Alien, le huitième passager est le premier film d’une des plus grandes sagas de science fiction de l’histoire du cinéma. Réalisé en 1979, Ridley Scott nous propose une production qui consacre un tout nouveau genre cinématographique.
Nous découvrons sept personnages dans un cargo spatial du nom de « Nostromo ». Chaque protagoniste est propre à lui-même et s’individualise. Ils sont réveillés de leur sommeil par l’ordinateur de bord et se dirigent vers une planète naine d’où émane un message de détresse. Une créature arachnoïde s’accroche au visage de l’officier lors de l’exploration et revient à bord avec elle. Le scénario n’a rien de nouveau contrairement au genre du film qui se développera plus tard. En effet, ce début d’histoire ressemble au film « La planète des Vampires » de 1965, où deux vaisseaux atterrissent en catastrophe sur une planète inconnue qui transmet un signal de détresse où une maléfique influence leur fait face. Si l’on compare au film d’Alien, il est vrai que la ressemblance est frappante. Dan O’Bannon s’est inspiré de nombreux films pour donner le scénario final. Pourtant, Ridley Scott ne nous laisse pas sur un simple remake. La mise en scène est le premier pilier de ce film. L’officier reprend connaissance lorsque l’arachnoïde se sépare de son visage. Tout le monde pense que le pire est derrière eux et que cette créature est morte. Ils se retrouvent autour d’une table et mangent en riant, parlent argent, … Les dialogues, les comportements et les réactions les humanisent nous laissant penser que tout est redevenu normal. Mais tout va se déshumaniser brutalement lorsqu’une monstrueuse créature fait exploser la poitrine de l’officier pour en sortir. Le milieu familier bouleversé par une forme inconnue. Elle s’échappe sous les yeux de tous et s’enfuit dans le vaisseau. C’est un véritable jeu de cache-cache qui commence dans les couloirs sombres et labyrinthiques du Nostromo.
Une grosse partie de l’ambiance angoissante d’Alien provient du génie de H.R Giger. L’inspiration du monstre du film est très largement inspirée d’un tableau, « Necronomicon IV ». L’Alien se retrouve dans les décors d’un film à l’image du l’œuvre de Giger : la biomécanique. Dans le vaisseau échoué, le décor et l’ambiance collent parfaitement avec le profil angoissant de l’Alien. On retrouve les couleurs, les formes, humanoïdes et l’ambiance générale inspirée par Giger.
L’idée a été de filmer uniquement quelques parties du corps de la créature ou la dissimuler dans l’ombre. Ne pas voir l’horreur mais la ressentir. Une problématique avec laquelle le cinéma d’horreur et de suspens joue énormément. La mise en scène de Ridley Scott a pour but de nous avertir de la présence de l’Alien. Nous donner une impression constante de sa proximité même si il est souvent présenté hors champ. Chaque plan nous plonge un peu plus dans l’angoisse, essayant de la chercher, de deviner et faire un véritable assemblage mental grâce à sa dissimulation dans chaque recoin sombre du cargo. L’Alien est à la fois partout et nulle part. Il ne fait qu’un avec le décor. Le charme d’Alien et donc basé sur la capacité à s’infiltrer dans les ombres quand il le souhaite. La peur du spectateur est basée sur une supposition qui semble pouvoir se manifester n’importe où et n’importe quand. Sa présence est pourtant toujours annoncée à sa victime avant qu’elle meurt (mue fraiche, organisme étranger, ombre,…). Durant tout le film, aucune attaque ne nous a permis de voir l’Alien dans sa globalité. Sauf une. A la fin du film, Ripley (interprétée par Sigourney Weaver), l’héroïne finie par l’expulser de la navette. Après que la mise en scène nous ait laissé le loisir de l’imaginer, on le voit enfin en entier, un court moment, donnant une réponse aux angoisses du spectateur. On le voit, dressé désormais sur ses deux jambes, relevant son aspect une fois avant qu’elle ne parvienne à l’exterminer une bonne fois pour toute. Petit bémol pour ce passage, mais le film datant de la fin des années 70, l’Alien présenté dans sa globalité n’est pas très bien réalisé, puisqu’on voit clairement que c’est un costume.
Pour finir, il faut parler de Jerry Goldsmith le compositeur. La musique qu’on apparenterait plus à une ambiance nous plonge dans un état d’angoisse. Ainsi, Goldsmith va créer un univers avec des intonations basses, des sonorités stridentes et dissonantes ou des crescendos intensifiant la scène d’horreur ou le suspens. Bien qu’on remarque moins l’ambiance, sur la longueur, elle est très importante. Le sentiment de peur doit toucher tout les niveaux que ce soit visuel ou auditif. Le génie de Jerry Goldsmith a été de crée une ambiance et non une musique de fond qui accompagne les actions. On pourrait croire qu’elle fait presque partie de la diégèse du film.
En conclusion, Alien est un film qu’on ne se lasse pas de regarder pour toute sa mise en scène. Ridley Scott nous offre un résultat qui lie le travail de Giger, Goldsmith, et O’Bannon. C’est une œuvre du cinéma qui fusionne parfaitement réalisme et horreur dans un monde futuriste. Le projet final a abouti sur un film qui a marqué une génération mais qui a perpétué son existence dans le genre jusqu’à aujourd’hui.