Quand Boardwalk Empire est arrivé sur les écrans il y a environ cinq ans, cela paraissait trop beau pour être vrai. Voyez donc : un ancien des Soprano aux commandes, Buscemi dans le rôle principal, la prohibition, le tout avec l’appui d’un Scorsese producteur. Le challenge était élevé et malgré des qualités esthétiques et une ambition narrative évidentes, la première saison était pénalisée par son côté un peu « show off ». La reconstitution d’Atlantic City, magnifique, avait des allures de parc d’attraction. Les personnages, correspondant finalement pile poil à ce qu’on avait en tête, ne possédait pas cette crédibilité attachante qu’a la famille Soprano dès le début du show par exemple.
Heureusement, passée cette exposition un peu bancale, la série prend son rythme de croisière et par la même occasion, son envol. Les personnages et leurs relations, forment véritablement le cœur de Boardwalk Empire et même si l’on ne quittera quasiment jamais le charismatique Enoch « Nucky » Thompson, il serait injuste de limiter l’intérêt de la série à sa seule destinée.
La première moitié de la série reste cependant relativement concentrée sur le noyau dur des personnages, avec le schéma classique d’un bad guy par saison. Le spectacle est de qualité, on s’attache énormément à ses truands, leurs faiblesses, à leur violence, à leur intelligence, à leur humanité. Les acteurs sont tous impeccables, comme toujours chez HBO. On sent la patte de la chaîne imprimée sur chaque plan. C’est propre, c’est beau, c’est bien joué, chaque dollar est à l’écran, aucun doute là-dessus.
Mais c’est par la suite que la série explose tout sur son passage. Lorsque la petite histoire rejoint progressivement la grande et que les complots, coups bas, amitiés et trahisons dépassent les frontières lumineuses d’Atlantic City. J’ai pas mal pensé au chef d’oeuvre American Tabloid de James Ellroy avec tous ces personnages secondaires géniaux qui gravitent autour d’une poignée de principaux. Leur façon d’évoluer au fil de l’histoire et les relations qu’ils vont nouer alors qu’ils n’étaient même pas supposés se rencontrer au départ. Et puis l’Amérique en blackground. Passionnant. Bons ou mauvais, ça finira souvent mal.
HBO a encore une fois frappé un grand coup là où, paradoxalement, on les attendait peut-être trop. En coupant concrètement leur série en deux à travers un évènement traumatisant, les scénaristes l’ont faite passer à la vitesse supérieure pour venir tutoyer les indéboulonnables Dieux du petit écran.
Pour peu qu’on aime les insultes avec l’accent italien, le rites mafieux, les complots, les alliances forcées et les coups de couteau dans le dos, Boardwalk Empire est un must-see qui donne encore un peu plus de poids à l’écrasante suprématie de la chaîne dans le milieu des séries TV.
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