Quand les échecs dépassent les simples répétitions au succès

Forcément, a priori, l'ascension d'une jeune prodige des échecs n'est pas l'argument de vente le plus "youplaboum" pour le sujet d'une mini-série. Eh bien, comme de nombreux spectateurs (au vu du succès mérité que rencontre "The Queen's Gambit" sur Netflix), je me suis complètement pris au jeu de ce faux biopic à la force imparable pour nous placer au milieu d'un échiquier où l'éclosion de sa jeune héroïne en reine de la discipline est une tactique de maître visant à dévoiler ses meurtrissures d'orpheline, sa solitude incarnée dans le confort d'un univers qu'elle peut contrôler, ses liaisons dangereuses avec les paradis artificiels ou encore son affection timide mais très touchante pour les rares personnes auxquelles elle choisit de se dévoiler.
Il faut dire que l'on est instantanément happé dans la partie, les épisodes allant de la découverte du talent de cette surdouée à sa montée en puissance dans des championnats masculins à de plus en plus grandes échelles font à un tel point varier la courbe du temps vis-à-vis de leur durée (une heure environ) qu'ils filent aussi vite qu'une gélule verte dans la bouche de l'héroïne !
N'ayez surtout pas peur : que vous sachiez ou non comment déplacer un cavalier sur un échiquier, la mise en scène de la série regorge d'inventivité pour vous faire vibrer à chaque partie à l'écran, vous faire vivre leur intensité avec une aisance virtuose grâce à une variété d'idées de mise en scène qui force le respect.
Malgré quelques ficelles un peu grosses en bout de course cherchant à abaisser des leviers émotionnels moins subtils que le reste, "The Queen's Gambit" est un joli petit coup de maître qui réussit clairement à aligner tous ses pions sur une ligne hautement addictive. Et, si vous viviez encore dans une bien triste réalité où Anya Taylor-Joy était inconnue, préparez-vous à entamer un culte à la gloire de l'actrice qui, ici, trouve sans doute le meilleur rôle de sa jeune et déjà brillante carrière !