Le cœur des années folles

Les demoiselles du téléphone ou Las chicas del Cable en VO est la première série originale Netflix espagnole. Elle tire sa notoriété de sa nationalité et relate l’histoire de quatre femmes standardistes dans la compagnie de téléphone à Madrid qui se battent pour l’indépendance des femmes à la fin des années 20.

Dès la première saison on fait connaissance de l’héroïne, Alba Romero. C’est une jeune femme qui tente de fuir le pays avec une de ses amies. Elles sont rattrapées par le mari de l’amie d’Alba qui menace de tirer sur sa femme. Voulant la protéger, Alba tue accidentellement l’homme qui tient le pistolet qui a eu le temps de tirer surs son épouse. Accusée de meurtre, Alba change d’identité et prend le nom de Lidia Aguilar. Elle obtient un poste d’opératrice dans la compagnie de téléphone de Madrid et rencontre trois femmes qui deviendront ses amis mais aussi son amour de jeunesse perdu, Francisco Gomez, un homme maintenant marié.

Les acteurs sont tous bons, le jeu est crédible est comme la série mêle amour, justice et drame beaucoup y auront été sensibles. Seul petit bémol sur ce point : Certains personnages tel que Sara Millán auraient pu être plus développés et certains tel que Carolina disparaissent subitement. Les costumes et maquillages sont bien réalisés aussi. On retrouve la mode de l’époque dans les belles robes des femmes avec les cheveux courts et leurs yeux maquillés aux couleurs sombres. Le rouge à lèvres est également porté par de nombreuses femmes et Lidia ne sort que très rarement sans celui-ci. Quand aux décors, ceux-ci sont somptueux et les lumières sont souvent mises en valeur. Sur le plan historique, la lumière et d’autant plus importante puisque nous sommes dans la grande expansion électrique des années 20, en plein dans les années folles. Si tous ces aspects collent avec l’époque, la musique ne la suit pas du tout. Dans la mise en scène, tout inspirait parfaitement à un voyage dans le passé jusqu’à ce que la musique (années 2010) vienne provoquer un aberrant anachronisme et casse malheureusement une partie du réalisme.

Tout au long de la série, on suit les aventures de Lidia et ses amis dans de multiples situations : grossesses, vol, légitime défense, meurtre, emprisonnement, risque de peine de mort, etc. Toutes ces aventures nous maintiennent en haleine. Mais quelques événements ne sont vraiment pas imprévisibles. On sait à l’avance que Lidia attend un bébé quand elle fait un malaise comme que son ami Ángeles perdra le sien sous les coups de son mari. Carlos, le fils du directeur de la compagnie est amoureux de Lidia et Francisco, son amour de jeunesse aussi, il était donc évident que les deux hommes allaient se disputer. Mais beaucoup plus surprises nous étonneront ! La chute de Lidia qui tombe du premier étage, le sauvetage de Sara qui s’est retrouvée en hôpital psychiatrique ou les stratégies de la mère de Carlos pour détruire Lidia. La série ne s’essouffle pas mais semble des fois juste manquer d’un peu d’originalité par moments. Malgré cela, la série reste très plaisante à regarder pour ce point et on ne veut pas en perdre une miette !

Les quatre premières saisons nous ont donné beaucoup d’émotion… La mort d’Ángeles à la fin de la saison 4 était d’ailleurs assez touchante. Mais tout se perd dans la saison 5. La saison 4 prend fin vers 1932 et la cinquième commence en 1939, soit sept ans plus tard. Lidia a fuit Madrid avec sa fille Eva, Sofia la fille d’Ángeles et Francisco avec qui elle a décidé de faire sa vie aux Etats-Unis. Sofia a beaucoup grandit mais semble complètement stupide et insensée. Elle part à Madrid pour faire la guerre mais souffre de problèmes de cœur et ne semble vraiment pas très débrouillarde. Lidia laisse Eva aux soins de Francisco et part à Madrid pour ramener Sofia. Le hasard fait qu’elle tombe sur Marga, son amie qu’elle n’a pas vu depuis tant d’années et reprends donc contact avec toutes les autres. Le personnage de Carlos (le père biologique d’Eva) est devenu militaire, mais se fait rapidement tué car, soyons honnête, les scénaristes n’avaient clairement plus aucune idée de quoi faire avec lui. Sa mort sera maquillée en suicide mais cette histoire n’a pas d’intérêt, la fin de Carlos est bâclée. L’autre principal problème est la guerre d’Espagne. Mais la compagnie de téléphone de Madrid est complètement mise de côté. La cadre de la série change complètement, on ne voit que peu de scènes dans la compagnie et le titre n’a plus sa place dans cette saison. Au dernier épisode Lidia et ses amis on du libérer Marga du centre de rééducation dirigée par la tyrannique Carmen, la mère de Carlos et ennemie de Lidia. Carmen se suicide d’une balle dans la tête avec la seule raison de « rejoindre ses enfants » qui eux sont déjà morts. Les quatre héroïnes restantes fuient la ville en train. Forcées de descendre, Lidia, Carlotta, Sara et Marga ne pourront jamais y remonter sous les yeux de Francisco (qui a rejoint Lidia) qui perd finalement la femme de sa vie sous ses yeux. Les quatre amis meurent fusillés. La fin de la série a voulu tourner en drame ce qui rend la fin absurde puisqu’elles auraient pu survivre sans problème. La dernière saison est une vraie déception. C'est dommage pour une série qui commençait si bien ..

Les demoiselles du téléphone est une série qui a beaucoup de potentiel et qui traite de sujets très intéressants et même d’actualité. On plonge dans un monde qui se modernise et où certaines femmes ne supportent plus les hommes et se battent pour leur droits. Les débuts sont très prometteurs mais la saison de trop se conclut sur une fin particulièrement amère qui manque de sens. La série aurait du s’arrêter à la quatrième saison après la mort d’un des personnages principaux : Ángeles