Guilty Crown
6.2
Guilty Crown

Anime (mangas) Fuji TV (2011)

Je dois le reconnaître : malgré cette note, malgré ce titre, je ne peux pas dire avoir passé un mauvais moment devant Guilty Crown. Bien que je lui connaissais une certaine réputation de « Code Geass du pauvre », ce sont les similitudes apparentes avec ce dernier qui m’ont attiré. J’entrevoyais déjà une intrigue politique sur fond de vie lycéenne et de combats entraînants… Même s’il fallait quelque peu débrancher son cerveau, ou faire fit de certains clichés, j'étais prêt à me laisser tenter. Et puis, en un soir d’été où l’ennui guette, je n’avais rien à perdre.


Au final, Guilty Crown aura échoué dans le peu que j’attendais de lui. Mais je ne lui en veux pas. J’ai même passé un bon moment en sa compagnie : une fois son statut de cliché ambulant accepté, on enchaîne les épisodes bêtement sans trop se poser de questions, histoire de passer le temps. Parce que oui, les clichés et les défauts scénaristiques, Guilty Crown les collectionne. Allez, juste histoire d’être de mauvaise foi, je vais développer un peu.



L'Apocalyspe scénaristique



C’est simple : cet anime est un gigantesque gloubi-boulga scénaristique, dans lequel le spectateur est laissé à la ramasse. La narration est irrégulière, et peu intéressante dans le premier arc qui n’est qu’un enchaînement de missions sans enjeux palpables. Mais surtout, elle nous introduit à des concepts ou des personnages dont on ne comprend pas l’intérêt ou le fonctionnement pendant des épisodes entiers, sans pour autant cela serve de ressort scénaristique. On nage en permanence dans la confusion, sans comprendre si ce ressenti est voulu… Et le pire, c’est que certaines informations sont retenues uniquement pour servir de « révélations », mais échouent lamentablement : elles sont dévoilées pour rythmer le récit, mais n’y apportent rien. Elles auraient presque pu être exposées dès le début afin que le spectateur soit moins perdu et n’ai pas cette étrange sensation de décalage…


Le déroulé du Noël Perdu, le rôle de Mana, le fait que Shu connaisse déjà Gai… Toutes ces informations, au moment révélé, n’ont quasiment pas d’impact direct sur le récit. Il s’agit seulement d’un background caché de force pour tenter (en vain) de donner du relief à l’histoire. Sans même parler de certaines justifications ridicules pour les dissimuler, comme l’amnésie complètement absurde de Shu.


Mais de manière générale, c’est la cohérence globale de l’univers qui est catastrophique. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis juste demandé « Mais… pourquoi ? Comment ? ». On pourrait s’amuser à énumérer les situations où l’anime ne prend même plus la peine de nous expliquer ce qu’il se passe. Pourquoi Inori et Shu se mettent parfois à sauter comme des ninjas, parfois non ? Pourquoi le Void endort parfois le possesseur, parfois efface sa mémoire, parfois ne fait rien ? Pourquoi Shu peut soudainement créer un Void qui tire des rayons laser de la mort ? Pourquoi les ennemis qui possèdent des armes à feu foncent au corps à corps ? Pourquoi ce personnage qui était emprisonné à l’épisode d’avant est de retour ? Pourquoi Gai est un terroriste recherché par tout le pays et se balade tranquillement en ville ? Pourquoi est-ce qu’il est le seul survivant d’une attaque dévastatrice qui a tout détruit autour de lui ? Pourquoi Inori s’habille tout le temps comme ça ?...


Et c’est sans compter ce goût d’« over-the-top » constant. Je ne saurais pas vraiment le décrire, si ce n’est que l’anime en fait toujours trop, au point où ça en devient risible. Du moins, sur la forme ; parce que le fond, lui, est d’un vide intersidéral. Les enjeux politiques sont totalement absents de l’équation, tout comme les thématiques qui auraient pu être abordées… Le deuxième arc apporte peut-être un angle de vue un peu plus intéressant et plus sombre, mais encore une fois mal exécuté. Et c’est ce qui finit d’enfoncer le clou pour Guilty Crown, qui malheureusement, se prend lui-même beaucoup trop au sérieux pour qu’on lui pardonne ce genre d’erreur. Preuve en est l’abondance de références chrétiennes qui n'ont strictement aucun intérêt, si ce n'est de paraître plus intelligent…



My dearest(s)...



Les personnages de Guilty Crown sont à mon sens ce qui lui permettent d’éviter la noyade complète. Alors, tout n'est pas parfait, loin de là. Nous avons le droit à une flopée de personnages secondaires dont la plupart sont inutiles et assez oubliables ; le palmarès ira à l’ado blond méchant – dont j’ai naturellement oublié le nom – qui en plus de n’avoir AUCUN intérêt (mais vraiment) se paye le luxe d’avoir une « histoire » tellement pathétique qu’elle en est hilarante. Malgré tout, on passe assez de temps avec les camarades de Shu pour s’y attacher, et à défaut d’être particulièrement originaux, ils ont le mérite d’être sympathiques et même de rendre certaines scènes touchantes. Inori est malheureusement trop peu développée, les révélations l’entourant sont – comme dit plus haut – sans intérêt, tout comme sa relation avec le protagoniste qui reste bien trop basique et statique… Surtout quand cette romance est constamment mise en avant par l’esthétique, les openings et le scénario. Quant à Shu lui-même, il remplit le rôle de héros shonen banal sans trop de problème, bien que son évolution soit… hasardeuse.


Oui, ici je parle bien de son changement schizophrénique à la mort de Hare. On aura beau me dire que c’est le choc émotionnel, cette transition est brutale, insensée et peu subtile (j’ai vraiment explosé de rire quand il s’est habillé tout en noir, pour paraître plus « dark »…). Cette situation n’est là que pour créer du drame artificiel, et bien que l’idée n’est pas mauvaise… c’est très mal exécuté.


Bref, l’ensemble sent bon le déjà vu et le cliché, auquel on pourrait rajouter les tenues moulantes pour jeunes lycéennes (avec bonus oreilles de chat), le fan-service et sous-entendus sexuels (les similis-orgasmes quand une fille se fait retirer son Void, c’était obligatoire ?), les scientifiques qui parlent en statistiques insensées, ou encore le léger soupçon de délire inceste…



Conclusion



Mais comme dit en introduction, je n’ai pas passé un mauvais moment devant Guilty Crown. Je dois l’avouer, c’est aussi parce que j’ai beaucoup ri des clichés et des situations toujours plus insensées qui s’accumulaient. Au fil des épisodes, le scénario ne fait que s’enfoncer dans un non-sens abyssal. Malgré cela, pris avec un regard détaché, sans trop se poser de questions… cette œuvre peut faire un bon divertissement. Car sur la forme, l’anime est magnifique, avec des jeux de lumière splendides et une animation impeccable. La musique est également de haut niveau, bien que je ne l'ai pas trouvée transcendante par rapport à ce que d’autre soulignent ; les openings sont très bons, surtout le premier, vraiment envoûtant. Malheureusement, ces éléments semblent avoir pris le pas sur un fond peu travaillé et mal exploité, dans le but de créer une œuvre attirante, mais qui se révèle terriblement vide à l’intérieur : voilà de quoi est réellement coupable Guilty Crown.

oRealSan
4
Écrit par

Créée

le 19 juil. 2020

Critique lue 159 fois

oRealSan

Écrit par

Critique lue 159 fois

D'autres avis sur Guilty Crown

Guilty Crown
Arvyss
8

Bitter Crown

Guilty Crown est un excellent anime, peu rivalisent au niveau de la réalisation (!), les musique (crées par supercell) sont géniales, et véhiculent une émotion qui renforce celle de la série, mention...

le 28 mars 2012

13 j'aime

3

Guilty Crown
Kaiwatt
6

Critique de Guilty Crown par Kaiwatt

J'ai fini Guilty Crown aujourd'hui et je me suis longuement demandée ce que je pouvais dire au sujet de cet anime... Comment dire, c'est pas un mauvais anime. Je l'ai trouvé plaisant à regarder, il a...

le 28 mars 2013

10 j'aime

Guilty Crown
Splouf
9

Révèle moi ce que cache ton cœur

Je vais m'attaquer à un des animés que je tiens à coeur depuis un bon bout de temps, Guilty Crown. C'est un shônen de 22 épisodes (un arc de 12 et un arc de 10 épisodes), éditée par "Production I.G"...

le 18 avr. 2017

9 j'aime

11

Du même critique

Zero Time Dilemma
oRealSan
3

La chute

999 et Virtue's Last Reward font incontestablement partis de mes jeux favoris. Bien qu'ils ne soient pas exempts de défauts, ils ont su me faire adhérer à un univers, me faire aimer des personnages,...

le 27 avr. 2020

4 j'aime

Shin Megami Tensei: Persona 3 FES
oRealSan
6

I've never felt like, so miserable...

Presque un an après avoir complété ce jeu, et avoir entre temps fini la trilogie des « Néo-Persona », je décide enfin de me lancer dans l’écriture de cette critique. Persona 3 m’a servi de point...

le 16 juin 2020

3 j'aime

1

JoJo's Bizarre Adventure
oRealSan
7

SO-NO-CHI-NO-SA-DA-ME

Jojo's Bizarre Adventure, où l'anime que l'on te rabâche en permanence de voir (entre autres) dès lors que l'on possède quelques amis un minimum friands de culture japonaise. De plus, le fort nombre...

le 4 janv. 2019

3 j'aime