Parce qu'il faut bien rentabiliser l'abonnement à Netflix offert par mon prestataire Internet, j'ai profité de cette année pour me plonger dans les quelques séries animées de la firme américaine qui m'intéressaient. Après un Castlevania un peu court et une Agrretsuko pleine d'amertume, me voilà en train de regarder BoJack Horseman, qui a été pendant un temps LA série originale de Netflix.
BJH nous conte l'histoire du personnage éponyme, une star de sitcom des années 90 qui a depuis sombré dans un semi-anonymat et dans les excès en tous genres (la sainte trinité drogue-sexe-alcool). Toute une galerie de personnages gravitent autour de lui, de Diane sa biographe nihiliste à Princess Carolyn son agent et PQR en passant par Todd, un squatteur farfelu.
Au cours des 6 saisons que comportent le show, on suivra BoJack qui tente de se racheter une conduite et de faire amende honorable avec son passé (j'insiste sur le "tente"), ainsi que les autres personnages qui auront tous quelques arcs narratifs à résoudre.
C'est peut-être là que commence le problème de cette série. Si la galerie de personnages gravitant autour de BJH n'est pas très grande, celle-ci prend énormément de temps d'écran dans des ous-intrigues pas toujours intéressantes. Typiquement, Todd est un peu sympathique dans la saison 3 mais tape juste sur les nerfs le reste du temps, son seul gimmick étant qu'il a toujours des idées de business à la con. Idem pour Diane dont l'importance diminue un peu plus à chaque saison, si bien que dans la S6 il ne lui arrive strictement rien mais elle y a toujours le temps d'antenne de lorsqu'elle était la deuxième protagoniste de la série.
Heureusement, Princess Carolyn a de bons arcs (trouver un mari, faire un enfant...) et Mister Peanutbutter est un bon comic-relief qui apparaît suffisamment longtemps pour amuser mais qui sait s'effacer lorsque le scénario n'a plus besoin de lui.
Ainsi, lorsque les épisodes ne sont pas parasités par les sous-intrigues inutiles, BoJack est un personnage extrêmement intéressant à suivre. Ses traumas sont multiples et, même si plusieurs de ses actions sont impardonnables (le climax de la S2), on ne peut pas s'empêcher de s'attacher à lui et de prier pour qu'il ait enfin droit à la paix. Paix que son comportement auto-destructeur ne lui accordera jamais.
La série brille lors de ces moments où tout va mal pour BoJack, où un personnage secondaire ne lui accorde pas son pardon, où ses projets capotent, où ses amis se détournent de lui un à un... C'est touchant et toujours bien écrit, et le générique de fin résume bien cet état d'esprit mi-nostalgique, mi-déprimant.
Entre les moments mélodramatiques, la série propose aussi de l'humour. Et là c'est un peu mi-figue mi-raisin, j'ai déjà mentionné la lourdeur de Todd mais on peut aussi parler des gags "animaliers" qui semblent n'être là que pour gratter quelques secondes sur la longueur d'un épisode (femme-chat perchée dans un arbre, homme-chien qui poursuit un facteur...).
Globalement, si l'humour n'est pas mauvais (même si rien ne m'a fait rire aux éclats), il a tendance à n'exister que pour apposer le label "série humoristique" sur son descriptif Netflix. C'est dommage puisque c'est pour ses moments dramatiques que les gens la retiennent, peut-être aurait-il fallu supprimer purement et simplement ces passages à partir de la S2 ?
Du côté de l'animation, c'est pas très fou, on ne va pas se le cacher. On n'est pas dans une série d'action donc c'est pardonnable, mais tout de même. Les personnages sont très rigides, les visages ne sont pas franchement beaux, la perspective est parfois bizarre... La série aurait peut-être gagné à ne proposer que des personnages anthropomorphiques au lieu de faire du 50/50 animaux/humains, parce que ces derniers sont clairement très laids, voire à la limite de la Vallée Dérangeante pour certains (Margo Martindale).
Bref, finissons sur quelques épisodes que je vous conseille de regarder. Tout d'abord, l'épisode 11 de la saison 2 qui vous fera détester BoJack. Ensuite, l'épisode 10 de la saison 4, un tragique exemple de l'incapacité de BoJack à réussir quoi que ce soit dans sa vie personnelle, quand bien même il n'est pour une fois responsable de rien. Et puis l'épisode 6 de la saison 5 qui est un merveilleux exercice de style (un monologue de 20 minutes), sans doute mon préféré de toute la série.
Dommage que la saison finale soit assez plan-plan, elle met du temps à démarrer et, alors que tout est réuni pour que les erreurs de BoJack des 5 premières saisons lui reviennent dans la tronche en même temps, seule une sera vraiment exploitée. Frustrant. BJH reste une bonne série, mais quelque peu survendue à mon goût, tant mieux si elle s'arrête (j'aurais pas prolongé mon abonnement en cas de S7 en tout cas).