Saison 2


À l’image des livres, on peut observer une nette progression dans cette seconde saison, clairement un cran au-dessus d’une première saison qui avait déjà de bons arguments. Alors c’est vrai qu’après avoir lus les livres, certains détails sautent plus facilement aux yeux, mais j’ai aussi l’impression que cette saison a aussi pris plus de liberté par rapport au matériau originale, et notamment concernant Mme Coulter. Très vite, la saison sème les graines qui conduiront à l’évolution du personnage et c’est plutôt intéressant de voir comment elle évolue.


Que ce soit ses manipulations incessantes et terrifiantes avec le Magisterium, son entretien avec Lee ou Mary Malone, ou bien son jeu de chat et la souris avec Boreal (dont l’attrait qu’il éprouve est ici plus qu’évident).


J’ai aussi beaucoup aimé l’idée qui se cache derrière la façon dont elle contrôle les Spectres et sa relation avec son daemon, c’est un ajout plutôt bien vu.


De manière générale, cette saison sera mieux équilibrée et plus rythmée aussi. La dynamique entre Will et Lyra fonctionne très bien dès le début, et on retrouve un peu ce côté découverte et appréhension qu’ils ont l’un envers l’autre au fur et à mesure qu’ils en apprennent plus. Lyra peut même sembler un peu en retrait dans cette saison, mais on y retrouve quand même ce mélange d’assurance concernant la Poussière et de doute après qu’elle perde l’aléthiomètre. Toutefois, cela s’explique aussi, à l’image du livre, par l’extension de l’univers. Les sorcières y jouent un rôle plus important (même si on peut noter que les showrunners en ont limités le nombre), tout comme on découvre enfin Mary Malone que j’ai beaucoup apprécié.


Le Magisterium prend aussi une place plus importante, puisque la saison développe beaucoup plus son rôle au sein de l’univers avec ce côté un peu géopolitique. On y retrouvera d’ailleurs cette dualité entre foi et science, et surtout les conséquences que l’ouverture du portail peut avoir. On a aussi l’épopée de Lee et de John Parry, qui sera presque trop épisodique mais où les scènes se montreront assez palpitantes. D’autant plus qu’elle permet de compléter la quête paternelle de Will, d’une façon qui dérive un peu plus du livre et qui du coup jouera plus sur l’aspect dramatique que frustrant.


Et puis bien sûr, nous avons Cittàgazze, la Tour des Anges et le Poignard subtil ! Trois nouveaux éléments primordiaux et qui sont représentés à merveille ! J’ai beaucoup aimé l’intro d’épisode qui présente la Guilde et la création du poignard, ainsi que ses conséquences, tout comme la représentation même de la ville et comment Will et Lyra en découvre peu à peu les secrets, très vite suivis par Mme Coulter. L’équilibre est très bien trouvé et même si ça tient aussi beaucoup du côté technique avec les décors, l’ambiance créée retranscrit très bien ce que j’avais pu me faire comme image en lisant.


L’équilibre sera d’ailleurs le point le plus intéressant de cette saison. Car si dans l’ensemble, c’est une bonne adaptation qui prend toutefois des libertés, il y aura parfois une étrange sensation dans les différents épisodes. Certaines scènes tirées du roman seront parfois jetées en pâture et aussitôt résolues, perdant la tension qu’elles avaient pu avoir dans le livre


(je pense notamment au sauvetage des sorcières),


on aura à côté de nouvelles scènes d’une rare intensité et plutôt bien amenées


(impliquant souvent Mme Coulter, mais aussi la guerre entre le Magisterium et les sorcières),


et parfois des scènes du romans légèrement altérées, mais étrangement améliorées


(la découverte du couteau, le vol de l’aléthiomètre, la mort de Boréal, la fuite de Lee et John).


Le casting est toujours aussi bon, Ruth Wilson étant celle qui domine à coup sûr la saison. Dafne Keen est un peu plus discrète, mais toujours plutôt juste dans le rôle de Lyra, et Amir Wilson réussit lui aussi à incarner un Will crédible et intéressant. De même, j’ai trouvé que Will Keen et Ruta Gedmintas avaient plus de place pour s’exprimer, et que même si c’était parfois un peu stéréotypés, leurs rôles fonctionnent plutôt bien. Bien aimé aussi Simone Kirby, qui a des expressions faciales assez parlantes. Gros coup de cœur aussi pour la petite apparition de Terence Stamp, dans un rôle où il respire une fois de plus la classe.


De la même façon, je n’ai pas grand-chose à reprocher sur le côté technique. La musique sera toujours un délice (et le générique une tuerie), en reprenant pas mal des thèmes déjà introduits pour les personnages, mais aussi en présentant de nouveaux. Comme je le disais plus haut, j’ai beaucoup aimé les décors, notamment la reconstitution de Cittàgazze mais aussi la CAVE (qui fait beaucoup pensé à un ordinateur quantique, ce qui se marie bien avec l’idée derrière), accompagnés par des effets spéciaux de très bonne qualité.


J’ai beaucoup aimé le concept derrière la représentation des Spectres, même si classique, et ils rendent super bien ; et les daemons sont toujours aussi réalistes et attachants (et Pan écrase tout de sa mignonitude en panda roux). La mise en scène sera aussi de façon générale mieux maîtrisée, à l’image des derniers épisodes de la saison précédentes, même si elle peut avoir recourt parfois à des artifices ou des idées plutôt classiques. Le jeu sur la lumière entre les différents lieux est aussi très bien vu, participant à créer une atmosphère bien distincte et reconnaissable. C’est un régal à voir du début à la fin.


Une deuxième saison qui va clairement en s’améliorant et se situe un cran au-dessus de la précédente. L’univers s’étend un peu plus, on a toujours cette opposition science/religion au cœur de l’histoire, mais on permet aussi de développer un peu plus certains personnages, dont celui très intéressant de Mme Coulter (ce qui rend la conclusion et la suite sans doute plus facile à comprendre). On peut aussi y ajouter quelques nouvelles idées bien trouvées, et on se retrouve avec une saison vraiment chouette et passionnante, où on ne se fait presque pas distraire par le côté mignon des daemons… Est-ce que j’ai déjà dit que Pan était trop chou en panda roux ?

vive_le_ciné

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