Une série sans doute prenante et plaisante pour quiconque n'a pas lu les livres. 12 ans après l'unique adaptation cinématographique de la saga et son échec, cette adaptation diffusée par la BBC ne pouvait être que de bon augure. La qualité est en effet présente ... sur certains points. Commençons par ceux là.
Le gros point fort de His Dark Materials, c'est avant tout sa fidélité scénaristique. L'histoire du roman est suivie à la lettre, à l'exception de quelques libertés prises par le réalisateur, et cela est extrêmement plaisant. J'ai revécu, à certains moments comme celui qui donne naissance à Lyra Parle d'Or, l'émotion du livre.
Je pense qu'il est aussi important de souligner le travail photographique de la série. Ce dernier devient saisissant dans le dernier épisode, notamment dans le laboratoire de Lord Asriel auquel ces choix amènent mystère et nostalgie, avec nos personnages isolés dans l'immensité du Nord.
Mme Coulter est parfaite.
Pour ces raisons-ci, j'ai apprécié le visionnage.


Toutefois, je conserve de nombreuses réserves vis à vis de cette adaptation, et la première étant Lyra. Pourquoi ce choix de représenter Lyra comme une adolescente au caractère de petite fille sur la majorité de la saison 1 ? Il y a une telle dichotomie, une telle ambivalence dans sa personnalité que cela perd toute cohérence. Audacieuse au possible lors de certaines scènes, puis redevient une fillette de 8 ans dans le corps d'une adolescente de 14 ans pour d'autres. La Lyra de la série est drastiquement différente de celle du livre.


Ensuite, la relation entre Lyra et Pantalaimon, son daemon, est terriblement peu développée alors qu'elle est vitale pour comprendre l'horreur de Bolvangar. Ici, pendant un long moment, les daemons n'évoquent presque rien de plus que des peluches qui parlent.


Je n'ai également pas apprécié la faiblesse de l'imaginaire représenté à l'écran. L'univers du livre, pourtant grandiose, est dépeint joliment, certes, mais sa complexité est totalement absente. Bolvangar ? Un bunker moderne. Le Magisterium ? Un autre bunker mais plus grand. Même le début à Oxford est rushé, son atmosphère mise de côté au profit de l'action. Le Londres du livre m'a également manqué, ce Londres nocturne, mal famé, qui a été mis de côté pour un autre plus propre, plus moderne. Et le Nord ? Le réalisateur fait l'impasse sur les légendes racontées à Lyra par Ma Costa, sur toute cette excitation, tout ces ragots sur cette Terre mystérieuse et fantasmée.
Enfin, le combat entre Iorek et Iofur, sans doute l'unique point fort du film de 2007, est probablement la scène la plus pauvre de cette série. Les deux ours en armure combattent sans armure, pour qui sait quelle raison. L'excitation est aussi plate qu'un soufflé, le dénouement sans saveur pour cette scène si fidèlement retranscrite dans le film. L'impasse a même été faite sur le coup final de Iorek, et par la même occasion le choc et le décalage qu'il provoque.
Je n'ai rien retrouvé de cette atmosphère.


Enfin, et ce dernier point est purement personnel, mais je n'ai pas aimé les changements apportés à certains personnages. Sans plus s'étendre sur celui de Lyra, les personnages secondaires sont plus ou moins réussis. Lee Scoresby donne l'impression de sortir d'une production Disney, Ma Costa passe d'une femme forte au caractère trempé à une blonde toute fine qui passe la majorité de son temps à l'écran à pleurnicher.
Même Will, personnage toutefois intéressant, passe d'un joueur de piano dans le livre à un boxeur à l'écran. Peut être pour renforcer la virilité du personnage ? Cela le rend à mes yeux moins complexe, et je pense que ce n'était absolument pas nécessaire.


Au delà de mes considérations de fan du livre, je recommande malgré tout cette série, surtout si vous n'avez jamais lu l'oeuvre originale que je recommande encore plus chaudement.

CLEMON
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le 26 déc. 2019

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