La France aussi sait faire de l'horreur: coup de coeur

Marianne est, je pense, un projet ambitieux : la première grosse série d'horreur française ; alors rien qu'en entendant cela, on a peur. Peur, car déjà le cinéma français tente peu de choses et lorsque il en tente parfois, c'est affreux, et car, enfin, niveau horreur, on est loin d'être convaincant. Et pourtant, et pourtant, Marianne est peut-être le début de quelque chose. Pourquoi ? Et bien, peut-être parce que finalement, on est face à une excellente série d'horreur inventive (chez nous), et c'est franchement une bonne nouvelle.

On suit le combat d'Emma, une jeune romancière acerbe et des plus antipathique face à Marianne, une entité démoniaque qui sort tout droit de son imagination et de ses récits. Et cela, on le suivra pendant 8 épisodes, ce qui permet au récit de prendre le temps de s'installer, de nous faire connaître les personnages et de proposer une histoire plus que convaincante, sauf dans son final, certes bon, mais en dessous du reste de la série et qui laisse une très légère déception du fait qu'on comprend peut-être pas vraiment la fin.

Alors non, Marianne n'est pas sans défauts, ce qui serait bien évidemment trop beau pour être vrai. On a les dialogues (ex : scène sur la crique) qui sont parfois à la limite du ridicule et de la gêne à certains moments, du fait que la plupart des acteurs (et ça concerne aussi Emma - Victoire Du Bois mais à certains moments) ont un jeu assez mauvais. Cela concerne aussi certains personnages : le prêtre, une vraie blague (on n'a jamais vu un prêtre aussi ridiculement construit dans un récit), l'inspecteur incarné par Alban Lenoir qui est lui aussi ridicule mais reste un personnage qu'on apprécie justement à cause de cela, et enfin l'amie d'enfance Aurore, un personnage affreux et une actrice parfaitement mauvaise.

Autre défaut de la série peut-être certaines idées ou "arcs narratifs", notamment toute l'histoire autour des parents de l'héroïne qui est là encore parfois gênante et peut-être développée bizarrement. Enfin, c'est dans l'humour encore une fois que la série dérange, avec des blagues mal placées, pas toujours utiles et qui rendent le récit lourd et sans lui, on aurait pu avoir une œuvre plus réussie.

Mais ce sont les points positifs qu'on retiendra parce que, en réalité, Marianne a de quoi convaincre. Notamment dans sa réalisation qui n'a rien à envier à certains films d'horreur, tout comme ce montage qui offre des allers-retours qui arrivent à ne pas perdre le spectateur, également les transitions sous forme de livres conformes au récit, peut-être pas la meilleure idée, mais c'est original et on s'y fait. Le lieu choisi, la Bretagne bien évidemment, offre un cadre à l'histoire qui se veut bon. Le personnage d'Emma, certes on a du mal à l'apprécier, mais c'est justement parce que c'est l'histoire qui le veut : elle est bien antipathique et finalement, on se met à l'apprécier à la fin.

L'histoire est très intéressante à suivre et on a le droit à deux excellents épisodes, 5 et 6 : l'horreur est présente et parfois cela va déranger les plus sensibles (l'ambiance est bel et bien angoissante), c'est violent et sanglant : autre point très réussi, et c'est là où peut-être on est le plus surpris du fait qu'on est face à une production française ! Mais c'est surtout le personnage de Marianne, où du moins celle qui pense l'être, incarnée par la méconnue Mireille Herbstmeyer, qui est juste sensationnelle, vraiment flippante, et jusqu'à, et je suis honnête, le palmarès des entités démoniaques les plus marquantes de l'horreur (encore plus parce qu'elle est française).

Marianne est une série d'horreur française coup de cœur. Un véritable petit bijou français, certes loin d'être parfait à cause de son côté ridicule du fait de ses acteurs et de ses dialogues qui rendent certains moments gênants ; c'est à se demander si c'est volontaire ? Effrayante, elle l'est pour les plus sensibles, de par son histoire très cool à suivre et par l'actrice Mireille Herbstmeyer, juste sensationnelle et le mot est bien choisi.

CinAdri, au plaisir.
27/03/20