sa femme a survécu. Dans l'autre, c'est son fils), la série se tourne vite vers un format plus classique "un épisode = une enquête" (ou plutôt deux : une dans chaque réalité, mais toujours partiellement liées), registre dans lequel elle ronronne avec paresse. Avec efficacité, certes, mais sans jamais trop s'extirper de son carcan anecdotique non plus (ce qui est assez difficile à pardonner, dans ce contexte).
Il faut attendre les quelques épisodes du Finale pour que la pression grimpe crescendo et que soudain, tout devienne possible, entraînant le spectateur dans une centrifugeuse de chaque instant qui tient en haleine jusqu'à l'ultime seconde. Un peu tard, mais mieux que jamais. Jusqu'à dérailler, façon cauchemar.
Le tout se conclue prématurément (d'autres saisons étaient prévues), mais de manière on ne peut plus satisfaisante (pour qui préfère le symbolique au rationnel, s'entend). A charge au spectateur d'en inventer le sens comme on interprète une nuit agitée.
Faut-il regretter qu'Awake ait été annulée dès la fin de saison 1, alors ?
Au contraire. Une fois n'est pas coutume, il faut s'en réjouir. Car si le postulat de départ est brillant, force est de constater que le scénariste n'en fait pas grand chose et préfère battre des pavés connus, plutôt que d'exploiter convenablement cette matière première "délicate".
Ce qu'il avait prévu pour la suite, dès lors, n'aurait pu que tirer lentement, mais sûrement, son œuvre vers le bas, étouffant ses quelques étincelles d'inspiration sous l'édredon 100% coton de la banalité.
Ouf.
Parce que vous savez, ce moment crucial, quand vous dormez, où vous sentez que le songe vous échappe et où vous cherchez à le retenir ?
Métaphoriquement, c'est là que la série s'achève.
Avec un titre pareil, pouvait-on rêver mieux ?