Dix pour cent
7.4
Dix pour cent

Série France 2 (2015)

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Saison 1.
J’étais relativement confiant mais je n’imaginais pas que ça puisse me plaire tant. En l’état je trouve cette série parfaite dans son genre. Qui plus est lorsqu’on sait Klapisch un peu aux manettes. Dix pour cent brosse le portrait d’un monde d’agents de comédiens, ces assistants dans l’ombre qui font leur sale boulot, qui sont à la fois leur bras droit, leur psy, leur confident afin d’assouvir tous leurs désirs, réparer leurs ratés et les conduire jusqu’au rôle convoité en échange de… 10% de leurs cachets. La série n’aurait pu être qu’une succession de mini histoires s’appuyant sur la présence de la star en question, mais il y a une vraie continuité assez passionnante, ce qui la rend réussie sur deux tableaux : Le quotidien de l’agence de stars, dans laquelle la majorité de l’action s’y déroule et l’intimité de ses personnages centraux, les actionnaires de la boite. Surtout, elle parvient à relier les deux avec soin, sans trop tomber dans la caricature, sans trop charger la mule, sans trop surfer sur des sentiers battus. C’est le compromis parfait entre le poussif mais charmant Platane et la merveille de série policière qu’est Engrenages. D’une car elle traite tous ses sujets – Chacun des six épisodes sa star en gros, qui incarne son propre personnage, schéma similaire à Platane – sérieusement et amplement. Merci Fanny Herrero, l’écriture y est souvent magistrale, qui plus est en jonglant ainsi, comme le font nos quatre imprésarios épaulés de leurs assistants, entre art et business, vie privée et vie professionnelle. De deux parce qu’elle réussit à se révéler aussi drôle que touchante dans sa façon d’aborder chacune des interactions, notamment père/fille entre Camille et Mathias mais aussi collègue/pote entre Andréa et Gabriel. En cela je retrouve beaucoup de Engrenages : Cette petite famille que l’on ne veut pas quitter, ces collègues toujours sous tension, ces relations intimes incontrôlables, ces morceaux de vies personnelles pas vraiment reluisantes. C’est une peinture féroce et jubilatoire d’un monde sur la corde – l’agence est en situation de rachat après la mort subite de son fondateur, épisode 1 – tout en trompe l’œil et mensonges, qui affronte les stars capricieuses, les jalousies internes et les redressements judiciaires. Et la série, encore heureux, est accompagnée de très bons comédiens (et pas les supers stars que l’on connait) : Camille Cottin, absolument génialissime au point qu’elle m’a donné envie de découvrir sa période Connasse. Thibault de Montalembert, sosie vieux de Benjamin Biolay, que l’on n’avait pas vu depuis les premiers Desplechin, est parfait. Grégory Montel qui pourrait être vu comme un nouveau Gilou. Et il y a ceux qu’on est ravi de revoir comme Laure Calamy et Nicolas Maury. Bref, le récit choral est savamment travaillé, les dialogues sont souvent percutants et le monde du spectacle semble être saisi dans une vérité du milieu qui tient d’anecdotes puisées dans l’expérience de Dominique Besnéard et de situations improbables, aussi féroces que savoureuses. Très bonne surprise !


Saison 2.
Hormis un épisode en dessous, mettant en lumière Norman et Julien Doré, Dix pour cent aura bien choisi ses guests dans cette deuxième saison (On se souvient d’instants plus indigestes avec Julie Gayet & Joey Starr puis avec Francois Berléand, notamment) qui gagne forcément moins sur l’effet de surprise (On sait maintenant combien elle peut être géniale et superbement écrite) mais qui se révèle plus homogène. Il y aura Ramzy & Virgine Efira, Fabrice Luchini, Isabelle Adjani, Guy Marchand et même Juliette Binoche dans une sortie spécial Cannes savoureuse. J’aime beaucoup la nouvelle direction prise par la série avec le personnage casse-gueule d’Hicham, le milliardaire qui rachète l’agence. Ça aurait pu servir d’étoffe factice mais c’est très réussi, déjà parce que le personnage en lui-même est passionnant mais aussi parce que la relation qu’il noue avec les actionnaires est bien écrite, hyper ambiguë, en particulier avec Andrea. Mon gros bémol c’est tout ce qui tourne autour de l’hôtesse d’accueil, Sophia, qui se rêve actrice : Là franchement je trouve l’idée vraiment peu inspirée d’une part car le personnage est vide et ensuite parce qu’on ne croit pas à son idylle amoureuse avec Gabriel – Personnage un peu oublié qui avait pourtant illuminé la saison de lancement. A part ça la série est toujours aussi géniale, les six épisodes se regardent tout seul. Et je suis définitivement fan de nos deux assistants qui crèvent l’écran, Noémie aka Laure Calamy et Hervé aka Nicolas Maury. Evidemment. Et j’aime beaucoup ce que la série fait de cette famille décomposée/recomposée avec les personnages de Camille et Mathias. Vivement la suite.


Saison 3.


Contrairement à l’avis quasi général, aucune déception de mon côté, c’est une excellente saison, dans la continuité de la précédente. Je continue de penser que la belle idée de cette série est de faire croire qu’elle se contente de se concentrer sur ses stars, d’offrir un cadeau par épisode (Et quels cadeaux, cette fois : Jean Dujardin, Isabelle Hupert, Monica Bellucci. Excusez du peu) qu’elle va les égratigner, jouer de leur capacité d’autodérision – Ce qu’elle fait aussi malicieusement mais à une échelle plutôt minuscule pour la plupart d’entre elles, excepté pour Julien Doré qui fait office de fil rouge et en prend pour son grade, de façon très réjouissante – alors que son véritable cœur, ce sont ses agents, les actionnaires d’Ask et bien entendu ceux qui gravitent autour, plutôt dedans. On s’intéresse encore moins à leurs vies personnelles cette fois, sans doute car il y a beaucoup à observer dans leurs déchirements au sein de la boite : Matthias qui souhaite racheter les parts à Hicham ; Andrea et Gabriel qui pensent à se tirer et ouvrir une agence en parallèle ; Arlette qui n’est plus si loin de la retraite. Sans parler des relations toujours épineuses/électriques (et un peu schizophrène ici) entre Camille et Hervé, secrètes et troublées entre Noémie et Mathias, et le super trio (notamment autour du bébé) Andrea/Hicham/Colette : Superbe séquence lorsqu’ils se retrouvent (et acceptent tous trois leur place) autour de l’enfant au beau milieu d’un salon. Six épisodes d’excellente tenue, une fois de plus.


Saison 4.


Je suis très mitigé sur cette (ultime ?) saison. En convoquant aussi bien Franck Dubosc, Jean Reno, José Garcia, Murielle Robin ou Mimi Mathy, à travers des épisodes qui ne se concentrent plus sur une célébrité mais plusieurs, la série cherche peut-être trop à se populariser. Et dans le même temps cela fait partie de son récit puisque ASK, l’agence que l’on suit depuis quatre saisons, se retrouve menacée par un énorme concurrent qui lui vole une grande partie de ses stars. Il faut donc s’en remettre aux au gros de son portefeuille. Certes on reste dans la continuité des saisons précédentes mais (la faute à son nouveau « couple » de showrunners ?) sa fraicheur s’est un peu évaporée, au même titre que ses personnages qui ne passionnent plus, sont beaucoup trop extravagants chacun dans leur registre et s’éparpillent complètement, dans leurs ambitions respectives et leurs travers personnels. Quant aux stars ils semblent reproduire exactement les mêmes névroses que celles déjà apparues dans les saisons précédentes : L’épisode centré sur Sigourney Weaver est à ce titre nullissime. Ça sent la fin, la mort, ça devrait être émouvant, mais non. Pas désagréable, mais aussitôt vu aussitôt oubliée.

JanosValuska
6
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Créée

le 13 déc. 2015

Critique lue 2.3K fois

3 j'aime

JanosValuska

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