Kaamelott
7.9
Kaamelott

Série M6 (2005)

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La chevalerie, c'est pas là où on range les chevaux ? (SPOILERS)

Avant-propos : ce n’est pas vraiment une critique à proprement parler, c’est une sorte d’analyse avec quelques avis personnels, une volonté d’interpréter ce que j’ai senti. J’avais vraiment envie d’écrire sur la série. Il y a des SPOILERS, donc à vos risques et périls.
Prenez-moi pour une fangirl, c’est ce que je suis.


LIVRES I, II, III & IV


Situations comiques (avoir la chiasse en pleine bataille après avoir bouffé des champignons vénéneux, pour ne citer qu’un exemple), personnages débiles et répliques carrément hilarantes : ce sont les ingrédients que réunit Kaamelott. En effet, que serait cette série sans ses répliques ? Qui n’a jamais entendu un « C’est pas faux » ? « Le gras c’est la vie » ? Ou tout simplement repris le « Cuillère ! » du chef burgonde ? Peu de personnes je le crains.
En globalité, le Livre II de Kaamelott a gardé la même recette que le premier : humour omniprésent, quêtes plus ou moins éventrées par maladresse, ras-le-bol d’Arthur.
Pas grand-chose à dire de plus sur ce livre, si ce n’est qu’on commence gentiment mais sûrement à apercevoir une certaine tension entre le roi et son fidèle Lancelot, révélatrice du début de la perte d’équilibre du royaume et de la légitimité qu’a Arthur à gouverner.
La particularité des deux premiers livres, c’est de n’avoir aucun fil conducteur : vous avez raté l’épisode de la veille ? Aucun souci, vous ne serez jamais perdus, puisque chaque épisode a son histoire.
Dans le Livre III, on commence à avoir une chronologie des épisodes. Là encore, on est toujours face à l’humour, véritable signature des premiers livres de Kaamelott, seulement les choses commencent à se gâter.
Ce livre amorce des situations plus graves, et a, comme les précédents livres, même si je ne l’ai pas mentionné, des références et des indices quant à la légende Arthurienne mais aussi sur la suite qui va être donnée à la série.
Et ce, notamment, avec l’histoire racontée au neveu de Karadoc qu’Arthur est contraint de garder. La légende du roi est donc transposée ici pour être comprise par un enfant, les personnages deviennent des ours, faisan et autres cerf. C’est mignon, mais ça a une conclusion qui pour le moment est anodine, puisqu’elle parle de la dépression du petit ourson, qui n’est autre qu’Arthur.
Le Livre IV est une prolongation du III, sauf que la césure avec les premiers livres est de plus en plus importante, malgré l’humour toujours présent mais fortement diminué face à la tension dramatique.
Sur ces quatre livres, je n’ai pas grand-chose à dire niveau interprétation, car tout est assez clair. Pour résumer, je dirai vraiment que ces quatre premiers livres sont souvent considérés comme les piliers de Kaamelott, effectivement, ce sont souvent les préférés du public, puisque ceux-ci n’acceptent pas (ou ne comprennent pas) le changement brutal dès le Livre V de traitement de l’histoire, de format et de registre. Personnellement, j’ai longtemps considéré que les deux derniers livres de Kaamelott n’avaient pas lieu d’être s’ils étaient ainsi. Un récent visionnage de l’intégrale m’a permis de comprendre certaines choses et d’avouer mon crime : je préfère Kaamelott et ses personnages dans un registre plus grave.


Dès le cinquième livre, on commence à entrer dans le vif du sujet. Le Livre V est très important pour Kaamelott, puisqu’il se passe plein de choses, explicites ou non.
Le Livre V, c’est avant tout une quête. Et on le voit bien dans les décors, puisque l’histoire ne stagne plus au château, Arthur évolue dans la nature, et au passage, on y voit des paysages sublimes : la forêt, la côte, les falaises… L’ancien roi sera davantage motivé à chercher sa potentielle progéniture qu’il ne l’a jamais été pour rechercher le Graal. Arthur rencontre à l’aller des personnages qu’il connaît bien, comme ses anciens chevaliers ou les paysans. Au retour, il côtoie, avec l’appui de Méléagant (l’homme en noir) à nouveau des personnes inconnues qui sont pourtant révélatrices du passé d’Arthur : une amie d’enfance, son père adoptif… Son retour se solde non seulement par un échec (à l’aller, il n’a pas trouvé d’enfant), mais aussi et surtout, par des rencontres qui lui en apprennent sur lui, son passé… Méléagant n’a qu’un seul but, voir Arthur souffrir et il réussit, puisqu’il arrive même à lui faire croire qu’il est infécond. La quête d’Arthur pour trouver un enfant est donc vaine, tout comme celle du Graal. Il voyait un moyen de se racheter, de donner un sens à sa vie, d’être pour une fois heureux et accompli… Il en revient perdu, déboussolé et profondément déprimé. La preuve, au dernier épisode, il tente de se suicider dans une baignoire.


Le développement des personnages est ici accru et c’en est plaisant. Davantage de psychologie, moins de surface, on arrive à mieux cerner les protagonistes. Leurs relations en subissent les conséquences pour notre plus grand bonheur pour certains. Tout d’abord, même s’ils passent toujours pour des glands, on s’aperçoit que Karadoc mais surtout Perceval sont d’une fidélité incroyable quant à Arthur. On s’en rend notamment compte lorsque Karadoc veut à tout prix retirer l’épée du rocher, il s’engueule avec Perceval qui lui interdit pour la simple et bonne raison qu’il n’y a qu’un seul roi, qu’un seul détenteur d’Excalibur et celui-ci se nomme Arthur. Karadoc accepte donc pour son amitié envers Perceval de ne pas retirer Excalibur. Même si insignifiant aux yeux de beaucoup, j’ai trouvé ce fait tellement démonstratif de la dévotion que porte Perceval à Arthur. Je trouve que c’est la meilleure preuve de l’amitié que les deux personnages se portent, même si le chevalier tape sur les nerfs du roi. Malgré tout, lors des premiers livres, le roi invitait souvent Perceval à sa table, lui avouant même qu’il aimait passer du temps avec lui, alors qu’il regrettait systématiquement son choix. Ils auraient en fait, une relation de protecteur/protégé, et on peut le voir encore une fois dans les livres précédents, lorsqu’Arthur aide son chevalier à donner davantage de consistance à ses récits à la Table ronde.
Le personnage de Guenièvre est quant à lui moins con, moins maladroit et carrément plus mûr. Même si ce n’est pas réciproque, celle-ci est prête à tout pour Arthur, elle l’aide, le soutient, le défend. Et on y voit un certain respect de la part de ce dernier, car lui aussi, il la défend et l’apprécie. Guenièvre, là où elle était complétement inutile dans les premiers livres se transforme en un véritable pilier pour son mari, il peut se reposer sur elle, se confier, et trouver une aide inconditionnelle auprès d’elle.
De plus, des relations père/fils se tissent : Arthur et son enfant fantasmé lors de ses rêves en est un très bon exemple. Il imagine cet enfant, il lui sourit, il le porte, s’amuse avec lui. Mais ce genre de relations est aussi vu lors de ses « retrouvailles » avec son père adoptif. Il sait à quel point il l’a blessé en ne lui donnant pas de nouvelle et s’excuse tant bien que mal auprès de lui. Puis parlons de ce passage plus ou moins énigmatique au phare, le repère du Pêcheur, le père des Jumelles. Plus révélateur qu’autre chose, le Pêcheur raconte qu’il attend son fils, parti à la pêche, il angoisse de ne plus le revoir, sauf que cela fait quinze ans qu’il est parti. Cependant, il l’attend toujours, avec la même angoisse qu’au premier jour, pensant qu’il va revenir d’une minute à l’autre, c’est un homme rongé par la folie. Lors du départ d’Arthur, il s’excuse de n’avoir parlé que de son fils. Celui-ci lui répond qu’il n’a pas parlé de lui souvent, et le Pêcheur confirme que si, il n’a parlé que de son fils disparu. Désappointant, mais tellement révélateur de ce que ressent Arthur avec son enfant qui n’est pas disparu, mais qu’il attend aussi depuis quinze ans. Les deux hommes ne sont plus que les ombres d’eux-mêmes et sont obnubilés par la pensée de cet enfant disparu/inexistant. A tous les deux, il leur manque quelque chose : leur fils.
Abordons le sujet de Méléagant, sûrement le personnage le plus sombre et complexe de Kaamelott. Sombre, car il montre une volonté de fer à voir s’écrouler autour de lui des personnes, il est censé leur montrer le chemin, mais ne fait que les enfoncer. Il pousse Lancelot à tuer Arthur, mais voyant que le premier est trop faible psychologiquement pour s’y atteler, il préfère prendre les choses en main lui-même et se présente à Arthur en tant que guide. Plutôt que de l’emmener à Kaamelott, il le guide vers son passé, le brisant à chaque rencontre. Coup de maître, il se sert de la Pytie pour lui croire qu’il ne peut pas avoir d’enfant. C’est donc un personnage voué au sabordage des gens, il n’a qu’une motivation, celle de semer le chaos autour de lui. Complexe, car on ne sait pas vraiment qui il est, même si on suppose qu’il est la Réponse des Dieux, évoqué par le livre Les Prophéties du Père Blaise. La réponse à son affront quant à l’histoire avec Mevanwi. Cette réponse, c’est la venue sur terre du Dieu des morts solitaire des frayeurs. Il a la capacité de voir l’avenir et surtout, il soumet Lancelot et surtout Arthur à sa volonté, volonté de les saborder, de tuer ce qu’ils ont de positif en eux. Et même s’il réussit son coup avec Arthur, puisqu’il le pousse au suicide, il n’y parvient pas avec Lancelot, vu que c’est lui qui sauve l’ancien roi, alors qu’il était initialement venu pour le tuer. Pire : pour le sauver, il utilise la magie blanche, l’instrument des dieux « de la vie », dont la messagère est la Dame du Lac.


Les personnages « anciens » de Kaamelott ne sont pas en reste. Puisque comme je le disais plus haut, leur psychologie a été développée et certes, Guenièvre a changé, mais Bohort devient courageux, on surprend Merlin à se racheter une sorte d’estime et de respect, parce que celui-ci passait davantage pour un abruti qu’autre chose, mais maintenant dans son élément (la nature, la vie extérieure), il peut vaquer à ses occupations de druide initial. Alors oui, le comique des personnages a carrément perdu de son poids, mais cela profite à leur personnalité carrément accrue, le Livre V, c’est le livre le plus sombre et le plus sérieux de Kaamelott, les personnages sont construits, creusés, et c’est tout bonnement plaisant. C’est les nouveaux qui prennent leur place en leur piquant l’humour, c’est le cas du personnage du Duc d’Aquitaine qui est véritablement soumis à sa femme, mais qui est aussi très intelligent.
Le Livre V a déçu les fans. Il les a déçus parce qu’il ne présente plus le même format, parce qu’il n’est plus drôle. Là où ce livre signe la déception, il sonne pour moi comme une sorte de révélation et d’admiration. Révélation puisque c’est grâce à lui que j’ai pu apprécier à sa juste valeur le travail de qualité d’Alexandre Astier qui n’hésite pas à déboussoler son public. C’est un petit peu comme le créateur de Kaamelott avait créé le monde des Bisounours pour pouvoir mieux y foutre le feu. A l’image de Méléagant, Alexandre Astier « saborde » sa propre série pour lui donner un registre totalement différent, un ton plus grave, et une dimension complètement sérieuse. Il donne à ses personnages, à ses créations, une nouvelle force, une occasion de se racheter et de passer pour des gens biens et tellement humains. La narration a évolué, on ne se contente plus de petites histoires drôles, de gags, mais d’une réelle histoire travaillée. On prend plaisir à voir Alexandre Astier secouer tout ce petit monde (public et personnages de la série), à le voir s’élever au rang de créateur de série. Attention, je ne dis pas qu’il était nul avant. Mais grâce au Livre V, on prend vraiment conscience de tout son génie narratif qui peut aussi bien exercer dans un ton sérieux. Il utilise même les décors pour montrer à quel point il peut faire autre chose que des plans à l’intérieur, ici, la caméra bouge, elle se fond dans le décor, la nature est la meilleure alliée du créateur de Kaamelott, elle est variée et révélatrice du temps qui passe : on passe de l’hiver au printemps. Bref : il a osé, il a eu raison.


Le Livre VI de Kaamelott met en scène la genèse de la série. Là où le Livre V développait tous ses personnages en laissant Arthur "de côté" (même s’il se montrait plus faible, plus déprimé), ici, on nous montre un jeune Arturus plein de bons sentiments et sous un nouveau jour : c’est un grand sentimental qui a déjà des prédispositions à sauver la veuve et l’orphelin, il a des amis, dont Manilius, lui aussi soldat de la milice urbaine romaine ou encore Caïus, mais il n’est pas animé par une quête divine. Ici on trouve beaucoup de personnages romains (logique) : les soldats, les sénateurs, les habitants, la haute société ou encore l’empereur lui-même. On y voit aussi les « jeunes » Merlin, Père Blaise ou encore le Maître d’armes.
Pour ce qui est des romains, je voudrais notamment parler de deux personnages très importants : Aconia, la préceptrice d’Arturus dont il tombe amoureux au fil du livre. Malgré leur engagement marital respectif (lui va devoir épouser une fille de clan dans un but politique, et elle, est mariée à un homme absent), elle accepte le mariage secret (et chrétien) avec Arturus. Elle lui fait d’ailleurs tenir une promesse : il ne touchera jamais sa femme (Guenièvre), il pourra avoir autant de maîtresses qu’il veut, mais il ne devra en aucun cas coucher avec sa femme. J’y reviendrai. On a également la présence d’un personnage, qui malgré sa petite présence, se révèlera très important, c’est celui de César (incarné par feu Pierre Mondy). Très enfantin, à la limite de la sénilité, l’empereur donne pourtant à Arturus des conseils précieux sur son futur rôle de roi de Bretagne, mais lui fait également un cadeau pour qu’il croie à la magie. César étant symboliquement le père d’Arturus, ils se respectent, se font confiance. Seulement, l’empereur va trouver la mort, les veines tranchées avec l’aide d’un certain Méléagant qui l’a poussé au suicide, lui rapportant que la journée préférée de l’empereur peut être vécue des centaines de fois par celui-ci, mais qu’il n’y a qu’une seule solution pour cela : mourir. Méléagant trouve donc encore bon de foutre la merde dans un empire déjà bancal.
Avec le Livre VI, on assiste au passage de série télévisée à œuvre de cinéma. Parce que oui, ce livre est bien la transition entre la série Kaamelott et les futurs films que l’on verra sur grand écran. Tout d’abord, le format, ici, un épisode dure aussi longtemps que la moitié d’un film. Le générique se veut plus en rapport avec le monde du cinéma que du paysage télévisuel et est plutôt sympathique, tant niveau musique, qu’au niveau de l’image. Les décors sont très travaillés, d’ailleurs, les scènes à Rome ont été tournées à la Cinecittà, qui est tout bonnement un complexe de studios de cinéma italien. Un autre point qui tend à nous montrer cette volonté d’entrer dans le monde du cinéma, c’est la présence quasi-constante d’acteurs de cinéma. Je ne dis pas qu’il n’y en avait pas dans les autres livres, mais en moindre mesure, puis ils étaient davantage sortis du théâtre. Non, ici, on a des personnes qui ont fait du cinéma : Tcheky Karyo, Valeria Cavalli ou encore Pierre Mondy. Et puis, parlons pour finir de la musique tarantinesque des dernières minutes du dernier épisode du Livre VI.


Déjà que le Livre V faisait le scandale chez les fans de la première heure, reprochant au livre de ne pas être comique, d’être long… Le Livre VI ne fait qu’accroître leur déception, pire leur colère. Combien de fois ne suis-je pas tombée sur des forums de fans de Kaamelott qui insultaient Alexandre Astier, qui l’accusaient de leur avoir volé la série ? Qu’est-ce qu’a donc fait Alexandre Astier pour s’attirer les foudres de son public qui l’avait élevé au rang de créateur de génie. Il a juste construit et amené son œuvre là où il voulait qu’elle aille. Car les fans auront beau dire ce qu’ils veulent, si Astier veut transformer sa série, c’est encore lui qui décide. Et il y change non seulement le format (ici, on a neuf épisodes d’une quarantaine de minutes environ), le lieu (Rome) et les acteurs (au revoir les chevaliers de la Table ronde). Envolés, l’humour véritable, l’esprit de Kaamelott, le rythme adopté par des milliers de fans, Astier a trahi son public ! Scandale ! Par le simple manque d’humour, ces admirateurs préfèrent décamper plutôt que d’essayer de voir ce qu’est Kaamelott sans ses répliques (même s'il y en a toujours dans ce livre). Certes, ces répliques ont constitué un atout majeur pour la série, ils étaient limite son âme dans les premiers livres, mais Alexandre Astier nous montre qu’il peut prendre des angles plus graves et rester intéressant et captivant. Kaamelott n’est pas que des vannes, ni des répliques bien senties. Si on n’exploite cette série que par ses vannes, c’est ne donner aucune importance aux autres atouts du créateur qui nous montre à quel point son œuvre est rare et absolument délicieuse, quels que soient les angles qu’il prend.


La relation entre Arturus et Aconia mérite d’être approfondie. En effet, c’est à cause d’elle que la pauvre Guenièvre connaît bien des tourments quant à son mari qui ne la touche pas. Seulement, cette promesse mérite elle aussi d’être explorée plus en détail, car elle pose certes la réponse ultime du non-désir d’Arthur pour Guenièvre, mais nous donne en revanche une multitude de questions qui méritent d’être éclaircies. Pas de panique, je vous mâche le travail (ne prenez pas ce que je dis pour la parole divine non plus, ce n’est qu’une interprétation). La promesse faite à Aconia est la suivante : non, je ne toucherai pas ma femme. Qu’en est-il de l’épisode de Mevanwi alors ? Je pense que c’est seulement la VRAIE future reine qui est visée, n'y voyez pas de dimension personnelle, puisque Guenièvre et Aconia ne se connaissent pas. Mais pour moi, il a le droit de coucher avec Mevanwi car elle n’est que la femme d’un autre et qu’elle est au début une simple maîtresse, en effet, la promesse s’adressait uniquement à la femme à laquelle Arthur pourrait potentiellement tomber amoureux. Seulement, pourquoi respecter la promesse faite à une femme qui s’enfuit avec son mari ? Tout simplement par amour. Je n’ai pas de meilleure explication que celle-ci. Aconia reste la seule femme qu’Arthur n’ait jamais aimée. Mais avec qui une vie heureuse est impossible, d’ailleurs la perte de l’alliance d’Arthur par Manilius est révélatrice de cet amour impossible. Mais plutôt que de trahir l’amour de sa vie, il préfère la respecter, même si celle-ci l’a justement trahi. Sans compter que par extension, c’est à cause d’elle que son meilleur ami est mort. En effet, Arthur insiste pour retourner à Rome avec Manilius pour chercher Aconia, celui-ci lui prédit leur mort certaine (les romains ne voulant plus entendre parler d’Arthur), alors que sa femme s’enfuit avec son mari, lui laissant une robe (de mariée) rouge en souvenir, Manilius est tué par la milice romaine alors qu’il allait chercher sa femme. En même temps qu’il perd son meilleur ami, Arthur voit César mort. Le retour romain d’Arthur se solde par un échec, une solitude amicale, paternelle et amoureuse… En somme une profonde tristesse.


Qu’en est-il du dernier épisode ? C’est sûrement l’épisode le plus noir de la série Kaamelott. Plusieurs mois se sont écoulés après la tentative de suicide d’Arthur et celui-ci est encore très faible, sa mère dans sa légendaire délicatesse annonce même sa mort, c’est alors que ces anciens chevaliers et proches viennent le visiter sur son lit de mort. On y voit notamment Perceval, à qui Arthur raconte son rêve qui peut potentiellement lui plaire vu qu’il aborde le sujet de l’espace et d’un vieux (les fantasmes ultimes du chevalier). Ce vieux l’emmène jusqu’à Kaamelott, dans la salle de bain où il a voulu se suicider et lui explique que la baignoire est le Graal, que tous les suicidés sont le Christ. D’ailleurs, Arthur a l’apparence d’un véritable Jésus : vieille toge, cheveux longs, barbe…
Entre ses périodes de sommeil, il reçoit également Guenièvre qui lui en veut terriblement d’avoir tenté de se suicider dans le bain qu’elle avait préparée elle-même. Il lui répond qu’il avait fait surtout cela pour que personne ne ferme les yeux sur sa souffrance, sur son existence.
Enfin, il reçoit Lancelot à qui il lègue le pouvoir (qu’il venait de récupérer par Karadoc qui en a tout bonnement marre de régner)… Sauf que celui-ci se fait une fois de plus détourner par Méléagant qui l’incite à mettre à feu et à sang le royaume, pourchassant les chevaliers et brûlant symboliquement la Table ronde, réduisant à néant tout le travail d’Arthur.
C’est alors qu’Arthur reçoit Venec qui l’emmène et le sauve des griffes de Lancelot et de ses hommes, il l’emmène sur la plage et le conduit au dernier endroit où Lancelot irait le chercher : Rome. Il se réfugie alors dans la villa d’Aconia et se refait une santé et prépare son retour.
Venec n’était pas la première personne à laquelle j’aurais pensé pour endosser le rôle de sauveur d’Arthur, mais je trouve que faire passer ce personnage pour un réel gentil est assez agréable. Il est tout simplement beau dans cet épisode (physiquement comme symboliquement). Bien entendu, Venec a toujours montré du respect envers le roi, et même si c’était par intérêt, on sait que son acte à l’issue de cet épisode est complétement désintéressé et dénué de tout sens politique et économique.


Le dernier épisode, et surtout ses dernières minutes sont révélatrices du passage au cinéma d’une part et du renouveau d’Arthur, de sa volonté de revenir et de se battre. La présence de la robe rouge d’Aconia est symbolique : elle lui donne la force de se reprendre en main et c’est grâce à elle qu’il s’entraîne à l’épée dans le vide avec, comme musique de fond, le thème de Jo, dont la seule présence pourrait s’expliquer par l’hommage rendu à Louis de Funès, auquel Kaamelott entier est dédié. Mais ce thème est aussi un mélange de musique de films français d’antan et de western, on se croit vraiment dans un film de Tarantino, la musique est assez héroïque et donne un côté de renouveau à la série et au personnage d’Arthur.


Je voudrais finir par cette conclusion très personnelle qui va sûrement me faire passer pour une imbécile sentimentale, mais qu’à cela ne tienne, je fais ce que je veux, moi aussi ! En fait, je voulais surtout, comme je l’ai dit en avant-propos, faire un hommage à la meilleure série française selon moi, celle qui m’a fait rire, pleurer. Je ne me lasse pas de la revoir encore et encore. Mais je n’ai eu l’occasion (l’envie surtout) de regarder le Livre VI de Kaamelott que dernièrement, car je n’avais pas envie d’être déçue et j’en avais entendu parler par des termes plutôt négatifs, alors j’ai fait l’autruche. Et je me rends compte que j’ai été conne, vu que l’issue de la série me plaît.
Merci Alexandre Astier de m’avoir fait rêver, merci d’avoir donné à la légende arthurienne un souffle inédit.
(Et merci aux potentiels lecteurs m’ayant lue jusqu’au bout : vous avez droit à une gommette verte, demandez-la moi.)

Szagad
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le 16 mai 2015

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