Justified
7.2
Justified

Série FX (2010)

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Justified ou Ken Tucky, le dixie boss qui vend des slips kangourous

Ceux qui n'ont pas compris que cette série était bourré de second degré voulant caricaturer les séries policières habituelles sont probablement passées à côté du sel qui relève cette série. Justified est bourrée de meta-références cinématographiques. En premier lieu à la série Deadwood puisque beaucoup d'acteurs se partagent entre les deux séries et rappellent fréquemment leurs propres actes entre eux dans Deadwood. Ensuite à de nombreuses productions américaines, telles celles de Disney, Wynn Duffy est ainsi physiquement une mise en scène humaine de Donald Duck et Daffy Duck, et je ne vous spoile pas la fin de Justified même si j'en ai très envie :-)
La première chose à laquelle j'ai pensé en commencant à regarder Justified a très vite été : "c'est barré; ca me fait fort penser à Deadwood". Et c'était plutôt un compliment. En réalité Timothy Oliphant (Raylan Givens), l'un des acteurs principaux de Deadwood, se trouve être très investi dans l'écriture du scénario de Justified, la filiation entre les deux exprimée par le mix puissance des textes/situations inextricables saute aux yeux très vite.


La deuxième chose à laquelle j'ai pensé est "tiens, ce cinéma s'inscrit dans un style que j'ai vu ailleurs, presque un genre". On est en plein dans ce que j'appelle l'humour "dixie" ou du "Sud de l'Amérique". Un humour très porté sur le texte, les idiomes de langage et une culture du Sud. La plupart des acteurs sont des figures du Sud ou sont assez bons pour faire croire qu'ils sont du Sud car ils en maîtrisent les accents et surjouent leurs comportements. La filiation humoristique en tant que telle se retrouve elle bien sûr dans la série Deadwood mais aussi dans les films de Quentin Tarantino (habitant à Los Angeles), dans les productions californiennes de Kevin Costner (Open Range,...) ou celles de Ed Harris (par exemple Appaloosa - Ed Harris est de New Jersey mais a vécu et appris son métier à Los Angeles).
Justified s'affilie de façon évidente au genre du western, presque à celui du western-comédie spaghetti italien. Ce type de western poussé à l'extrême a donné Mon nom est Personne avec Henry Fonda et Terence Hill qui a, d'ailleurs, été revisité en épisodes divers réunissant Terence Hill et Bud Spencer. Cet humour va transparaître de façon évidente dans le film culte Le Bon, la Brute et le Truand (tout le monde pensera au final du cimetière) et on en retrouvera différents degrés dans la plupart des western spaghetti en opposition aux westerns classiques les précédant.


La troisième chose à laquelle j'ai pensé étaient que "les dialogues étaient vraiment divins". Timothy Oliphant a exprimé être un fan du format TV qui continue encore à produire du scénario quand les productions filmiques mettent de plus en plus simplement des événements bout à bout pour former des blockbusters. Je suis relativement d'accord avec lui. La qualité des scénarios qui a l'époque amenaient des grandes fresques et dialogues durant 2h30-3h00 se fait plus rare qu'auparavant. Mêler sérieux et comédie tout du long est un pari plus compliqué qu'il n'en a l'air et qui est plus simple dans un rythme d'épisodes TV. Dans l'ensemble ne pas tomber dans la caricature est plutôt réussi dans Justified, l'équilibre est trouvé. L'humour est là mais jamais trop prégnant pour qu'on se dise qu'on regarde un sitcom (ou une énième itération de "Mon nom est personne). Une série similaire qui réussit à mon sens avec brio cet équilibre est Fargo mais avec un humour plus anglais.


J'ai mangé les 6 saisons de Justified avec joie et je le conseille à tous ceux qui ont aimé Tarantino, Deadwood, la filmographie de Kevin Costner ou Ed Harris et qui sont sensibles à l'humour présent dans leurs productions. Mais peut-être faudra-t-il que vous vous accrochiez pendant plusieurs épisodes pour commencer à comprendre ce que vous regardez et dans quel état d'esprit vous devez vous mettre ou ne pas vous mettre pour le regarder. La première impression peut être l'incompréhension, le premier épisode m'avait laissé froid car je m'étais fermé à son second degré, il faut passer outre et laisser l'histoire se dérouler.

Quintus-Flavius
8
Écrit par

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le 9 mars 2020

Critique lue 284 fois

Quintus Flavius

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