S'il y a une chose que la fin des années 2000 et ce début des années 2010 nous ont appris, c'est que n'importe le super-héros et n'importe ce qu'on en a fait, il reste de l'espoir. Et s'il y en a pour cracher à la figure de Marvel pour sa production effrénée de blockbusters qui ne sortent que rarement du lot, il faut bien avouer qu'avoir fait table rase du passé et repartir de zéro aura permis de redonner une chance à plusieurs super-cas sociaux (Nick Fury et Bruce Banner vous en parleront mieux que moi). Cette année, c'est Daredevil qui a le droit à sa renaissance, grâce aux efforts conjoints de Marvel et Netflix, avec Charlie Cox en lieu et place de Ben Affleck dans le rôle-titre.
Et c'est fichtrement bien. Alors oui, après l'étron de 2003, n'importe quoi d'un tant soi peu plus soigné et mieux écrit passerait pour un chef-d'oeuvre. Mais même s'il y a encore certaines scènes où la cécité de Murdock n'est pas tout à fait crédible, en contre-partie on a là des scènes d'action purement jouissives (la scène de baston dans le repaire des Russes est tout bonnement splendide), bien chorégraphiées et où le héros en chie, et une confrontation entre le Diable de Hell's Kitchen et le Caïd écrite de manière plutôt subtile, l'un comme l'autre empruntant des voies discutables pour arriver à leur propre conception du bien commun. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : Foggy Nelson est un comic relief pas lourd pour un sou et qui peut sérieusement avoir les boules, Karen Page se pose dès le premier épisode en demoiselle en détresse pour prendre par la suite en main l'investigation autour de Fisk et Vanessa Marianna se pose en compagne du Caïd sans pour autant devenir sa Harley Quinn. Seul le personnage de Claire Temple, interprétée par Rosario Dawson, est clairement décevant : j'en attendais beaucoup personnellement, mais force est de constater qu'elle ne sert que de Mage Blanche qui rafistole Matt quand on la sonne, et de love interest bien mal amené. Ceci dit, il y a toujours eu plus d'interaction en amont entre Matt et Claire qu'entre Hulk et Black Widow... Mais je m'égare.
Marvel's Daredevil n'est pas seulement la meilleure adaptation mettant en scène le justicier masqué, c'est aussi l'une des meilleures productions du MCU, et en cela, le format série fait beaucoup. Dans le MCU classique, j'ai l'impression que les films qui sortent du lot sont ceux qui ne se prennent pas au sérieux, justement parce que l'ambiance prend le pas sur la confrontation mise en place. Si tu enlèves la légèreté et que tu fais un truc trop d4rk tmtc, ton attention se reportera tout naturellement sur le conflit qui oppose le protagoniste et l'antagoniste, d'où l'importance, tout particulièrement ici, de soigner ces personnages sous peine de te planter méchamment (coucou Thor 2 !). C'est le gros souci des films, et ce n'est pas parti pour s'arranger quand on voit l'installation bizarroïde qui s'est mise en place autour de Thanos. L'avantage de la série, c'est qu'on part pour une saison de 10h. Et mine de rien, ce n'est pas de trop pour rendre intéressant les personnages principaux, mettre en place des éléments de tension se basant sur leurs motivations, etc.
Bref, vous l'aurez compris, Daredevil 2015, c'est cool, allez-y les yeux fermés.