Comment s’affranchir du ramdam médiatique ?

Quand une œuvre est un succès public et/ou critique, il devient quasiment impossible de ne pas être influencé par l’emballement des médias et du public. Soit on se fait avoir par tout ce battage en débordant d’un enthousiasme pas forcément justifié, soit on est légitimement excédé par le bouche à oreille disproportionné, et on en vient à rejeter en bloc l’œuvre en question, non pour ce qu’elle est mais pour la manière dont les gens en parlent, quitte à devenir un peu méprisant vis-à-vis de ceux qui font gonfler la bulle.

Et pour moi, Bref est l’exemple typique de ce double écueil, puisqu’au moment de sa diffusion, je suis passé par les deux états, finissant par ne plus voir que les défauts du programme court de Canal+.

D’abord, des blagues du quotidien à base de Tiramisu, de branlette et de mecs bourrés. Je sais pas vous, mais je ne trouve pas ça très drôle. Même quand c’est bien trouvé, on avait déjà vu ça 100 fois. Il faut dire que le stand up français regorge d’adeptes de ce genre d’humour du quotidien. Mais le plus agaçant dans Bref, c’est peut-être ce discours en filigrane, qui au premier abord ressemble à un éloge permanent de la médiocrité. Le héros est un raté doublé d’un connard dont le comportement lâche et stupide est rendu cool par le montage rapide et les blagues.

Bref, j’étais resté sur cette impression négative jusqu’à ce que je décide de donner une nouvelle chance à la mini-série, 2 ans après son apogée. Et force est de constater que tout n’est pas à jeter.

Dans cette peinture du quotidien médiocre d’un branleur, Bref réussit tout de même à bien saisir notre époque. Une époque sans rêve, remplie de paumés confrontés au vide de leur existence, paumés dans lesquels on peut se retrouver. Et en y réfléchissant, le fait de prendre un beauf de base, lâche et menteur n’est peut être pas anodin. Au début les actions du héros, aussi douteuses soient-elles sont rendues drôles et stylées, mais au final, la caméra condamne ses choix, puisqu’il perd tout et finit plus bas que terre, ce qui nous met face à nos actions et à notre propre médiocrité.

Certes, les défauts cités au début sont bien réels. Mais si on juge le programme lui-même, il y a du bon dans Bref, et on voit que les créateurs y ont mis un peu d’eux-mêmes. Et vu l’état actuel de la fiction française, on ne peut qu’encourager ce type d’initiatives.