Bilan de mi-saison



L'histoire d'Hajime Isayama m'a tenu en haleine, mais force est de constater que j'ai trouvé le travail du studio Mappa plus inégal que celui réalisé jusqu'à présent par Wit


Non pas que cette saison soit mauvaise (loin de là), mais certains choix d'adaptation m'ont laissé franchement dubitatif, à commencer par celui de raccourcir autant d'éléments au début de l'arc Mahr et lors du flashback consacré à Reiner (l'un de mes passages préférés dans le manga), pour ensuite énormément ralentir le rythme. 
Beaucoup de détails et subtilités de l'oeuvre d'origine ont également été zappés, mais c'était déjà plus ou moins le cas depuis la saison 3.
Dans l'ensemble, le chara-design reste très soigné et certains plans nous offrent même de vrais instants de grâce (le sublime coucher de soleil de l'épisode 2).
Mais la colorimétrie de plusieurs scènes est assez étrange. Je ne suis pas non plus friand du "flou artistique" de cette saison. Les musiques m'ont semblé globalement moins marquantes et moins bien placées que lors des précédents arcs.
Certaines scènes atténuent beaucoup le côté spectaculaire du manga, alors qu'on avait jusqu'à présent plutôt été sur la dynamique inverse.
Le point le plus problématique reste bien sûr la sur-utilisation de la 3D lors des combats (avec un épisode 6 que je considère comme raté). On est loin de la maestria de Wit Studio lors des scènes de bataille, même si ce dernier avait au fil du temps tendance à se reposer davantage également sur les modèles 3D.
J'avoue avoir très peur de ce que pourrait donner la seconde partie de cette adaptation, sachant les séquences particulièrement dantesques que comporte la dernière ligne droite du manga, après un arc moins centré sur les scènes daction que les intrigues politiques, les développements de personnages et moult dilemmes moraux.
Wait and see, comme on dit...
Malgré ces défauts, on reste toutefois sur une belle adaptation, avec un travail remarquable en ce qui concerne les seiyus. Plusieurs passages m'ont pris au tripe (notamment les flashbacks consacrés au passé de Sieg) et le rendu reste propre, ce qui tient déjà du miracle compte tenu du peu de temps consacré à la production de cette partie.
On est à des années-lumières de la catastrophe ambulante qu'avait été l'adaptation de la saison 2 de "One Punch Man" (même si j'entends bien que les caractéristiques des deux bandes dessinées ici mentionnées n'ont pratiquement rien à voir).

Cette saison est aussi l'occasion de mieux prendre conscience du chemin parcouru


Par le passé, le Bataillon d'Exploration a connu de cuisantes défaites. De nombreuses fois, les protagonistes étaient sur le point de l'emporter avant d'encaisser un pied de nez de la fatalité. 

Dans cette oeuvre survivaliste et glauque, toutes les luttes s'avéraient acharnées.


L'accumulation des difficultés dans les précédents arcs narratifs rendait l'éventualité d'une victoire inenvisageable jusqu'au Tournant Majeur et la bataille de Shiganshina. Cependant, chaque avancée, aussi mince soit-elle, et l'expérience acquise lors des combats face aux Titans, sont devenus des atouts décisifs pour la suite.
En comparaison des tâtonnement des protagonistes à leurs débuts, l'offensive de Revelio s'est avérée étonnement « facile ».


Cela s'explique par le fait que les soldats n'avancent plus à l'aveugle. Ils ont désormais des espions dans l'autre camp et contrôlent l'information, disposant ainsi d'un ascendant sur les mouvements de leurs adversaires, ce qui n'a pas pour autant empêcher des « erreurs de calcul » (repose en paix, Patate Girl).  
Les rôles sont inversés et la roue tourne. Comme le suggère l'une des affiches de cette saison, les perspectives sont désormais bouleversées. C'est au tour du protagoniste de faire l'assaillant.

Il n'en reste pas moins que le pessimisme imprègne plus que jamais le récit. Le destin plane telle une épée de Damoclès. Chaque personnage devient le héros de sa propre histoire, mais toutes sont liées par cette ironie tragique. Il se produira quasi systématiquement l'exact inverse de ce à quoi ils aspirent.
On réalise à ce stade que "Shingeki no Kyojin" ne porte pas tant sur le devenir d'un brave soldat que la naissance d'un monstre.
Si vous souhaitez une analyse plus approfondie de l'oeuvre d'Isayama, je vous renvoie à ma critique consacrée au manga.
Je tiens toutefois à préciser que la partie « spoilers » divulgâche l'intrigue bien au-delà de ce qui a pour le moment été adapté via la saison 4, soit pratiquement jusqu'à la fin de l'oeuvre (à un chapitre près).

https://www.senscritique.com/bd/L_Attaque_des_Titans/critique/129957234

Wheatley
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le 29 mars 2021

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