Fullmetal Alchemist : Brotherhood par Antevre
FullMetal Alchemist, c'est LE manga que tu dois avoir lu/vu. Selon qui ? Tout le monde. À peu près. Pourquoi ?
Déjà, il s'agit d'un shonen qui évite les codes désormais suremployés du nekketsu. Si on a bien des valeurs comme l'amitié qui prennent une place démesurée, un héros surpuissant et une galerie de vilains numérotés à dézinguer, l'ensemble ne tombe pas dans la succession de combats lourdingues. Une place fondamentale est laissée à l'intrigue, au développement des personnages et à l'évolution de tout cela. Alors, le nekketsu ne me dérange pas plus que ça tant que l'on se plie au délire, mais force est de constater que FMA est rafraichissant et bien moins stupide que la plupart de ses confrères shonen, du coup. On sent que l'auteur a vraiment des choses à dire, et au bout du compte on se retrouve avec une oeuvre qui tape remarquablement dans son public-cible. Il fait fondre en larmes la plupart des productions du Shonen Jump en position foetale dans un coin du ring, notamment.
Ensuite, ben il y a globalement pas mal de goût dans l'ensemble. Le style graphique est inhabituel mais pas désagréable, le design est soigné et l'intrigue se laisse vraiment bien suivre. Les personnages sont presque tous intéressants, bref ça fonctionne super bien.
Du coup, c'est un peu le big boss en terme de shonen, point de vue qualitatif (ce n'est pas mon préféré personnellement, mais il faut bien rendre à César ce qui appartient à César). Comment adapter ça à l'écran ?
Le premier anime, sorti avant la fin du manga papier, a choisi un format ramassé. On vire des sous-intrigues, des personnages, on fait tenir le tout en peu d'épisodes et on compose sur la fin, vu qu'on ne la connait pas. Ca donne un anime inégal mais doté d'une âme remarquable. Il mettait en exergue les drames humains et magnifiait le parcours d'Ed et Al, lui conférant une dimension mythique et épique.
Le second, c'est Brotherhood. Le manga est fini, il y a des thunes à investir, le monde est prêt pour une adaptation à gros moyens qui se voudra la plus complète possible. Et ça donne quoi ?
Je choisis ce moment pour rappeler l'histoire de FMA. Edward et Alphonse Elric sont deux jeunes frères alchimistes (dans l'univers de FMA, les alchimistes sont pratiquement des magiciens, qui utilisent des cercles de transmutation pour changer n'importe quoi en n'importe quoi d'autre) venant d'un village paumé au nom improbable. Le jour où leur mère vient à décéder, ils en conçoivent (fort logiquement) une très grande peine. Leur vient alors le projet fou de la faire revenir au moyen de leurs pouvoir, interdit absolu de leur art. C'est un désastre : le principe de l'échange équivalent veut que pour obtenir quelque chose, il faut donner l'équivalent. Alphonse perd son corps et Edward une de ses jambes, avec pour seul résultat un corps méconnaissable et agonisant qui s'éteint presque aussitôt. Comprenant leur terrible erreur, Edward sacrifie un de ses bras, ce qui lui permet de faire revenir l'âme de son frère, qu'il emprisonne dans une armure. Cette aventure leur aura toutefois apporté une chose positive: ayant entrevu la Vérité, les deux frères sont désormais capables de transmuter des objets instantanément, sans avoir recours à un cercle de transmutation. Ils se font alors la promesse de tout faire pour retrouver leurs corps, et se mettent en quête de la mystérieuse pierre philosophale, dotée d'immenses pouvoirs alchimiques...
Donc. Brotherhood. Il n'y a pas que du bon dans cette nouvelle adaptation. Mal rythmée, longuette, moins émouvante que sa grande soeur. C'est limite désagréable. Et pourtant... Ben y a du bon aussi. Déjà, pour les maniaques de la fidélité à l'original, on a cette fois l'histoire complète et l'ensemble de tout ce qui a été coupé dans le précédent anime (je ne suis pas moi-même obsédé par la fidélité, je pense que c'est relativement secondaire dans une adaptation, mais force est de reconnaitre que les arcs et personnages de Xing et Briggs sont marquants, et il n'est pas déplaisant de voir la "vraie" fin). Ensuite, point de vue de la réalisation, outre une technique très aboutie (animation fluide et de qualité), il faut souligner l'extrême lisibilité de l'action, y compris durant les affrontements. À ce niveau, c'est les plus réussis dont je me souvienne dans un anime. Vous comprenez tout ce qui se passe à l'écran, et ça reste fluide et beau. Vous pouvez décomposer aisément tout ce que font les personnages. C'est un vrai plaisir de suivre une scène d'action. On est loin, pour prendre l'autre extrême, d'un DBZ et sa boucle de 5 frames qui compose 60% des affrontements. Mieux encore, le style des personnages se reflète aisément dans leur manière de bouger, donnant beaucoup d'identité à l'ensemble.
D'un point de vue des graphismes... ben déjà c'est de la hd, forcément ça fait plaisir aux yeux. Puis bon, on a le style du manga, c'est beau. Ca manque peut-être un peu d'audace, du coup on se retrouve souvent dans des tabeaux qui ne sont que purement littéraux. Un peu dommage, faut bien le reconnaitre.
La bande-son, quant à elle, n'est pas marquante. Si les openings et endings sont assez réussis (ça vaut aussi pour leur partie graphique d'ailleurs), la bande-son dans les épisodes mêmes n'est pas marquante. On remarquera toutefois le grand soin qui a été pris à reprendre les mêmes doubleurs que pour la première série, qui sont tous très bons dans leurs rôles respectifs (je parle de la vo, bien sûr. Ne regardez pas en vf. J'ai essayé pour voir, et c'est... pas bon. Je ne sais pas pourquoi les comédiens et/ou studios de doublage francophones mettent un tel point d'honneur à être médiocres quand ils doublent des mangas).
Bref, on n'a certainement pas le supplément d'âme qui caractérisait la première adaptation. Et pourtant, Brotherhood fonctionne super bien. L'on déplorera toutefois que quelques personnages paraissent complètement unidimensionnels, et que l'ensemble souffre d'un vrai souci de rythme. Mais c'est du bon, indubitablement. Et pourtant, je ne suis pas un grand fan de FMA, que je trouve pompeux et un peu superficiel.
