Je fais partie de ce groupe de personnes qui ont d'abord eu beaucoup de mal à accrocher à Kaamelott, à l'époque où il a succédé à Caméra Café sur le même créneau horaire. J'ai redécouvert la série après un certain temps, et mon appréciation a changé du tout au tout. Et puis récemment comme beaucoup j'ai eu le plaisir de constater que Dies Irae avait rendu disponible l'intégralité de la série gratuitement sur Youtube. Oui, carrément. Et quel plaisir de retrouver Kaamelott, même si après un marathon il a bien fallu constater des faiblesses.
Le roi Arthur, tout le monde connait. Mais oui, vous savez, le mec qui enlève des épées de rochers et qui cherche des gobelets. Ben dans Kaamelott, le souverain britannique est dépassé par l'incompétence congénitale de ses indécrottables chevaliers, tandis que sa femme Guenièvre l'agace et que sa belle-famille ne manque pas une seule occasion de lui briser les burnes à chaque repas. Et que dire de Merlin, charlatan accompli, ou de la Dame du Lac, qui fait passer le malheureux pour un fou ?
Kaamelott, c'est une série de personnages plus réussis les uns que les autres. La série d'Alexandre Astier est souvent comparée à Holy Grail pour des raisons évidentes, et pourtant on a un humour très différent du nonsense britannique. Kaamelott arbore en effet un humour beaucoup plus bavard, plus gaulois par certains aspects (ce qui est assez logique), et exploite pleinement les codes de la sitcom, employant le comique de situation, le comique de répétition et le quiproquo de manière presque incessante. Le motif du quiproquo est d'ailleurs employé de manière essentiellement linguistique. Les problèmes de communication sont omniprésents, le décalage des registres de langage est utilisé comme ressort comique, les jeux de mots sont légion...
Kaamelott, c'est tous ces personnages avec leurs propres origines qui essaient de se comprendre sans cesse et qui n'y arrivent jamais. On pourrait presque déceler une parenté avec le théâtre de l'absurde. Ce qui est fou, c'est que ça fonctionne du tonnerre. Ce qui est à mettre en grande partie au crédit des comédiens, d'ailleurs, qui arborent presque tous un jeu remarquable. Malheureusement, la monotonie de certains personnages se fait ressentir (en particulier Perceval, même s'il faut reconnaitre qu'il a à son compte certains des moments les plus mémorables de la série), les gags finissent par tous se ressembler (surtout vers la fin, où certains épisodes sont des recyclages complets d'épisodes précédents), et faut bien le dire, la veine semble s'essouffler par moments. Et que dire de la fin de la série, et son ton radicalement différent ? Loin de moi l'idée de reprocher à Astier d'expérimenter (et d'ailleurs c'est pas vraiment mauvais et ça se base sur des choses qui se sont construites sur le long terme dans la série), mais faut bien reconnaitre que quand on se rue devant sa télé pour recevoir sa dose d'humour et qu'on se retrouve devant Lancelot qui passe cinq minutes à dévisager un mec en capuche, bah ça fait bizarre.
Cela dit, en regardant la série sur la longueur, on découvre des choses presque indécelables, certains gags ne prenant leur sens complet qu'après x répétitions notamment.
Kaamelott, c'est une oeuvre assez remarquable, un ovni alors que la comédie française semble sans cesse repousser les limites de la nullité. Un incontournable, pour peu qu'on parvienne à accrocher à ce style si unique et particulier.