Doctor Who
7.7
Doctor Who

Série BBC One (2005)

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Ma grande épopée avec le Docteur a commencé à l'été 2013, alors qu'après de longues journées de taf, j'avais qu'une envie, c'était de me poser avec ma bouffe devant la télé. Et, par un quelconque miracle, France 4 se décide de repasser la plupart des épisodes à partir de la saison 1 (de la nouvelle série) cet été-là. Ni une ni deux, je commence à m'intéresser à la chose. Y'a pas à dire, un extra-terrestre de 900 ans, qui voyage dans une cabine téléphonique bleue, (plus petite à l'extérieur), accompagné d'une humaine, ça laisse songeur, au début. C'est même avec un peu de réticence (et parce que je n'aime vraiment pas Stargate SG-1) que j'ai décidé de me lier d'amitié avec le Docteur. Du moins pendant un été. Du moins pendant deux semaines. Deux semaines à regarder la VF (point que je traiterai plus tard) sur une chaîne publique. Oui m'dame, oui m'sieur. La VF. Deux semaines. Mais j'y reviendrai.

Autant vous dire qu'avant ce fameux été, j'étais limite à considérer Doctor Who comme une série de geek fini qui attend de mourir quelque part au fond d'un bois après avoir perdu sa maison à WoW. Autant vous dire que j'ai revu (un peu) mes critères à la fin de l'été (la VF, toujours la VF), mais pas de beaucoup, puisque j'ai quasiment arrêté de la regarder une fois que j'ai fini de bosser. Pourquoi ? Parce que Doctor Who, je trouvais ça fun, et que ça permettait de manger en regardant un truc sympa, pour une fois. Ni plus ni moins. Un extra-terrestre avec des grandes oreilles et un blouson en cuir. Si ça, c'est pas casser les a priori... Bref, une romance d'été en somme.

Et, un jour, en discutant avec une amie, on en vient à parler de Doctor Who. Je ne sais plus pourquoi, ni comment, mais toujours est-il que c'est la discussion sur Doctor Who la plus alléchante à laquelle j'ai eu le droit. C'était pas une présentation type comme c'est souvent fait par les critiques (qui comprennent rien, d'ailleurs). C'était pas non plus un post de fan à lunettes. C'était un témoignage d'amour d'une amie à une série qu'elle adore. Alors j'ai eu envie de la voir. Tellement que j'ai regardé les sept saisons en moins de quatre mois. L'histoire d'amour avait repris son cours, en novembre.

J'ai aussi découvert les joies de la VO de Doctor Who. Cet humour anglais si particulier que la VF ignore si superbement (sans doute une des raisons qui a poussé les esprits sensés, dans les années 70, à ne pas doubler le film des Monthy Python, Holy Grail). Pourtant, Doctor Who est, en grande partie, une série humoristique (ce Mister Bean's style d'Eccleston dans le premier épisode de la première saison 1, quand il joue avec les cartes et qu'il en balance partout, quand Rose croit qu'il utilise la main en plastique en s'étranglant pour vanner alors que non). De la SF, certes, mais aussi de l'humour. Anglais, certes. Pas forcément facile à appréhender pour un petit français fermé d'esprit, certainement. "Non et puis bon, faut lire les sous-titres en même temps, c'est pas pratique". Si tu préfères avoir une VF de merde (je pèse mes mots), okay, vas-y, fonce. Mais viens surtout pas dire que c'est à chier. Parce que tu vas finir avec un tournevis dans le bide. C'est ça que je reproche à la VF. Pas forcément de ne pas utiliser les mêmes références, je sais bien que c'est pas possible, mais c'est un doublage à chialer. Qui a envie de regarder la VF plus d'un épisode en s'y plongeant corps et âme ? Même moi, j'étais gavé. Mais j'étais fatigué alors ça compense. Déjà deux semaines, c'était dur. Mais j'imagine même pas si j'avais dû me cogner les 7 saisons en VF. Je crois que j'aurais purement et simplement abandonné notre gentil Docteur là où il veut (parce qu'avec le TARDIS, on peut pas l'empêcher d'aller où il veut). Et David Tennant, c'est cette phrase mythique, "A phrase of great power and wisdom and consolation to the soul in times of need [une phrase d'une grande puissance, d'une grande sagesse, une consolation pour les âmes en peine...] ALLONS-Y !". Alors non, traduire "Allons-y" (en VO) par "Allons-y" (en VF), c'est quelque peu décevant. Encore, "Let's go" pour la VF aurait pu donner un effet du même genre.

Il y a, pour l'instant, deux ères distinctes dans Doctor Who. La première, c'est des saisons 1 à 4, où Russel T.Davies était le showrunner principal et l'un des producteurs exécutifs de la série, celui qui avait le plus de poids. La deuxième période, des saisons 5 à 7 (pour l'instant) est chapeautée par Steven Moffat. La première période a ses spécificités. Les aventures du Docteur ne suivent pas un arc scénaristique très long (tout au plus, deux épisodes, trois, maximum). Chaque épisode clôt son intrigue de manière quasi-définitive. Le Docteur, souvent accompagné par Rose (deux saisons, tout de même) passe son temps à réparer les boulettes que cette dernière a pu causer, pour telle ou telle raison. Le ton de ces 4 saisons n'est pas forcément sombre, bien que quelques épisodes soient réellement prenant (notamment les trois derniers épisodes de la troisième saison, avec Martha), ou encore les derniers épisodes de la saison 4, où l'on découvre une autre facette du Docteur, sa folie. Et ça, c'est assez important pour le faire remarquer. Dans certains épisodes, on a un David Tennant vraiment sombre, vraiment plus proche d'un Alec Hardy (qu'il incarne dans Broadchurch). Finalement, on se rend compte qu'être un Time Lord, voyager 900 ans tout seul, ça laisse des marques psychologiques un peu profonde. Il sera souvent reproché au Docteur d'embrigader les gens, de les pousser à se sacrifier pour lui.
Avec l'arrivée de Moffat (qui avait déjà signé la plupart des épisodes fucked up, comme celui avec les Anges), on assiste à une série plus "cérébrale", plus dans la continuité. Chaque saison a une intrigue propre qui se prolonge sur les épisodes de celle-ci (je pense notamment à la faille dans la saison 5). Chaque saison agit comme un univers à part. D'après ce qu'on m'a dit de lui, Moffat a une tendance assez forte à aller dans les champs du sexisme, notamment dans Sherlock. Je me suis permis de douter car, au vu des nombreux personnages féminins à qui il a affaire dans DW, sans compter ceux que lui imagine, on dirait pas. L'ère Davies était franchement plus abordable, notamment dans la construction générale d'un épisode. Là, Moffat en fait trop, beaucoup trop. C'est cool, il s'investit, mais lance des pistes qui sèment la confusion, notamment dans mon petit esprit étriqué de français (je le reconnais, des fois, j'ai eu envie d'aller me plonger la tête sous l'eau froide pour faire passer le début de mal de crâne qui arrivait). On a une intrigue qui est lancée avec Tennant (mini-spoil : à propos de la Reine Elisabeth) et qui n'est résolu que dans l'épisode des 50 ans. Autant dire qu'il y a 4 saisons d'intervalle, soit 7 ans. C'est pas forcément dommageable, je dois l'avouer. On a même tendance à oublier cet épisode, vu ce qui se passe après.

Il faut remarquer l'habileté des scénaristes à ne choisir que des castings purement anglais sur tous les épisodes. C'est ça, aussi, qui fait l'une des forces de la série. C'est qu'il n'y a aucune américanisation de la série (qui pourrait largement l'être), et le programme sait garder sa constance tout au long des épisodes et des saisons. Faut dire qu'on peut tirer le filon encore un bon moment. Et c'est peut-être pas mal, finalement, cette durée.

Ce qui est bien, dans la série, c'est que la science est mise en avant, tout le temps, alors que le Docteur peut être considéré comme un Dieu. Clairement, cette opposition est l'une des pierres d'achoppement de la série. Le Docteur ne ferait pas ce "complexe de Dieu" (à vouloir sauver l'univers peu importe les conséquences), la série serait nettement moins intéressante sur le plan scénaristique. Quid de la Guerre du Temps ? Quid des Daleks ? Qu'adviendrait-il de la population terrienne si personne n'était là pour la protéger de la menace extra-terrestre ? (problématique traitée dans Turn Left)

Je mets "seulement" 8 pour une raison principale, que j'ai déjà expliquée plus haut, c'est parce que Moffat est, pour moi, incapable de pondre un épisode peinard sans trop de prise de tête. Toujours faire des boucles temporelles totalement fucked up (cela dit, une fois qu'on a compris que le temps n'est pas une simple ligne droite, mais un genre "wibbly woblly timey wimey... stuff", ça devrait aller), perdre le téléspectateur dans les méandres de sa propre folie (parce que je suis sûr que c'est ça, aussi) et lancer des tonnes d'intrigues à la pelle pour les résoudre petit à petit. Non, je suis définitivement pas vraiment fan de sa méthode. Le fait qu'il ait entre deux et trois épisodes par saison, c'était raisonnable, c'était cool, même. C'était la petite pépite dans ton verre de Goldstrike, la cerise sur ta forêt noire... Mais trop, c'est vomitif, je trouve.

MAJ 01/09/2014 : Je suis passé à 9 rien que pour le premier épisode de la saison 8 avec Cappaldi. Ce dernier est tellement bon en douzième docteur qu'on a vraiment l'impression que c'est le rôle qui lui était destiné.
lcs_hbr
9
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Créée

le 19 févr. 2014

Critique lue 872 fois

6 j'aime

Lucas Hueber

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