L'élite bien-pensante

Ce que les créateurs nous proposent n'est rien de plus qu'une série Netflix à la sauce espagnole.

Toutes les cases du politiquement correct sont cochées, ce qui est devenu la marque de fabrique de Netflix (l'épouvantable Sense8 en témoigne). On assiste donc dès le premier épisode à un melting-pot mettant en scène un couple gay (dont l'un des deux est musulman, le must), un gamin issu d'une famille homoparentale, une musulmane et une autre atteinte du VIH, entre autres.
La sociologie du groupe est elle aussi dans l'air du temps, d'un coté les élites superficielles qui font la gueule parce que Papa et Maman les obligent à organiser la soirée du siècle autour de la piscine et de l'autre, les pauvres obligés de voler pour échapper à leur destin. Passons...

Une fois le décor posé, qu'est-ce que Netflix nous propose pour nous divertir et justifier l'abonnement surtout ? Rien. Ou plutôt rien de plus que des beaux gosses lisses (que je n'arrive toujours pas à différencier passé 8 épisodes), souvent à poil ; du sexe ; de l'alcool ; un couple à 3 ; une fille enceinte qui veut avorter ; de la maladie ; de la drogue et du trafic de drogue ; des dettes ; du chantage ; des crimes, etc. Ça fait beaucoup pour une poignée de lycéens qui visiblement ne mettent pas beaucoup de cœur à l'ouvrage pour devenir l'élite de la nation. Original...

Mais c'est sans compter sur la faculté que ces maudits lycéens ont à se noyer dans un verre d'eau. Des dramaqueens qui s'inventent des problèmes les poussant à une violence omniprésente et incompréhensible. Les "je t'aime, moi non plus" laissent place à d'innombrables scènes ubuesques comme celle où l'un des personnages en arrive par un concours de circonstances absolument pas crédible à devoir expliquer devant toute la classe comment elle a attrapé le VIH. Moment gênant.

Enfin, et plus grave encore, on peut reprocher l'inspiration un peu trop abusive d'autres série comme Murder : l'histoire du trophée pour lequel les lycéens se battent et qui finira par devenir l'arme du crime par exemple...

Mais là où Murder a réussi en proposant des personnages forts et une dynamique implacable, Elite échoue lamentablement en nous montrant seulement ce que les ados d'aujourd'hui demandent : des minorités toujours plus visibles, du sexe et des intrigues qu'on essaye tant bien que mal de monter en épingle avec un résultat désastreux.