N'ayant pas été emballé (euphémisme) par les adaptations sur grand et petit écran de l'univers Marvel, c'est avec une réserve certaine que j'ai lancé ce Daredevil. Etant un inconditionnel des BD dans ma prime jeunesse, la première bonne surprise de la série - mais c'est un goût personnel - vient de la fidélité à l'histoire originale du héros en rouge et des personnages secondaires. Mat Murdock est toujours avocat, toujours aveugle et il a des super pouvoirs qui lui permettent de chasser le crime dans Hell's Kitchen,
Sur sa route se dresse Wilson Fisck, chef déterminé d'une organisation criminelle, le méchant donc.
Jusqu'ici on retrouve un scénario convenu, qui peut laisser craindre le pire sur l'attendu manichéisme qui est de mise dans les superproductions américaines. Or que nenni et j'en viens à ce que je considère comme le principal atout de cette série : La dualité des deux personnages principaux.
Matt, le justicier masqué, se questionne tout au long des 13 épisodes sur le degré de violence qu'il peut s'autoriser à utiliser sans renier ses valeurs. Pour cela, ses conversations avec un prêtre, sont relativement rafraîchissantes dans un univers des séries qui n'osent plus approcher le thème religieux, sans pour autant tomber dans un prosélitisme lourdingue.
Dans la même veine, Wilson lui, est prévenant, s'excuse, parle avec courtoisie et déférence sans que l'on n'y voit quelques traces de folie contenue bien qu'elle soit sous jacente comme on le découvre à quelques occasions. D'ailleurs il justifie ses actions violentes par une volonté de raser la ville pour reconstruire un monde meilleur, dans un but noble selon lui. Son histoire d'amour avec Vanessa est là encore surprenante par rapport à ce type de série et par rapport au "rôle" du méchant.
Daredevil s'apparente à une danse entre deux protagonistes, l'un entraînant l'autre vers le mal ou le bien sans que l'on sache vraiment ce que chacun veut.
Le reste de la série, les personnages secondaires, l'intrigue voir l'univers urbain n'apportent pas grand chose et sont, de mon opinion, là que pour permettre la mise en lumière des deux "héros".
Reste le point négatif de cette série, ce qui a faillit me faire décrocher : La violence parfois outrancière de certaines scènes (surtout les premiers épisodes). Je ne ferai pas là l'inventaire un peu sordide de tout ce qui m'a hérissé tout au long du visionnage mais si comme moi le bruit de l'os qui se casse vous rebute particulièrement alors vous aurez du mal avec ce Daredevil.
Quoiqu'il en soit, Daredevil prouve, s'il en était besoin, que l'univers Marvel pouvait enfanter une vraie oeuvre artistique pour peu que l'écriture des personnages ait été un minimum soigné et sorte, enfin, des sentiers battus.