"Louie Louie, oh baby, I'said we gotta go..."

J'ai découvert l'existence de Louis C.K sur SC, un beau jour ou feuilletant je ne sais plus quel page de je ne sais plus quel éclaireur, je suis tombé sur une série de critiques élogieuses et des notes plutôt hautes.
J'ai donc décider de me foutre les mains dans le cambouis et de moi même plonger dans le monde de Louie, sachant que je n'aime pas spécialement le stand-up américain, c'est plutôt à reculons que je m'engageai là dedans.
Pour ceux qui aiment écouter un peu de musique en lisant.

N'ayant pas encore posé les yeux sur Seinfield, je dois dire que la série m'a parue assez novatrice au niveau scénario (une sit-com sur un comédien, c'est pas banal). Mais c'est surtout dans son découpage et dans ses thèmes qu'elle se démarque.

L'alternance spectacle stand-up et sketch scénarisé est bien maîtrisée, le passage stand-up en césure entre deux sketchs est bienvenu, les extraits de spectacles sont bien choisis et drôles. On trouve aussi des passages de spectacle au début et à la fin de chaque épisode.

Côté thématique ça devient vraiment original. Tour à tour chantre de la masturbation, père aimant et protecteur, Don Juan pathétique, Louie touche à tous les problèmes de l'homme moderne sous couvert d'un humour assez cynique. Il pousse à s'interroger sur la société, américaine mais plus généralement occidentale, la vie dans les grandes villes. Ainsi, dépeignant la réaction d'une "campagnarde" face à un sans domicile fixe, il montre avec justesse le cruel manque d'empathie qui caractérise l'homo urbanus.
Parfois, Louie force le trait, délivrant un portrait au vitriol de l’Amérique et de la population urbaine tout en prétendant traiter des problèmes de tous les jours, en s’intéressant à la condition d'un père divorcé tentant tant bien que mal de se replonger dans les rendez-vous galants.

Côté mise en scène la série n'est pas en reste. Un extrait me revient en particulier : celui où se trouvant dans le métro il s'extasie devant un joueur de violon lorsqu'un clochard arrive au second plan et se douche en public. Terriblement évocateur pour qui a déjà été à Paris, surtout pour ceux qui comme moi n'y vivent pas et sont encore plus déstabilisé par le métro et sa population à chaque passage...

Bon, là je ne dis que du bien de la série, on pourrait finir par se demander pourquoi je met 7, je vais passer pour un pisse-froid.
Donc, mon problème majeur avec cette série, le pourquoi elle ne vaut pas plus que 7, c'est la qualité trop inégale des épisodes. La saison 1, notamment, recèle probablement 5-6 épisodes bien trop médiocres.
Pareillement, la saison 2 connait parfois des baisses de régime surprenantes. Globalement, pourtant, la série se bonifie avec le temps, l'ensemble trouve un rythme, les gags se font meilleurs et les acteurs trouvent leurs marques. Mais on se retrouve toujours avec des sketchs bien en deçà du niveau habituel. Quoi penser, par exemple, du passage où la sœur de Louie, enceinte, rend visite à ce dernier. Je n'en dis pas plus, ceux qui ont vu sauron(s) reconnaître ce sketch à l'humour bas de plafond, absolument anti-comique.

C'est une série qu'on se doit de regarder. C'est frais, original, le découpage entre sketchs et extraits de Stand-up est bon, les thèmes abordés sentent tellement le vécu que le bougre arriverait à te faire croire qu'il se film en situation réel, soutenu par un visuel qui donne une vraie authenticité à la série.

Il y a dans cette série une qualité de montage qui m'a surpris, une maîtrise qui pousse à remettre certains de nos gestes quotidien en question en juxtaposant un passage à se tordre de rire et une situation absolument tragique.
Et sans allez chercher bien loin, la série est tout simplement drôle et très juste à de nombreux moments.
Dommage que sur si peu d'épisodes on trouve autant de passages dispensables...

Ps : J'avais commencé, par erreur, par Lucky Louie, une série fort différente, très sitcom "old school", moins bien rythmée mais plaisante.