In the flesh est cette série improbable dont le personnage principal est un gay mort-vivant, c’est à la fois une série à thématique LGBT et une série qui reprend les codes du film de zombie. Je la qualifie d’improbable parce qu’elle mêle deux caractéristiques peu mainstream, et du coup la série prend le risque de devenir confidentielle. Elle sera effectivement annulée après une seconde saison mais je crois qu’elle avait quand même trouvé son public.
Les morts-vivants sont évidemment prétexte à la fameuse métaphore monstres = LGBT, dont on a pu pas mal de fois voir les limites, mais ici j’ai l’impression que ça marche bien. Le statut de mort-vivant, causé par un virus contagieux, est prétexte à parler en filigrane du VIH, mais surtout les comportements et pratiques des personnages illustrent bien quelques problématiques LGBT : les zombies sont contraints de se maquiller et d’adopter des attitudes normatives (par exemple, manger à table, faire semblant de porter les couverts à sa bouche) pour ne pas effrayer les vivants. La meilleure amie du héros refuse complètement ces dictats, expose sa peau putréfiée au grand jour sans maquillage. Elle va être sanctionnée violemment par d’autres personnages, des vivants, pour son refus de s’assimiler. À l’opposé, le héros de la série pose soigneusement son fond de teint en couche épaisse au début de la série, et va faire un cheminement personnel avant de pouvoir s’en émanciper.
Il y a bien des scènes émouvantes pour lesquelles j’ai une très grande affection. Cette scène où le personnage principal crache sa colère à la figure du père qui a tué son fils homosexuel est déchirante. Mais la scène la plus terrible de la série est sans doute celle où le héros est confronté à la colère de ses proches, surtout lorsque sa mère le supplie en larmes de ne pas se suicider une seconde fois.