Fruits Basket
7.3
Fruits Basket

Anime (mangas) TV Tokyo (2019)

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Remake d'une série plaisante inspirée de Ranma 1/2, mais plus émotive que drôle

EDIT : là, je viens de regarder la suite pour arriver au treizième épisode. Pour moi, il y a d'énormes problèmes de conception. Le scénario est décousu et l'humour est trop basique et poussif. J'ai l'impression que la série de 2001 est finalement plus facile à suivre sans se lasser. Mais, le scénario ne permet pas de parler de chef-d'oeuvre, c'est des petits riens, des éléments d'intrigue au compte-gouttes très à distance les uns des autres, et surtout les réactions dans l'animé je ne les comprends pas ou du moins je ne comprends pas pourquoi on s'y arrête, c'est des énervements, des gênes, etc., mais c'est un peu du n'importe quoi en continu...


Fruits Basket s'inspire du chef-d’œuvre absolu Ranma 1/2 et souffre inévitablement de la comparaison : façon de conter, façon rapide de créer et intérioriser l'émotion, façon de faire rire. Il faut dire qu'affronter Ranma 1/2 c'est partir perdant d'office, mais là la comparaison s'impose vu que la série ne cache pas les allusions. Dans le manga culte de Rumiko Takahashi, quelques personnages se transforment au contact de l'eau froide et reprennent leur forme normale sous l'eau chaude, mais le cortège des transformations demeurait hétérogène : un garçon qui se transforme en fille, une série de transformations en animaux (Panda, chat, canard, cochon, etc.) et même quelques créations on va dire fantastiques. Par ailleurs, les nouvelles transformations étaient rares dans Ranma 1/2, une dizaine en 38 volumes ou 166 épisodes à peu près. Il y avait aussi un petit pied-de-nez à la vraisemblance avec les bouilloires d'eau chaude si opportunément présentes pour ne pas que les transformations se prolongent. Puis, Akane était bien aveugle sur le sujet Ryoga et les personnages acceptaient passivement d'une seconde à l'autre une substitution d'un garçon à une fille, d'un personnage à un animal, comme si l'un était parti si vite et l'autre venu là par hasard. Mais cet absurde fonctionnait parfaitement dans Ranma 1/2, c'était efficace et attachant.
Dans Fruits Basket, l'auteur a voulu reprendre cela mais lui donner une cohérence de groupe : treize personnes d'une même famille, victimes d'une malédiction, se transforment en l'un des douze animaux de l'horoscope chinois (j'ai des doutes sur l'appellation "zodiaque chinois" qui ne me paraît pas très correcte) ou bien en chat, le candidat rejeté selon la légende. La transformation est simplifiée, elle se fait par simple contact avec une personne du sexe opposé. Et les gens reprennent leur état normal au bout d'un temps aléatoire. Toutefois, l'absurde de Ranma 1/2 est paradoxalement plus crédible, dans la mesure où la nature du contact physique est un peu imprécise dans Fruits Basket. Deux exemples complémentaires : pour éviter une transformation, le maudit du signe du rat et le maudit du signe du chat peuvent repousser une fille avec leurs mains, voire leurs bras, mais non gantées qui plus est. En revanche, on cogne leur ventre, leurs épaules, leur dos, malgré les vêtements, ils se transforment. Et il faut ajouter à cela que, du coup, on a du mal à croire que les personnages se mêlent à la foule, aillent à l'école, sans jamais être pris au dépourvu dans une bousculade, dans une étreinte d'un camarade, etc. Finalement, la recherche de vraisemblance et de simplicité est un échec face à la fantaisie assumée. Qui plus est, s'il y a des blagues sur les relations entre filles et garçons, on est surpris de voir que l'impossibilité pour un être maudit d'avoir une relation amoureuse avec une personne du sexe opposé non maudite ne soit pas plus au centre des préoccupations des personnages.
L'imitation de Ranma 1/2 va plus loin. Deux garçons maudits se disputent pour savoir qui est le plus fort en arts martiaux, avec des chutes identiques dans le plan d'eau du jardin, sauf que le gag ne s'accompagne d'aucune transformation et ils sont rivaux auprès de l'héroïne principale. Dans le deuxième épisode, le garçon à la malédiction du chat va à son premier jour d'école et affolé il saute par la fenêtre du troisième étage et retombe au sol tel un chat leste, sur ses quatre membres, ce qui rappelle la chute de Ranma et de Kuno dans la piscine.
En fait, les gags ne sont pas très bien amenés dans Fruits Basket. La force de la série, c'est plutôt le charme touchant de l'émotion lyrique dans une histoire nimbée de fantastique. Une jeune lycéenne a perdu sa mère, il y a peu de semaines, le reste de la famille n'étant pas comment dire ? vraiment classe, elle doit vivre chez son grand-père pour qui ça va être difficile. Elle bidouille un double mensonge : elle dit vivre chez son grand-père à ses amies et elle dit vivre chez ses amies à son grand-père, mais à part ça elle vit dans une tente dans les bois d'un domaine privé. L'animé ne recule pas devant l'expression de l'image dure suggestive. Pour symboliser la mort de la mère, on a une bouche d'égout sous un trottoir avec une grande flaque de sang qui s'y engouffre. L'animé ne fait pas du tout dans l'horreur, mais il met les petites notes pinçantes au plan émotionnel, et ici on a l'exception en termes d'image crue je pense. Petite coïncidence à observer, l'héroïne a à peine perdu cette mère qui lui parlait de la légende de l'horoscope chinois avec le bannissement du chat qu'elle rencontre la famille des treize maudits qui correspondent à cette histoire. Qui plus est, certaines paroles de la mère se retrouvent dans les propos du maudit du signe du rat. Et sa première rencontre est celle du héros au signe du chien, alors qu'elle a elle-même ce signe, et sa deuxième rencontre est avec celui du signe du rat (qu'elle connaît déjà en réalité à cause de l'école), chien et rat étant deux signes faciles à mettre en relation avec celui du chat, troisième rencontre. Cependant, il y a une petite anomalie. Le gars au signe du chien dit à l'héroïne qu'il est lui aussi comme elle du signe du chien, mais c'est le maudit du rat qui va à l'école avec l'héroïne. Or, le gars prétendu du signe du chien n'a pas le même âge que l'héroïne, ni même douze ans de plus on dirait. En plus, l'année du chien est deux ans avant celle du rat, donc le prétendu rat doit être deux ans plus jeunes que la fille. Je n'ai pas trouvé ça limpide et clair que le maudit du chien se dise du signe du chien.
Je ne vais pas m'attarder sur les quelques autres points inspirés de Ranma 1/2, parfois un peu gratuitement, les réunions autour de la table basse pour le repas, le jardin avec l'étang, la pratique des arts martiaux,...
En tout cas, l'auteur a choisi d'introduire treize transformations, et c'était le problème de la première série qui n'a adapté qu'une partie du manga et qui s'en tenait à un nombre restreint d'épisodes. Du coup, on avait une lente mise en place des treize personnages, puis quand les treize personnages étaient enfin connus, sans parler du chef de famille, la série s'arrêtait.
Si on prend l'ancienne série, il y avait tout de même un truc très intéressant : la malédiction touche plutôt des hommes, mais aussi quelques femmes, et surtout il y a quelques enfants frappés par la malédiction. C'est intéressant, parce que le cas des enfants permet de traiter plus subtilement le traumatisme social et familial. Au moins, au plan scénaristique, les épisodes autour des enfants étaient plus porteurs, plus profonds, plus touchants. On verra comment ils seront traités dans ce remake. On verra aussi si on aura droit à toute l'histoire, avantage principal qu'on pressent à ce remake.
L'ancienne série était traitée sur un mode plus cartoonesque dans les portraits des personnages et les relations étaient construites avec un souci, forcément passé de mode aujourd'hui, de la gentillesse morale appuyée, on avait vraiment un côté bonnes manières très très accentué qui était même pesant. Ici, la voix japonaise de l'héroïne est assez gaga, c'est dommage, mais le côté bébé est tout de même moins marqué. Les profils des personnages sont mis au goût du jour et là encore l'héroïne principale échappe à la tête drolatique qu'elle avait dans la série de 2001. Toutefois, elle reste un peu étrange par rapport aux autres, avec un fort arrondi des mâchoires et de très grands yeux, elle reste une tête aux traits forts malgré tout : les garçons sont dessinés pour être des sortes de playboys efféminés, alors qu'elle fait jolie, mais un peu pataude. Dans cet animé, les hommes ont les visages, les corps et donc les os plus frêles que les femmes. Ils sont plus faits pour séduire que les femmes, sans doute parce que le projet est pensé comme un shojo.
Pour le caractère, le progrès du personnage maudit du rat est remarquable dans les trois premiers épisodes. Dans la série originale, il est franchement détestable, c'est l'animal manipulateur qui a fait bannir le chat par une sale ruse, c'est le personnage qui se vante de ne pas aimer les chats, qui dit à la classe que son cousin lui est inconnu, il frappe le chat sans arrêt en lui faisant des reproches qui ne tombent pas du tout sous le sens. Tu te demandes comment, à part le physique éventuellement, les filles d'un lycée peuvent tourner autour d'un type pareil... Le portrait est moins choquant dans ce remake, même si les défauts sont toujours là étant donné le scénario.
Le gars au signe du chien est rendu nettement plus mature comme profil physique, cela accentue encore le décalage entre les moments où il rit stupidement comme un gosse et ceux où il est adulte et attentionné.
Dans ce remake, un soin important est apporté aux visions panoramiques et aux jeux de lumière, c'est particulièrement sensible dans la partie introduction des premières minutes du premier épisode où on a la montagne en bord de mer, l'éclat du soleil, puis un peu après une vue panoramique de la ville sur les hauteurs et un petit détour du regard sur le côté et la vue de la maison des Soma. Il y a des effets rougeoyants du crépuscule à perte de vue à l'arrière-plan, ou bien on a la lumière qui se diffracte à travers une fenêtre, etc. On a aussi des compositions panoramiques pour les scènes d'intérieur, notamment la salle à manger des Soma. Cela a l'air d'être une signature propre à ce remake, une sorte d'identité visuelle.
Je ne connaîtrais pas Ranma 1/2, ma note pourrait augmenter, mais comme les rapprochements me sont jetés au visage, j'ai le malheur de voir un peu plus vite le côté limité des gags et de la manière de raconter, j'identifie du coup la série à du second couteau, mais ça reste très bon, touchant, et je pense que les émotions lyriques seront pas trop mal conduites, avec une intériorisation plus lente que dans Ranma 1/2, moins efficace, mais tellement mise en scène qu'elle correspondra aux attentes du public qui veut être ému.

davidson
2
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le 21 avr. 2019

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davidson

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