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Les orphelins seuls au monde


De 2017 à 2019, la série Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire fait son petit bonhomme de chemin sur Netflix. Chaque sortie de saison se faisait au complet ce qui permettait de visionner l’intégralité de la saison en cours à votre rythme… et attendre impatiemment la prochaine.


Occupés à s’amuser sur la plage Malamer, le trio Baudelaire se compose de trois enfants d’âge et de caractère différents. L’aînée Violette est l’inventrice, capable de créer de véritables petites machines d’inventivité avec trois bouts de ficelle et beaucoup de réflexion. Son tic est de nouer ses cheveux lorsque son esprit s’échauffe, empli de rouages. Son cadet, Klaus, est un véritable rat de bibliothèque : il absorbe toutes les connaissances qu’il lit ce qui s’étend sur de nombreux sujets. La petite dernière, Prunille, est un bébé d’un an dotée de quatre puissantes incisives qui peuvent tout trancher/mordre.


Cette fratrie reçoit, ce jour-là, la visite de Monsieur Poe, banquier de la ville, qui leur apprend que leurs parents sont décédés, la maison familiale détruite par un incendie. Le banquier étant chargé de leur dossier, il va s’occuper de leur trouver un tuteur : le comte Olaf. Ce dernier est un véritable scélérat qui ne souhaite que la fortune des Baudelaire sauf qu’il doit attendre que Violette soit majeure, celle-ci ne pouvant toucher l’héritage à l’âge adulte.


La première partie de la série va suivre un schéma assez semblable : le trio Baudelaire doit fuir le comte Olaf tout en allant de tuteur en tuteur, le comte veillant à tuer chaque individu protégeant les enfants. En parallèle, la série développe toute une intrigue nous faisant découvrir et questionner sur une organisation secrète liée aux parents Baudelaire, et à laquelle sont impliqués la plupart des adultes que croisent les Baudelaire. La seconde partie de la série va d’ailleurs plus se concentrer sur cette communauté.


Des adultes plus nuancés


Dans Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire, les enfants font face non seulement à la malveillance du comte Olaf mais aussi à des adultes sur lesquels ils ne peuvent pas se reposer. Monsieur Poe n’est pas un mauvais homme, mais il est parfaitement médiocre. Il refuse d’écouter les appels à l’aide des Baudelaire, persuadé de mieux savoir qu’eux et qu’ils exagèrent comme tous les enfants. Les Baudelaire se retrouvent ainsi à faire face eux-même au danger, isolés et abandonnés de tous. Même la juge Abbott, si elle adore les enfants Baudelaire, est complètement incompétente dans son poste et n’est pas celle qui les sauve du comte Olaf. Lorsqu’un adulte se montre compétent et, surtout, les écoute, il est affilié au VLC : cette organisation secrète qui détient nombre de réponses.


Si dans les romans, le pan adulte est le moins développé de l’univers, il l’est bien plus dans la série. Cela a permis de nuancer certains personnages comme l’Homme aux crochets, membre de la troupe du comte Olaf. Jouant les acteurs de série B, le comte Olaf possède une troupe qui ressemble plus à un gang qu’à un troupe de théâtre. L’Homme aux crochets dénote dans ce groupe : il exprime plus de sensibilité, se montre gentil envers Prunille… Cela permet de mieux amener les révélations sur son passé lors de la troisième saison. De même, la Montagne Vivante a connu une complète réécriture que je préfère à la version originale. Au sein du roman, la Montagne est caractérisé comme un être sans sexe car si gros et informe qu’on ne peut pas deviner son genre. Dans la série, l’individu se définit comme non-binaire. Lorsque Olaf infiltre une école, ce personnage va prendre le rôle d’un professeur s’occupant de théorie du genre. L’individu se retrouve ainsi plus nuancé dans sa caractérisation et modernisé.


Pour citer un autre personnage adulte, hors de la troupe d’Olaf, qui a aussi subi des changements d’écriture : Olivia Caliban. Si dans le roman elle n’apparaît qu’en tant que dame Lulu dans La Fête féroce, au sein de la série on découvre comment elle intègre le VLC.


Niveau écriture, la série se permet d’ailleurs d’apporter ce qui pourrait être l’équivalent d’un épilogue pour le roman. Je n’en dirais pas plus pour ceux et celles souhaitant découvrir la série mais, personnellement, j’ai apprécié cette fin qui apporte d’ultimes explications sur de grandes questions qui maintiennent l’intrigue de la série. Et l’ultime scène propose une parfaite fermeture de la série.


Un sans-faute technique


Visuellement, la série est une réussite. Sur bien des plans, elle rappelle les travaux de Tim Burton et Henry Selick avec ce parti pris gothique dans certains décors, surtout au début de la série avec la grisaille de la plage de Malamer. Car la série va puiser dans moult autre inspirations selon l’endroit où se déroule l’intrigue. Comme dans le roman, chaque lieu traversé par les Baudelaire possède sa propre identité graphique qui se voit extrapolée. Le village aux corbeaux a des allures de ville pionnière abandonnée, la scierie est une micro-citée industrielle dominée par une tour, et le cirque a tout le clinquant désuet d’une foire abandonnée datant d’un temps ancien.


Les costumes sont tout aussi de bonne facture. Visuellement, je ne trouve rien à reprocher à la série. Esmée, la compagne d’Olaf, possède une garde-robe fantasque et outrageusement exagérée qui s’accorde totalement à son identité de femme à la mode. Quant au comte Olaf, mauvais acteur se déguisant sans cesse, ses atours sont toujours l’occasion d’un clin d’oeil comme son Gunther qui n’est autre qu’une parodie de Karl Lagerfied. Même son travestissement en secrétaire des années 20 évite de tomber dans le grossier.


Le travail des acteurs est tout aussi irréprochable, tout autant que le doublage. J’ai regardé la série entièrement en français : les multiples jeux de mots et références sont retranscrits. Certains tombent parfois un peu aux oubliettes comme celle où l’Homme aux Crochets propose une tarte au citron (“lemony” en anglais) : le terme anglais est une référence directe à Lemony Snicket, personnage que le comte Olaf connaît et déteste. Lemony, en tant que narrateur, se permet plus d’une fois de briser le quatrième mur en s’adressant directement au lecteur. La série reprend là l’écriture si particulière du roman puisque tout le récit y est conté aussi par Lemony qui commente les actions et rappelle au lecteur (devenu spectateur dans la série) que tout ceci finit mal et qu’il vaut mieux trouver ouvrage plus joyeux.


Une adaptation réussie


Même des mois après avoir visualisé Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire, je ne saurais pas lui trouver de véritables défauts. Elle en possède, comme certaines blagues qui ne sont pas traduites en français mais elles sont minimes. Les différences avec le roman permettent de développer tout l’univers adulte et surtout le VLC, cette fameuse organisation secrète.


Est-ce que je conseille la série à tout le monde ? Sans hésitation. Elle peut être appréciée par ceux n’ayant jamais approché l’univers, tout comme ceux qui connaissent déjà les romans puisque la série apporte son lot de surprises. Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire est la preuve que l’adaptation de saga littéraire se prête mieux au format série qu’à celui du film.

So-chan
9
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Créée

le 11 oct. 2020

Critique lue 240 fois

So-chan

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